MARS EXPRESS : un uppercut de l’espace

SYNOPSIS

Dans l’année 2200, Aline Ruby, détective privée, et Carlos Rivera, la réplique androïde de son partenaire décédé cinq ans plus tôt, sont dépêchés sur Terre pour appréhender Roberta Williams, une hackeuse redoutable. Cependant, de retour sur Mars, ils découvrent que celle-ci a été libérée, le mandat d’arrêt ayant mystérieusement disparu. Une nouvelle mission est confiée au duo : retrouver Jun Chow, une étudiante en cybernétique qui, tout comme sa colocataire, a disparu de leur résidence.

Aline et Carlos se lancent alors dans une exploration des bas-fonds de Noctis, le principal établissement terrien sur Mars, créé grâce aux avancées de la robotique, où humains, robots et androïdes semblent coexister harmonieusement. Pourtant, derrière cette façade de paix, la cité dissimule des secrets, des trafics, des laboratoires informatiques clandestins, des manipulateurs et des manipulés. Pendant ce temps, des activistes s’efforcent de libérer les robots des contraintes de sécurité qui les lient aux humains.

NOTRE CRITIQUE

Présenté lors de la 9e édition du festival de science-fiction Les Intergalactiques à Lyon, le cinéaste français Jérémie Périn dévoile enfin son tout nouveau polar de science-fiction, riche en références, sur nos écrans de cinéma. Mais est-il à la hauteur de nos attentes ? 

Autant annoncer la couleur d’emblée : ce film est un véritable coup de cœur. Résultat de presque six ans de travail intense, on ne peut que constater son aboutissement aujourd’hui. Dès les premières minutes, Mars Express nous plonge dans un univers qui possède un lore vaste et crédible. Chaque parti pris est réfléchi et cohérent, tout s’emboîte sans non plus prendre le spectateur par la main, ce qui est extrêmement satisfaisant. De plus, la mise en scène est dynamique et l’animation est très fluide, les scènes d’actions lisibles et efficaces. Pour une durée de seulement 1h25, on se régale à tous les niveaux. Les graphismes sont également épurés, ce qui est raccord avec l’univers futuriste et détonne avec ce calme faux-semblant d’une société sur le point de basculer. Avec un habile mélange de 2D et 3D (la dernière étant surtout utilisée pour certains éléments précis tels que les robots ou encore les véhicules), le film fait force de proposition. Il y a des traits d’humour intelligents qui jouent avec le lore tout en faisant progresser l’intrigue (par exemple les trois règles de la robotique d’Asimov, l’obsolescence programmée).

Le film ne tombe pas dans la facilité en développant une intrigue qui, bien que située dans un univers de science-fiction, s’inscrit résolument dans le registre hard boiled (film noir). Où cette enquête, a priori classique, amène à un complot beaucoup plus vaste, qui dépasse les protagonistes (Chinatown de Polanski, Renaissance de Christian Volckman). On pourrait reprocher une séquence de climax un peu rapide et brutale, qui prend par surprise avec un final dans un ton plus méta par rapport à l’intrigue de départ. Mais c’est en même temps la force du film : il pousse le spectateur à réfléchir sur des problématiques crédibles telles que la colonisation d’une autre planète (un sujet d’actualité qui renvoie directement à Elon Musk), l’homme augmenté, et la remise en question de ce qui constitue l’humanité, l’âme. L’approche est excellente, car malgré les nombreuses références à d’autres œuvres, Mars Express possède une identité propre, qui se dévoile surtout à travers sa fin ouverte, pleine de poésie.

EN DEUX MOTS

4,5

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