SYNOPSIS
Emily et Luke s’aiment et envisagent de se marier… ils sont aussi collègues de travail dans le même cabinet financier. Simplement, le couple va être rapidement en porte-à-faux lorsque Emily se verra promut en tant que PM, le rêve de Luke. Progressivement, le futur mari cochera toutes les cases de la jalousie et masculinité toxique. Qu’en sera-t-il de ce couple ?
Fair Play est un thriller américain écrit et réalisé par Chloé Domont et sorti en octobre 2023. Présenté en avant première au festival du film de Sundance 2023, il connaitra une sortie limitée en salles suivie d’une diffusion sur Netflix.
NOTRE CRITIQUE
L’amour et la haine représentent deux sentiments relativement proches. Et nous disons souvent que la distance entre les deux est très infime, qu’en l’espace de quelques secondes l’un peut basculer en l’autre. Fair Play traite admirablement la passation d’une sensation à une autre.
En effet, Amy est une jeune femme très ambitieuse, il nous ait mentionné son parcours scolaire et professionnel irréprochables dans des universités très prisées. C’est une femme qui vit de son rêve, elle est analyste financière et se voit rapidement décrocher la prime non attendue. Car oui, elle était persuadée que Luke, son futur mari en secret, la décrocherait d’après les messes basses au travail. Et c’est dans cette volte-face contextuelle que notre intrigue va se développer. Un Luke aimant, prêt à demander la main d’Amy devant toute sa famille à un Luke excessivement déçu de la promotion de sa future femme. À l’issue de cette séquence introductive teintée de minimalisme, où l’on passe de la machine à café au détail de l’habillement des personnages, le film démontre aussi un parallèle esthétique entre le côté de l’intime de la relation de couple et la dimension secrète que les deux personnages entretiennent dans la sphère publique. Et cette dimension s’évapore assez rapidement, à partir du moment où Luke prend ses distances avec Amy. À ce moment là, va s’ensuivre une totale désharmonie du couple. Amy, souhaite aider son futur mari pour pallier cette disproportion des professions, et c’est à cet instant que la descente aux enfers de Luke commence et qu’il va entraîner Amy dedans.
En effet, la dynamique du film présente une progressive descente psychologique, et la destruction des personnages par l’intermédiaire du couple. Que veut donc nous dire Flair Play ? Nous ne connaissons jamais vraiment quelqu’un comme nous ne nous connaissons nous même à 100% dans toutes les situations possibles. Car oui, Luke est l’incarnation de la masculinité toxique qui n’accepte pas la supériorité de sa future femme. Une supériorité qu’il doit sans cesse rabaisser, « tu m’as volé mon grade », « tu devrais arrêter de t’habiller comme un chou à la crème » etc… Une jalousie excessive, qui le conduit à se priver de tout désir charnel. Un regard sur sa bien aimée, qui vire dans une dimension d’oppression pour Amy. Face à ce comportement, Amy est décontenancée et le film grimpe en tonalité en accompagnant les comportements psychiques de nos protagonistes. Et c’est sans aucun doute, le casting qui permet de comprendre cela. Une bonne interprétation d’Amy par Phoebe Dynvor qui sort complètement de son rôle de Daphné Bridgerton, et de Luke par Alden Ehrenreich. L’ensemble des séquences d’affrontement, sont accentuées par l’opposition des protagonistes. En apprenant à connaître leur vraie nature, nous nous rendons bien compte que les deux personnages n’ont plus grand-chose en commun.
La séquence finale est imprévisible et inattendue. La tension est à son climax, la haine est au cœur de la rencontre et a pris en longueur du long-métrage pour prendre sa place et dominer l’environnement. Nos personnages sont méconnaissables, et le contraste avec la toute première séquence en dit beaucoup. C’est bouche bée que le film s’achève, et laisse des questions en tête dont nous n’aurons jamais de réponses, mais c’est ce qui fait la richesse de cette finalité.
À découvrir sur Netflix.
EN DEUX MOTS
Fair play est un thriller psychologique qui dépeint la masculinité toxique au service de la destruction d’un couple. C’est avec dynamisme que ce long-métrage conduit à la descente aux enfers de ces personnages. Un thriller ancré dans un réalisme sociétal qui définit des réalités actuelles.
3,5
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