CRITIQUE | FILM

LE DERNIER DES JUIFS : un bon film de banlieusard

Critique | Avec cette attendrissante comédie dramatique, le réalisateur Noé Debré signe un long-métrage plein de sincérité et de naturalisme. Le Dernier Des Juifs fait du bien à l'heure actuelle.

SYNOPSIS

À l’âge de 27 ans, Bellisha mène une existence qui évoque celle d’un retraité, ponctuée par des visites au café, des promenades au marché, et des moments de détente dans la cité. Il partage son quotidien avec sa mère, Giselle, qui, bien qu’elle sorte rarement, pense que son fils est pleinement engagé dans la vie active.

© Le Dernier Des Juifs

La situation change brusquement lorsque Giselle réalise qu’ils sont les derniers Juifs de leur quartier. Convaincue qu’il est temps de partir, elle persuade Bellisha de quitter également la cité. Bien que peu enthousiaste à cette idée, Bellisha feint de préparer leur départ pour apaiser les inquiétudes de sa mère.

NOTRE CRITIQUE

Le Dernier des Juifs est une comédie dramatique bien française, qui offre une nouvelle histoire de cette communauté, loin des clichés et en même temps pas trop. Dans ce récit, le personnage de Bellisha dévoile une réflexion profonde sur le sentiment d’appartenance, démontrant que le mal du pays peut parfois être trompeur, et que la France (et plus précisément notre lieu de vie) représente notre chez-soi. Au-delà de toute frontière communautaire. Le réalisateur Noé Debré propose un film aussi drôle que touchant. Ou plutôt, d’abord drôle et ensuite touchant, car le long-métrage est divisé en deux parties émotionnelles distinctes. Le cinéaste français joue avec les clichés au gré du fil rouge multiculturel, introduisant un personnage nonchalant qui évoque forcément le style des personnages de Riad Sattouf. Oui, il y a une petite vibe Les Beaux Gosses mais dans un tout autre univers. Progressivement, le récit s’assombrit, dévoilant une inévitable tragédie. Le deuil, à la fois de la mère et du lieu de vie, devient le pivot émotionnel du film. Si la transition entre les deux parties semble abrupte, Le Dernier des Juifs parvient cependant à captiver et à émouvoir le public. La tendresse qui se dégage du film transcende la rupture narrative, laissant une impression durable et profonde sur le spectateur.

© Le Dernier Des Juifs

Sous un angle singulier et à travers un personnage particulier, Noé Debré parvient à s’immiscer dans l’intimité d’une petite famille juive tout en dépeignant avec humour le quotidien lambda d’un banlieusard. L’actrice Agnès Jaoui est fantastique, elle suscite indéniablement des moments de nostalgie universels, que ce soit en évoquant les souvenirs de notre propre sphère familiale ou l’amour pour un fils. Le film tombe surtout à pique (malheureusement et heureusement), durant un climat tendu, et il  délivre un message d’apaisement. Un léger réconfort pour la communauté juive de France, mais aussi et surtout un film authentique et sincère, qui déconstruit les stéréotypes de religion. La caméra de Noé Debré capture des moments intenses, que ce soit à travers des gros plans sur des mains s’effleurant ou des plans fixes entre deux personnages échangeant des regards apeurés. Au final, Le Dernier des Juifs présente quelques petits défauts, comme on en trouve dans la vie, mais c’est justement cette imperfection qui lui donne son charme. Véritablement imparfait, le film réussit quelques grands écarts, entre des personnages originaux et familiers, entre récit drôle et triste. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Une complicité entre une mère et son fils aussi attendrissante que drôle. Le Dernier des Juifs est une autre histoire de la communauté juive de France, celle des familles en périphérie de Paris où le multiculturalisme défie les préjugés. La légèreté de la première partie nous emporte, le fatalisme de la seconde un peu moins. 

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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