CRITIQUE | FILM

PRISCILLA : le King et sa captive

Après 'Marie-Antoinette' réalisé en 2006, 'Les Proies' réalisé en 2017, Sofia Coppola retrace à nouveau le destin d’un personnage féminin par son nouveau film. Ce biopic sort de l’ombre l’histoire de Priscilla Beaulieu Presley, en retraçant la construction et les travers du couple Presley, iconique à la fin des années 60 et début des années 70. Notre critique de 'Priscilla'.

SYNOPSIS

En 1959, à Bad Nauheim, en Allemagne, Priscilla Beaulieu, alors âgée de 14 ans, arrive avec son père affecté à une base militaire américaine. Lors d’une soirée, elle croise Elvis Presley en plein service militaire. Bien qu’Elvis soit immédiatement attiré par l’adolescente. Les parents de Priscilla expriment leur réticence à voir leur fille fréquenter une star, compte tenu de sa jeunesse. Lorsque Elvis rentre aux États-Unis, Priscilla reste sans nouvelles, convaincue qu’il l’a oubliée.

© Priscilla

Mais en 1962, Elvis reprend contact avec Priscilla et l’invite à Graceland. Il lui offre un billet aller-retour en première classe. Priscilla fait alors la connaissance de la famille et des amis d’Elvis. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.

NOTRE CRITIQUE

Pour écrire le scénario, Sofia Coppola a suivi en grande partie la biographie de Priscilla Beaulieu Presley s’intitulant « Elvis et moi » publiée en 1986. Ce biopic découpé en quatre temps retrace la rencontre du couple Presley, la transformation « femme-objet » de Priscilla supervisée (voir ordonnée par Elvis), la désillusion de son couple ainsi que sa captivité puis, pour finir son émancipation.

Le film arbore ouvertement des thèmes forts : l’emprise, le chantage affectif, la domination, ainsi que la violence psychologique dont faisait l’objet Priscilla de la part d’Elvis. Ce nouveau long-métrage est immersif, plaçant le spectateur dans le quotidien de la jeune femme qui est cantonnée dans l’ombre dans laquelle l’a isolé le King. Femme sous emprise, le spectateur ne fait que constater les deux modes de vie du personnage : en présence du King, Priscilla « vit », simulant une joie de vivre fragilisée par l’influence ainsi que le comportement de pervers narcissique d’Elvis. A contrario le personnage, en l’absence d’Elvis, s’enferme à Graceland en subissant l’ennui, l’enferment et la monotonie, exposant en plein jour la détresse psychologique de Priscilla. La cinéaste Sofia Coppola impose alors un rythme platonique, linéaire, dénué d’action, nous transmettant le sentiment de lassitude du personnage quitte à nous faire décrocher, mais l’esthétique soignée du film nous retient. En effet, l’aspect réalisation est, sans nul doute, parfait, alternant des couleurs froides et chaudes selon l’émotion du personnage ainsi que le lieu dans lequel elle évolue. 

© Priscilla

De plus, la photographie du film est travaillée et nous accroche à l’image. Chaque détail est pensé, en particulier, les codes vestimentaires du personnage principal qui retracent ses différents stades d’évolution, de l’emprise à sa volonté d’émancipation. Certes, le film est linéaire, mais il regorge de petits détails qui dépeignent avec intensité la fresque et les étapes de cette relation toxique dans laquelle gravite seulement les désirs d’un homme ayant modelé une adolescente candide, la transformant plus tard en femme soumise oubliant son propre bonheur et ses propres désirs. S’en suivra un conflit interne vis-à-vis de son identité qui n’est pas la sienne, mais elle continue de rester dans les standards du King jusqu’au point de non-retour, marquant sa volonté d’émancipation. L’actrice Cailee Spaeny joue ce rôle avec justesse et avec une sincérité qui renforce et souligne les thèmes centraux du film. L’acteur Jacob Elordi, lui aussi ne nous déçoit pas, jouant le rôle d’Elvis avec vérité, arborant les facettes sombres ainsi que les manières et la façon de parler du King.

EN DEUX MOTS

Le nouveau film de Sofia Coppola est un biopic qui déconstruit le « conte de fées de Priscilla » ainsi que le glamour de son couple mythique, mais comporte également un aspect soporifique qui nous lasse. Seul le visuel du film ainsi que le jeu des acteurs retiennent notre attention jusqu’à la conclusion..

3

Note : 3 sur 5.


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