CRITIQUE | FILM

SALTBURN : une fanfic wattpad très esthétique

Après le cinglant 'Promising Young Woman' en 2020, la réalisatrice Britannique Emerald Fennell dévoile son second long-métrage. Une fable noire, esthétiquement captivante avec un casting cinq étoiles, de quoi concrétiser notre bonne première impression, mais en fait pas totalement.. Notre critique de 'Saltburn'.

SYNOPSIS

Oliver Quick, un étudiant en quête de son identité à l’université d’Oxford, voit sa vie prendre un tournant inattendu lorsqu’il est introduit dans le cercle séduisant et aristocratique de Felix Catton.

© Saltburn

Invité à passer l’été dans l’immensité de Saltburn, la résidence extravagante de la famille Catton, Oliver se trouve immergé dans un monde qui laissera une empreinte indélébile sur ses souvenirs. Saltburn présenté au 50e festival du film de Telluride et bénéficie d’une sortie limitée sur le territoire américain le 17 novembre 2023, puis d’une sortie à grande échelle le 22 novembre 2023. En France, il est sorti le 22 décembre 2023 sur la plateforme Prime Video.

NOTRE CRITIQUE

La réalisatrice Emerald Fennell nous avait scotché avec son douloureux et satirique Promising Young Woman, récompensé au Oscar pour meilleur scénario original. Un film abordant la quête de justice d’une femme envers le patriarcat, après le suicide de sa meilleure amie suite à un viol collectif. Pour un premier long-métrage, la barre a été placée très très haute. L’écriture d’une grande finesse a tout de suite donné de l’élan à la carrière d’Emerald Fennell, nous avions donc hâte de voir ce qu’elle nous proposerait ensuite.

Ce n’est donc pas pour rien si Saltburn a beaucoup fait parlé de lui à sa sortie. Mais même s’il possède des qualités indéniables, le résultat est pour le coup plus mitigé. Le gros point fort du film, au-delà de l’esthétique, c’est son casting cinq étoiles. L’acteur Barry Keoghan, qui avait déjà montré un énorme potentiel dans The Killing of the Sacred Deer, Dunkerque ou plus récemment Les Banshees d’Inisherin, crève ici l’écran dans le rôle dOliver Quick. Le sublime Jacob Elordi, révélé avec le rôle de Nate dans la série Euphoria, et qui incarne Elvis dans Priscilla actuellement dans nos salles, est vraiment fait pour le rôle du charismatique et compatissant Félix. Enfn, Rosamund Pike excelle encore une fois dans le rôle d’une élégante blonde sociopathe, pas de grosses prises de risques de ce côté là. Saltburn est une fable noire riche en symboles, à la Edgar Allan Poe, elle comporte une esthétique gothique, un humour cynique qui n’hésite pas à tourner ses personnages en ridicule, installant une sensation de gêne permanente et latente. On nous promet beaucoup dès les premières minutes avec un montage saccadé d’images de Félix et la voix off d’Oliver montrant l’ambiguïté et l’obsession qu’il éprouvait pour lui. Si la première partie à Oxford fonctionne vraiment bien, la seconde partie qui se situe au domaine de Saltburn est un peu plus inégale.

© Saltburn

Le bizarre manque de subtilité pour vraiment marcher, la scène de la baignoire et celle du cimetière embrouillent le spectateur plus qu’autre chose sur les sentiments d’Oliver. On a du mal à comprendre ses motivations et la performance très maîtrisée de Barry Keoghan ne parvient pas à pleinement atténuer les défauts d’écriture de son personnage. Le film a une identité visuelle forte (peut-être un peu trop de fioritures), le format 1.33 et tourné en 35mm avec beaucoup de plan rapprochés ont le mérite de le rendre bien identifiable. La bande originale proposée par Anthony Willis, qui avait déjà collaboré sur Promising Young Woman, est très jouissive. Les grandes envolées orchestrales post-scène d’introduction donnent le ton, on est dans l’aristocratie et ça ne sera pas dans la subtilité. La sélection de morceaux des années 2000 accompagnent avec brio cette entrée dans un monde d’exubérance festive et de paraître, remettant au goût du jour le tube des années « Murder on the Dancefloor » de Sophie Ellis-Bexto. Néanmoins, la fin était plus que prévisible et au vu des nombreuses scènes où Oliver tient un double discours, on se sent un peu insulté quand le « plot twist » (qui n’en est du coup pas un) est révélé. Des erreurs tellement élémentaires qu’elles interrogent sur les conditions d’écriture du film. On ne s’attache pas aux personnages, qui sont de gros archétypes, ce qui est cohérent avec l’aspect fable, mais peut aussi laisser une partie du public en dehors.

En définitive, Saltburn est loin d’être un mauvais film. Il est même très agréable à regarder avec des scènes marquantes comme celle de danse qui clôture en apothéose. Un long-métrage qui aurait gagné à être affiné en termes d’écriture, avec malgré tout, des qualités esthétiques et des performance d’acteurs assez jouissives. Murder on the dancefloor reste dans nos têtes !

À retrouver sur Prime VidéoPrime Vidéo

EN DEUX MOTS

Un casting cinq étoiles et une esthétique gothique pertinente, mais aussi beaucoup de défauts d’écriture, et notamment un manque de subtilité dans la narration. Le film, riche en symboles, offre une expérience visuelle agréable avec des moments remarquables, mais peine à créer un attachement aux personnages et présente une fin prévisible.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


Abonne toi au site !

Ils en parlent également : Ecran Large, Le Bleu du Miroir ou Watson

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.