CRITIQUE | FILM

MARIA : une mémoire féministe

Critique | Présenté au dernier Festival de Cannes dans la section Cannes Première et réalisé par Jessica Palud, 'Maria' revient sur le tournage du film 'Le Dernier Tango à Paris' de Bertolucci. Un projet inspiré par l'ouvrage 'Tu t'appelais Maria Schneider' de Vanessa Schneider.

SYNOPSIS

À 19 ans, Maria Schneider est contactée en 1969 par le réalisateur Bernardo Bertolucci, qui prépare alors le film Le Dernier Tango à Paris. Il lui propose le rôle de Jeanne. La jeune actrice, fille illégitime de Daniel Gélin, se retrouve ainsi à partager l’affiche avec la star américaine Marlon Brando, bien plus âgé qu’elle. Le tournage est éprouvant et intense, notamment en raison d’une scène de viol.

© Maria

Par ailleurs, Maria est rapidement confrontée à la gloire, à la célébrité et au scandale que le film provoque dès sa sortie en 1972. Maria est un film français réalisé par Jessica Palud, sorti en 2024. Ce biopic retrace la vie de l’actrice Maria Schneider, en se concentrant notamment sur le tournage du film Le Dernier Tango à Paris. Il s’inspire du livre Tu t’appelais Maria Schneider de Vanessa Schneider. Le film est présenté au Festival de Cannes 2024 dans la section « Cannes Première ».

NOTRE CRITIQUE

Il est important de préciser dès le départ que Jessica Palud a débuté sa carrière comme stagiaire sur le film The Dreamers de Bernardo Bertolucci, avant de devenir troisième assistante réalisatrice sur Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Détail d’une importance cruciale quand on connaît le sujet grave de ce film, et dont la mémoire se doit d’être partagée. Ce qu’il s’est passé durant le tournage et comment la vie de Maria Schneider a drastiquement changé par la suite, devrait être connu de tous et ne jamais se reproduire. Même si on sait que le chemin est encore long pour que ça ne se reproduise pas, bienvenu dans le monde du cinéma.. Sur ce point, le film avait une responsabilité particulière, d’autant plus que la réalisatrice a débuté aux côtés de Sofia Coppola, dont les œuvres sont toujours profondément féministes. La cinéaste Jessica Palud réalise ici un portrait beau et juste de Maria Schneider. L’actrice Anamaria Vartolomei incarne avec une justesse impeccable Maria Schneider, tout au long du film, accompagnée de Matt Dillon dans le rôle de Marlon Brando. Ce duo est tout simplement parfait et offre l’une de leurs meilleures performances.

© Maria

Le choix de la pellicule est judicieux : il nous plonge immédiatement dans le Paris des années 60. Sébastien Buchmann, déjà reconnu pour son travail sur Le Parfum Vert et Les Passagers de la Nuit (où il maîtrise brillamment l’image argentique) réussit ici à faire ressortir de sublimes effets de lumière à des moments clés de la vie de Maria. On pense à toutes ces scènes lors du tournage du Dernier Tango à Paris ou encore à cette magnifique scène de boîte de nuit, où Anamaria Vartolomei brille littéralement de mille feux, symbolisant un passage libérateur pour Maria Schneider. La mise en scène de Jessica Palud est tout aussi remarquable. Elle parvient à exprimer l’état émotionnel de son personnage en variant les distances : en se rapprochant pour souligner l’intensité des émotions ou en s’éloignant pour illustrer l’horreur de certaines situations. Malheureusement, le film souffre d’un vrai problème de rythme, qui s’accentue au fur et à mesure avec des personnages secondaires qui manquent d’importance au récit. À travers la descente aux enfers de Maria, le film semble vouloir en dire trop sans en montrer assez, et les ellipses temporelles sont bizarrement amenées, perturbant la narration. Cette sensation de manque de crédibilité dans l’évolution de Maria, malgré la terrible réalité des faits, nuit forcément à l’ensemble. Néanmoins, le cœur du film est maîtrisé, et on reste fortement porté émotionnellement jusqu’à la fin.

EN DEUX MOTS

Un film important, malgré ses défauts. Qui nous montre une des plus belles performances d’une future grande actrice française : Anamaria Vartolomei. Très fort émotionnellement et d’une sublime image argentique, un immanquable du moment, et évidemment, il faut aussi jeter un œil sur les inspirations historiques réelles.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


Abonne toi au site !

Ils en parlent également : Le Bleu du Miroir, Le Mag Cinéma ou Ciné Horizons

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.