CRITIQUE | SERIE

ONE DAY : 20 années douces et amères

Critique | One day vient tout juste de sortir sur la plateforme Netflix, quelques jours après la Saint-Valentin. Il ne s’agit pas de la première adaptation du best-seller de David Nicholls, publié en 2008. Les aventures d’Emma et Dexter ont été mises en scène par Lone Scherfig en 2011. Découvrons la nouvelle adaptation de cette histoire d’amour teintée de réel.

SYNOPSIS

15 juillet 1988, la studieuse Emma et le populaire Dexter se rencontrent lors d’une fête de fin d’études. Elle veut changer le monde à sa portée. Il veut voyager et découvrir le monde en s’amusant. Alors après un regard, un verre et une balade nocturne, ils passent la nuit ensemble. Au réveil, d’un commun accord, ils décident de rester amis. Dexter est fêtard et insouciant, alors qu’Emma est consciencieuse et visionnaire.

© One Day

Pendant 20 ans, Dexter et Emma vont nouer une relation pleine d’étincelles, se créer des souvenirs et chacun se rapprocher de ses plans de vie. Comprendront-ils que le bonheur les réunit plus qu’il ne les sépare ?

NOTRE CRITIQUE

Diffusée depuis le 8 février dernier, One Day éveille les internautes et inonde les réseaux sociaux. Vous le savez sûrement déjà, la série n’est pas la première adaptation du livre de David Nicholls, et c’est peut-être pour le meilleur. Cette mini-série de 14 épisodes n’est pas aussi sentimentale qu’on pourrait le penser, au contraire, c’est avec finesse qu’elle passe au peigne fin une relation ambiguë d’amitié, flirt, amour.

Le récit friends to lovers ne cherche à aucun moment à nous proposer les meilleures étapes de vies d’Emma et de Dexter. Il ose tout au contraire nous illustrer les plus marquantes, parfois douloureuses, parfois attachantes, mais indispensables pour en comprendre la complexité de nos personnages ainsi que leurs choix et comportements. La série nous rappelle sans cesse les vibrations de Normal People, célébré par la critique et adapté du best-seller de Sallee Rooney. Peut-on vraiment comparer les deux histoires ? Si Normal People a bouleversé de nombreux spectateurs par sa capacité à nous dépeindre les inquiétudes de deux jeunes adultes et leur rapport à la vie, One day trouble profondément en évoquant avec une allure nostalgique le sort de deux protagonistes n’ayant pas eu le courage d’agir. Si Normal People place sa narration sur quelques années de vies de Connell et Marianne (lycée et études supérieures), One day nous accompagne sur vingt années de vie, teintées de regrets. Alors les quatorze épisodes sont-ils suffisamment profonds pour que nous puissions accompagner Dex et Em au gré des étapes de leur vie ? Le slow burn que l’on pourrait traduire par une romance à combustion lente, est une thématique de la romance qui est récurrente. Si les dramas coréens sont les grands vainqueurs de cette trope (Twenty Five Twenty One), ce n’est pas pour autant que les séries américaines ne prennent pas exemple. Quatorze épisodes sont nécessaires au bon développement d’une intrigue qui se déroule sur deux décennies.

© One Day

Alors lorsqu’ils n’échangent pas au téléphone, ne se chamaillent pas ou ne s’enlacent pas, Dexter et Emma évoluent de leur côté. Alors même si l’intrigue prend quelques longueurs, c’est pour prendre le temps de nous replacer au cœur de leur évolutions personnelles et professionnelles. D’ailleurs, les changements d’années en années ne sont pas toujours très visibles physiquement, mais cette subtilité fait sens, comme si nous n’avions nous aussi pas le temps de remarquer leur transformation. Quoi qu’il en soit, les données typographiques nous accompagnent durant chacune de leurs retrouvailles ou moments forts de vie : les 15 juillet de chaque année (date initiale de rencontre). Le duo nous rappelle que parmi l’ensemble de ses histoires de « temps perdu », il défile et avance délicatement et ce d’une façon toujours plus rapide. ”i was actually quite gorgeous in our twenties, though i didn’t appreciate it at the time”, dit Emma, celle qui n’appréciait pas le moindre centimètre d’elle durant sa vingtaine. One day nous parle aussi bien de regrets, ceux de ne pas avoir eu le courage de dire les choses en temps voulu, ceux de ne pas avoir été prêts à accepter des sentiments qui nous ont été suggérés, ceux d’avoir fermé les yeux plusieurs fois sans la moindre réaction…

© One Day

Au-delà d’une simple histoire d’amour, la série est une réelle poésie au concept de la bonne personne au mauvais moment. Puisque dès leur premier regard à l’Université d’Edinburgh, dès leur premier baiser chez Emma, dès leur première journée ensemble à Arthur’s Seat nous ressentons la connexion de leurs âmes, mais qui ne sont pas prêtes à s’aligner. Une alchimie portée par Ambika Mod (This is going to hurt), et Leo Woodall (The White Lotus), qui nous transportent pas à pas vers une finalité brutale que l’on refuse de s’imaginer. Et ce voyage au sein de cette relation compliquée ne pourrait pas être celui qu’il a été si la bande sonore signée Anne Niktin, Jessica Jones et Tim Morriah n’avait pas cette vague à l’âme tout en restant foncièrement nostalgique. La série dépeint aussi un vrai combat interne inconscient entre cette volonté d’accepter les besoins de l’autre tout en souffrant, et la recherche certaine du bonheur. Emma est consciente que Dexter ne peut être heureux sans guérir ses démons internes, causés par sa construction personnelle. Il est en pleine recherche de lui-même, perdu dans un néant de vie, mais est il prêt à se découvrir. Emma doit elle aussi guérir en apprenant à s’aimer, en apprenant à se lancer à la poursuite de ses rêves. Mais Emma ne supporte pas la froideur et l’indifférence de Dex, qui lui n’apprécie pas l’auto-critique constante d’Emma. Mais que représente finalement le bonheur tant recherché par Emma et Dexter si ce n’est leur amour ? « i’m not being a footnote in the story of your life. » Elle ne voulait pas être une note de bas de page dans l’histoire de sa vie pourtant elle en représente toute son histoire. Un amour que l’on pourrait qualifier d’amour grand, d’amour inconditionnel contournant alors l’ensemble des codes de la romance que l’on connaît. Deux protagonistes honnêtes et présents pour faire dévier les chemins de l’un l’autre, tout en restant le plus indépendant possible.

One day n’est pas seulement une histoire d’amour nostalgique semée de non-dits, de deux âmes sœurs, la série nous laisse une marque indélébile, plus profonde que ne pourrait faire un film de deux heures. Et c’est au fil des épisodes qu’on se cantonne à cette recherche d’happy end, mais on vous prévient : ça va être douloureux, alors préparez vos mouchoirs. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Une romance douce et amère qui retrace 20 années de vie et de regrets. Par sa subtilité narrative, elle nous dépeint Emma et Dexter deux personnages imparfaits, oscillant entre amis et amants. À l’écart des codes classiques de romance, la série marque profondément et douloureusement les esprits, et aussi l’âme.

5

Note : 5 sur 5.


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