CRITIQUE | FILM

PAST LIVES : nos destins contraires

La nouvelle production A24 fait une douce et agréable entrée en salles obscures. La réalisatrice Céline Song nous plonge avec dans un passé amoureux aux multiples strates, explorant les recoins de la nostalgie et de la fatalité de ses personnages sur plusieurs années. Notre critique du film 'Past Lives'.

SYNOPSIS


Le film est une chronique sentimentale autobiographique mettant en scène Nora et Hae Sung, deux amis d’enfance étroitement unis, dont les chemins se séparent lorsque la famille de Nora émigre de Corée du Sud. Deux décennies plus tard, ils se retrouvent lors d’une semaine décisive à New York, où Hae Sung séjourne, et font face aux questions complexes de l’amour et du destin.

© Past Lives – Nos vies d’avant

Past Lives – Nos vies d’avant est un film américain écrit et réalisé par Celine Song pour ses débuts en tant que réalisatrice. Le casting principal comprend Greta Lee, Teo Yoo et John Magaro. Le film a été présenté en première mondiale au Festival du film de Sundance le 21 janvier 2023.

NOTRE CRITIQUE

Impossible de faire l’impasse sur ce tout nouveau film A24. Past Lives : Nos Vies D’avant marque les débuts prometteurs de la réalisatrice Céline Song, imprimant d’ores son style et laissant entrevoir un avenir cinématographique radieux.

Ce premier projet s’ouvre sur une introduction qui dit tout avant même qu’on l’on plonge dans son récit. On aperçoit déjà les premières images d’une scène que l’on considéra magistrale à peine une heure plus tard, celle du dialogue dans le bar de nuit. Car avec Past Lives, Céline Song offre une fresque amoureuse empreinte de justesse et de fatalité. Si le synopsis laisse présager le mariage entre le k-drama et la romance américaine, la réalisatrice bifurque rapidement vers un style réaliste, se rapprochant au plus près de ses personnages et de leurs émotions. Divisé en plusieurs parties, le film propose ainsi différentes expériences cinématographiques. Après avoir traversé l’enfance et la séparation, Past Lives plonge dans une relation à distance riche en références pour les personnes nées dans les années 90. Un éclat nostalgique surgit à travers des appels Skype qui déconnent, des jeans troués et des séances de visionnage d’Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Là où certains cinéastes se seraient contentés d’une simple retrouvaille après quelques années, Céline Song ajoute une couche de nuances qui donnent du relief à son œuvre. La relation entre les protagonistes devient un enchaînement d’étapes marqué par une fatalité implacable où cet homme et cette femme se trouvent inextricablement liés, et à la fois incompatibles par les choix. La richesse des souvenirs devient de plus en plus dur à encaisser, tandis que le monde évolue autour d’eux à une vitesse éclair.

© Past Lives – Nos vies d’avant

D’un côté, Hae Sung est sur le point de laisser filer sa vie pour elle. De l’autre, et c’est là où le point de vue est intelligemment posé, Nora se confronte à son passé amoureux, mais aussi à son passé coréen, suite à une émigration qu’elle n’a pas directement choisi.  Chacun se voit comme un miroir d’une vie qu’il ne connaitra jamais, et pourtant qui est parfois à porté de mains. La notion de destin est forcément au cœur du film, exprimée ici à travers la forme du « ineyon« . Toutefois, ce destin n’est ni triste, ni heureux. Simplement ordinaire, mais c’est ce qui fait bizarrement son originalité dans le paysage de ce genre cinématographique. Les dialogues jouent un rôle crucial pour apporter cette atmosphère, touchant en plein cœur de la cible à des moments clés. Difficile de trouver meilleurs échanges entre personnages cette année, tant dans l’écriture que dans le contexte, et même lorsqu’il s’agit de développer des personnages secondaires au récit. Past Lives souffre cependant d’un petit ventre mou dans son intrigue et son action, la réalisatrice sait poser le contexte, sait comment conclure, mais peine à donner du volume à toute l’histoire entre ces deux points. Enfin, en ce qui concerne l’aspect technique et visuel, le film s’inscrit dans le style typique d’A24, ce qui le rend quelque peu générique dans cette catégorie. Les images sont facilement associables à la boîte de production, en espérant que Céline Song réussisse à nous faire changer d’avis avec ses prochains films.

EN DEUX MOTS

Ce nouveau film A24 marque les débuts prometteurs de la réalisatrice Céline Song avec une fresque amoureuse humaine, réaliste et émouvante. Malgré un léger ventre mou dans l’intrigue, le film explore la fatalité des relations à travers des dialogues poignants, mêlant habilement nostalgie et confrontations avec le passé coréen du personnage principal. 

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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