SYNOPSIS
Afin de célébrer la fin de leurs années lycée, Tara, Skye et Em décident de s’octroyer leurs premières vacances entre amies dans une station méditerranéenne très prisée. Le trio projette de participer à une série de fêtes, de soirées animées, et de partager ces moments avec des colocataires anglais rencontrés dès leur arrivée.

Pour Tara, cette escapade placée sous le signe de l’excès procure la sensation électrisante des premières fois, jusqu’à en éprouver le vertige. Confrontée au tourbillon de l’euphorie collective, Tara se demande si elle est réellement libre d’embrasser ou de décliner chaque expérience qui se présentera à elle.

NOTRE CRITIQUE
La réalisatrice Molly Manning Walker, avec ce film majeur, dépeint la sexualité féminine et adolescente au cinéma. À l’heure où les jeunes femmes et les jeunes hommes subissent une pression importante concernant leur première expérience sexuelle, How To Have Sex est une réponse à tout cela, pour décomplexer ces adolescents et réveiller les consciences sur la vérité des violences sexuelles.
On peut même parler de course à la sexualité où la comparaison aux autres sur les expériences suit continuellement cette génération pendant ces années adolescentes. Tara, Skye et Em sont des ados qui décident de partir en vacances pour fêter le passage de leur examen et la fin du lycée. À l’inverse de la plupart des teen-movies, l’une des forces narratives du film est de ne pas succomber aux stéréotypes doux et sucrés de la romance insouciante. La réalisatrice prend à contre-pied cette directive, et propose un film absolument ancré dans le réel, qui bouscule par sa justesse absolue, y compris dans le traitement neutre du regard des hommes sur les femmes. Le tout sans entrer dans un manichéisme facile. How To Have Sex n’a pas pour vocation à être moralisateur, ou de se rendre intellectuel sur le sujet en question, mais bien de révéler avec précision les maux de toute une génération. Le projet devient porte-parole de celles qui souffrent. Alors que les jeunes filles, et les jeunes femmes, vivent une pression sans précédent sur l’âge de leurs premières expériences sexuelles, la cinéaste britannique dépeint un film sensible, brutal mais nécessaire.

Dans sa première partie douce, on retrouve une ambiance proche de Spring-breaker, puis le film prend une tournure personnelle et glaçante au bout d’une heure. How to Have Sex raconte, à la limite du documentaire, ce malaise que vivent les adolescents. Dans l’inconscient collectif, ce que Skye pense au sujet de Tara, c’est cette pression acide. Perdre sa virginité, c’est passer d’enfant à véritablement femme. Y compris dans cette expression, qui souligne cette pensée misogyne, surenchérie par les remarques blessantes comme : « t’es pas cool », « t’es coincée »… La photographie est à la hauteur du récit et l’accompagne continuellement, d’une introduction douce, avec une ambiance légère, colorée, énergique, puis atteint son point d’orgue avec des lumières néons, bleues et glaciales. Là, où démarre une vision plus froide et rigide de la direction artistique. Ce film est d’une nécessité évidente que cela soit sur sa forme narrative et visuelle, mais qui ne tombe pas dans le voyeurisme gênant de certains cinéastes, notamment pour les scènes d’agressions -comme par exemple Thelma et Louise (1991) ou encore Irréversible (2002).

Malgré ce que le titre peut évoquer (car il est clairement ironique), la cinéaste cache une réalité bien plus sérieuse qu’annoncée : éveiller les consciences sur les violences sexuelles. Et surtout, souligner le fait qu’être victime d’une agression sexuelle est aussi une contrainte que l’on subit, pas seulement si l’agresseur(se) ne respecte pas le refus qui a été prononcé. Ce film ne peut pas être considéré comme un guide à la sexualité, mais bien plus comme un porte-voix. Un rappel bien plus marquant qu’une campagne publicitaire, sur l’enseignement du consentement, les traumatismes silencieux, les prises de paroles refoulées. Malgré une amitié éternelle en surface, la non-compréhension, la bienveillance ou l’ambiguïté de Skye pour Tara règne, et le film pose aussi ces questionnements. Il aborde de manière intelligente les relations sociales, où les différentes comparaisons aux autres révèlent les failles de ces liens sociaux de façon plus visible qu’on ne le pense.
EN DEUX MOTS
Avec ce premier film puissant, la réalisatrice britannique Molly Manning Walker réveille les consciences sur un sujet majeur concernant les jeunes adultes. Sa maîtrise, tant de la photographie que de la narration, soutient un récit sensible, brutal, mais nécessaire. How To Have Sex s’inscrit dans la liste des films immanquables de l’année.
4
Les avis des autres rédacteurs
Abonne toi au site !
Ils en parlent également : L’info Tout Court, Citizen Poulpe ou Cinéverse


