CRITIQUE | FILM FESTIVAL DE CANNES

KIND OF KINDNESS : il faut remanier la formule

Critique | Déjà le deuxième film de l'année du réalisateur grec : Yorgos Lanthimos. Le cinéaste, à l’origine des excellents 'Canine', 'The Lobster' et bien d'autres, s'offre même un petit détour sur la croisette pour défendre son film. Ou plutôt trois courts-métrages ?

SYNOPSIS

Kind of Kindness est une fable en triptyque qui explore les vies entrelacées de trois personnages : un homme sans choix qui tente de reprendre le contrôle de sa vie ; un policier préoccupé par le retour mystérieux de sa femme, disparue en mer et désormais méconnaissable ; et une femme résolue à retrouver une personne spécifique dotée d’un pouvoir unique, destinée à devenir un chef spirituel exceptionnel.

© Kind of Kindness

Une comédie noire psychologique américano-irlandaise-britannique coécrite et réalisée par Yórgos Lánthimos, sortie en 2024. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, où Jesse Plemons remporte le prix d’interprétation masculine.

NOTRE CRITIQUE

Oui, Kinds Of Kindness est un triptyque de courts-métrages dans lesquels trois histoires différentes nous sont contées avec à leurs bords un casting excitant. Mais une fois le cap de la curiosité franchi, on est en droit de se demander si ce nouveau film de Yorgos Lanthimos ne serait pas de trop ? Tout comme bon nombre de cinéastes talentueux, il possède une patte artistique bien visible, bien identifiable et un style indissociable de sa personne. Lorgnant du côté de Stanley Kubrick, le bonhomme se confectionne très rapidement une place de choix dans le paysage cinématographique international, en partie grâce à la singularité de ses récents films. Mais aurait-on atteint le point de rupture concernant cette filmographie où tous les longs-métrages s’enchaînent à une vitesse folle, et où les partis pris de mise en scène se ressemblent trop ? N’aurait-on pas fait le tour de l’esprit de Yorgos Lanthimos ? Le monsieur s’est-il enfermé tout seul dans une case, comme on pourrait le reprocher à d’autres cinéastes ? Et bien, après Kinds Of Kindness, c’est malheureusement possible. Un peu dommage quand on voit que Poor Things était une belle bouffée d’air frais à sa sortie. Mais l’événement n’est pas au rendez-vous cette fois-ci.

© Kind of Kindness

La faute à un intervalle de sortie beaucoup trop réduit et aux tournants que prend le film. On commence à avoir l’habitude de son cinéma. Ce nouveau long-métrage manque de renouveau, et s’inscrit dans sa filmographie comme étant le plus mineur de sa carrière. Pourtant, Kinds Of Kindness renoue avec ses premiers projets. Une intrigue un peu plus restreinte et un humour qui se rapproche plus de The Lobster. Le film débute d’ailleurs sur les chapeaux de roues. Toujours une petite euphorie de retrouver Emma Stone à l’écran et de découvrir les rouages scénaristiques fougueux du réalisateur. Et une fois le premier très bon court-métrage passé, on se rappelle qu’il va falloir s’en taper deux de plus.. Deux courts-métrages de plus qui ressembleront comme deux gouttes d’eau à celui que l’on vient de voir. En définitive, une forme de lassitude qui se constate tout au long du récit. La faute au renouvellement inexistant de son créateur et d’un rythme en dents de scie. Triste de constater que la troisième histoire était la plus intéressante à suivre, mais qu’elle a la malchance de passer après deux heures de film, alors que le spectateur n’a plus qu’une envie : quitter la salle. Heureusement que le cinéaste grec tente de nous réveiller (occasionnellement) avec son humour pointu qui fonctionne toujours autant. Mais aussi grâce aux prestations d’Emma Stone, et surtout celle de Jesse Plemmons qui semble être la star de ce long-métrage (ou en tout cas, des deux premiers courts-métrages). Après, pour ce qui est du prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, on reste dubitatif. Un choix incompréhensible de la part du jury (parmi tant d’autres).

Au final, Kinds Of Kindness, c’est ni bon, c’est ni mauvais. C’est simplement un strict minimum, et ce n’est pas assez. On aimerait demander à Yorgos Lanthimos de prendre son temps pour écrire son prochain film, mais il se trouve qu’il part déjà en tournage avec la même équipe et le même casting que ce film-ci. Alors on espère un peu de renouveau..

EN DEUX MOTS

On assiste ici à un début d’essoufflement pour le cinéaste Yorgos Lanthimos. Un long-métrage mineur, au rythme en dents de scie et à la longueur beaucoup trop excessive pour un film de cette ampleur. Heureusement que le casting vient nous réveiller. 

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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