CRITIQUE | FILM

ABIGAIL : les rats d’opéra se font manger

Critique | Après avoir marqué les esprits (hantés) avec Scream et Scream VI, où encore avoir rendu les noces très sanglantes avec Wedding Nightmare, les réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett reviennent avec un huis clos tout aussi riche en hémoglobine. Mais peut-être un peu moins efficace..

SYNOPSIS

Les enfants peuvent parfois se révéler être de véritables terreurs. Quand des criminels en herbe kidnappent une ballerine de 12 ans, fille d’une figure influente de la pègre, leur unique mission est de la garder sous surveillance durant la nuit, en attendant de toucher une rançon de 50 millions de dollars.

© Abigail

Mais alors qu’ils se terrent dans un manoir isolé, leur enthousiasme s’évanouit progressivement, et ils découvrent avec effroi qu’ils sont enfermés avec une fillette pas du tout ordinaire. Abigail est un film américano-irlandais réalisé par Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, sorti en 2024. Ce film est en partie un remake de « La Fille de Dracula, » un classique des Universal Monsters réalisé par Lambert Hillyer et sorti en 1936.

NOTRE CRITIQUE

Dès les premières images, Abigail montre des lacunes, voir de très gros défauts. Photographie marronnatre pas très séduisante, pas très inventive non plus, et équipe de braquage assez clichée pour mener cette introduction qui se présente comme un vieux relent de Guy Ritchie sous marie-jeanne. Pourtant, on oublie cette histoire casse du siècle dès que l’acteur Giancarlo Esposito referme les portes de ce manoir perdu au milieu de nulle part. Très vite, certains indices laissent entrevoir une métamorphose de genre, et l’angoisse commence à se propager peu à peu. Sur le papier, ça a l’air sympa, non ? Sauf que la manière de faire est mauvaise. Si seulement Abigail assumait son statut de série B, mais ce n’est jamais le cas. Le film essaye désespérément de plaire au grand public, sans jamais réussir à trouver sa véritable place. Abigail, c’est un film plein de compromis entre réalisateurs et producteurs, et ça se voit tellement. Gore, certes, mais la liberté créative s’arrête ici. Les cinéastes reviennent rapidement à une structure classique où de grands méchants éliminent un groupe de personnages peu développés.

© Abigail

Pour Wedding Nightmare, leur film précédent, ça fonctionnait bien. L’intrigue s’appuyait sur un contexte de mariage assez malin et fun, avec une grosse pincée de revenge-movie dans la forme. Ici, c’est purement gratuit. La réalisation de nos deux compères est aussi banale que les différentes façons de mourir dans le film. Quant à la mise en scène, elle s’inspire beaucoup, mais ne propose jamais d’élan cinématographique. Les décors du film pourraient être interchangeables avec n’importe quel autre huis clos horrifique. On en fait des caisses avec les réalisateurs, mais on peut aussi passer sur le grill certains acteurs. Melissa Barrera porte le film à bout de bras, malgré les entailles, mais certains auraient mieux fait de rester chez eux. Heureusement, le ton humoristique parfois très bienvenu sauve quelques séquences. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett gardent leur impertinence et ça fonctionne sur pas mal de scènes, même si le film est coincé entre deux eaux tout du long. On ne trouve jamais pleinement notre compte dans Abigail, chaque facette est à moitié exploitée : humour, action, horreur ect.. Ce qui en fait un projet trop hybride et par conséquent pas vraiment mémorable.

EN DEUX MOTS

Dans la même veine que leurs précédents films (une veine qui fait que d’exploser), Abigail sonne tout de même la fin d’un genre trop récréatif et fourre-tout. À ce niveau-là, il faut assumer son statut de série B jusqu’au bout plutôt que de rattacher les wagons du mainstream pour plaire à tout le monde.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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