CRITIQUE | FILM

PASSAGES : Ira Sachs capte les troubles sentimentaux contemporains 

Quand le réalisateur américain Ira Sachs décide de faire un film en France, il choisit évidemment le thème de l'amour. Dans cette nouvelle histoire, il raconte un triangle amoureux fait de sensibilité et de toxicité. Notre critique de 'Passages'.

SYNOPSIS

Passages est un film dramatique romantique français réalisé par le cinéaste Ira Sachs. Pour cette occasion, on retrouve dans les rôles principaux : Franz Rogowski , Ben Whishaw et Adèle Exarchopoulos. Ce nouveau long-métrage raconte l’histoire d’un couple d’hommes de longue date, dont l’un a une liaison avec une femme. 

Après quinze ans d’amour et de vie commune, ces deux hommes vont devoir faire face à une réalité cachée. Quand une femme vient chambouler le foyer de Thomas et Martin au cœur de la capitale du romantisme, au cœur de Paris.

NOTRE CRITIQUE

Avec Passages, Ira Sachs met divinement en scène le triangle amoureux contemporain. Mêlant à la fois Jules et Jim de François Truffaut avec du Pialat, ce triangle passionné et dévastateur est marqué par un trio d’acteurs juste et magistral.

Adèle Exarchopoulos, Ben Whishaw et Franz Rogowskise se donnent la réplique de la meilleure des manières dans ce film mettant en scène un homme (Tomas) jouant et vagabondant entre deux personnes. Le réalisateur Ira Sachs joue autant avec le spectateur qu’avec son acteur, qui manipule sans relâche ses deux amants. La toxicité est subtile, se glissant petit à petit dans l’histoire en frappant doucement, mais profondément son audience. Car Agathe et Martin sont deux personnages sensibles et attachants, dont chacun peut facilement s’y identifier. Ce trouble contemporain de l’amour est parfaitement cerné par un scénario convaincant et des interprétations persuasives. Toutefois, quelques longueurs et des scènes pouvant en rebuter certains rendent Passages moins accessible, touchant un public à part. 

Le début évoque Tomas comme un homme perdu entre ses désirs, son couple, sa vie. Mais plus l’histoire se déroule, plus l’on découvre la noirceur de ses actes et plus on se rend compte de l’antipathie et de l’égoïsme du personnage principal, brillamment incarné par Franz Rogowski. Ses manipulations ne servent que ses propres intérêts, n’aimant personne hormis lui, mais ayant besoin constamment de l’attention, de l’amour et de l’énergie d’autrui. Le tout est amené doucement, laissant passer des scènes aussi belles que poétiques dans ce triangle amoureux finalement assez réaliste. Une réelle et profonde réflexion se révèle, abandonnant le spectateur sur une fin juste sublime, qui restera longtemps ancrée dans votre tête. Ce nouveau long-métrage du réalisateur américain est écrit avec beaucoup de poésie pour évoquer un sujet si fort, dur et cruel. Et s’il ne fallait retenir qu’une seule chose, c’est qu’Adèle Exarchopoulos, Ben Whishaw et Franz Rogowski forment un trio d’exception sous la direction d’Ira Sachs.

EN DEUX MOTS

Dans la lignée des films d’Ira Sachs, Passages pousse néanmoins son sujet très loin avec une mise en scène et une photographie magnifiques, ce qui appuiera et marquera encore plus profondément son propos. Ce nouveau long-métrage ne plaira pas à tout le monde, mais restera quoiqu’il arrive marquant.

3,5

Note : 3.5 sur 5.

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