CRITIQUE | FILM

FOE : huis clos intimiste aux aires de Black Mirror

Après nous avoir émues dans 'Normal People' (2020) ou encore dans 'Aftersun' (2023), Paul Mescal revient sur grand écran en laissant pour le moment le drame. C’est aux côtés de Saoirse Ronan, que le duo donne leurs traits à deux protagonistes d’un monde post-apocalyptique nouveau. Notre critique de 'Foe'.

SYNOPSIS

Junior et Hen, un couple marié depuis sept ans, mènent une vie retirée dans leur ferme isolée. Tout bascule une nuit lorsque Terrance, un étranger, frappe à leur porte, révélant une nouvelle déstabilisante.

© Foe

Junior a été sélectionné de manière aléatoire pour rejoindre une station spatiale expérimentale en orbite autour de la Terre. Confrontés à un dilemme déchirant, le couple se trouve contraint de lutter pour préserver leurs liens. Foe est un thriller psychologique de science-fiction de 2023 réalisé par le réalisateur australien Garth Davis, à partir d’un scénario qu’il a co-écrit avec Iain Reid , basé sur le roman du même nom de Reid de 2018

NOTRE CRITIQUE

Si le film n’a connu aucun teasing par la plateforme Prime Vidéo, ce n’est pas pour autant que les intéressés de Paul Mescal et Saoirse Ronan ne se sont pas empressé, en petit nombre, de découvrir ce nouveau long-métrage de science-fiction signé Garth Davis, nous ayant précédemment bouleversé par son très bon Lion sorti en 2016.

Sur des aires de Black Mirror, notamment en raison de son aspect narratif de mission expérimentale spatiale, nous faisant étrangement penser au très bon épisode Beyond the Sea, ou encore à Passengers pour le caractère suggestif du film, Foe s’inscrit dans un cadre psychologique plutôt que post-apocalyptique comme il l’est qualifié. Le réalisateur Garth Davis n’invente alors rien de bien nouveau si ce n’est les conséquences et les limites de cette transfusion robotique portée par l’intelligence artificielle. Ce qui vient cependant offrir un nouveau regard, c’est cette plongée au cœur du couple au travers de l’intime, des souvenirs, et des rêves. Mais ce couple peut-il survivre à cette possible fin du monde ? Lorsque le troisième personnage vient s’imposer dans leur unique cadre de vie, leur maison, l’instabilité se crée davantage et bien plus que ce qu’elle représentait avant. Et c’est ce déséquilibre qui vient insérer un récit semithriller, semi-psychologique. À cela, s’ajoutent quelques soubresauts, qui font un peu tressaillir notamment lors de la séquence de la grange, mais pas de scènes horrifiques en vu, c’est promis. C’est sans aucun doute le twist de Foe qui soutient une allure, même si lente, et une envie de suivre le destin de Hen et Junior. Nous ne pouvons rien vous dire à ce sujet sous peine de vous spoile.

© Foe

Quand bien même, l’homme a souvent, et est même effrayé par l’autre. Sous quelques formes qu’il soit : hommes, femmes, être vivants. C’est également le cas des évolutions et notamment technologiques. L’homme à souvent appréhender les technologies artificielles comme les robots, et dans ce récit, c’est Junior qui s’en méfie et n’en dispose pas. En effet, il est occupé à couper son bois, et prend soin de son chez-soi, mais jamais de Hen. Il est persuadé que de tout contrôler les sauveras, ou du moins leur facilitera les dernières années de vie qu’il leur reste. Au travers de ce huis-clos pesant, c’est surtout le sentiment de l’amour qui sera exposé à cette apocalypse, un sentiment qui se perd, et s’efface. La dimension apocalyptique est soutenue par la fermeture de Junior au monde, qui souhaite vivre à l’écart de son univers en décomposition. Au contraire, Hen incarne l’ouverture de par son souhait de découvrir les contrées encore vivables de la planète. C’est cette antithèse psychologique qui sera progressivement, voire même lentement traitée aux confins des pièces de l’habitat. Même si les trois-quarts du long-métrage épouse les quatre coins de la ferme de Hen et Junior, nous avons aussi la possibilité de découvrir des paysages aussi beaux qu’alarmants sur une réalité bien actuelle, les conséquences climatiques détruisant à petit feu notre lieu de vie. Car ce monde apocalyptique dépeint une Terre, notre Terre en 2065, ou l’aridité des sols gagne sur l’aspect des paysages en manque de vivacité, fané comme la relation de Hen et de Junior, un couple en perte de désir.

C’est aussi la présence de silence et de cette notion de ‘rien’ qui nous fait immerger dans une réalité proche de la notre. Des paysages secs, mais étendus ou aucune vie ne respire, un silence pesant entre nos protagonistes jusqu’à l’arrivée d’une tension : Terrance. Alors pour découvrir Foe il faut être patient, car le cœur de ce long-métrage s’instaure au travers du fil relationnel, sous le poids d’un choix impossible entre Junior et Hen.

À retrouver sur Prime VidéoPrime Vidéo

EN DEUX MOTS

Malgré un rythme qui peine à décoller, Foe propose un récit intimiste et mélodrame qui se fraye son chemin, tout en se laissant conduire par des longueurs inestimées. Sur fond de SF déjà vu dans ‘Beyond the Sea’ un épisode signé Black Mirror, le duo irlandais Mescal et Ronan fonctionne par leur alchimie certaine, malgré quelques fausses notes de rythmes étendues. 

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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