CRITIQUE | FILM

BORGO : un polar oppressant sur une île ravissante

Critique | Une surveillante pénitentiaire en quête de rédemption. Un détenu influent offrant un nouveau départ. Découvrez 'Borgo', un thriller captivant sur fond de secrets et de loyautés mises à l'épreuve par le réalisateur Stéphane Demoustier.

SYNOPSIS

À l’âge de 32 ans, Melissa, une surveillante pénitentiaire chevronnée, décide de déménager en Corse avec son époux et leurs deux enfants, cherchant ainsi un nouveau départ. Son arrivée sur l’île est marquée par une facilitation d’intégration par Saveriu, un détenu influent qui prend Melissa sous son aile. Cependant, une fois libéré, Saveriu renoue le contact avec Melissa, lui demandant un service. Ce qui déclenche une série d’événements pernicieux.

© Borgo

Borgo est un film français réalisé par Stéphane Demoustier et sorti en 2023. Il s’inspire d’un double assassinat qui a eu lieu à l’aéroport de Bastia en 20171. Le projet s’appelait Ibiza avant de prendre son nom définitif Borgo.

NOTRE CRITIQUE

Avec Borgo, le réalisateur Stéphane Demoustier se démarque par une mise en scène astucieuse qui donne au spectateur un temps d’avance sur les personnages. La manipulation habile de la temporalité entre l’enquête et la vie de Mélissa est remarquable. Grâce à ce double jeu temporel, le déroulement enveloppe le spectateur dans une atmosphère suffocante, où l’on sent le piège se refermer inexorablement sur Mélissa. Stéphane Demoustier offre un regard réaliste sur la vie carcérale en Corse grâce à un effet de caméra sobre mais efficace, des profondeurs de champ réduites au minimum et des plans serrés. La prison « Borgo » n’est pas ordinaire. On sent que dans cette unité spéciale, les détenus veillent autant sur les gardiens que l’inverse. Comme un État dans l’État, les prisonniers ont une liberté à laquelle ils tiennent fortement. Hafsia Herzi apporte de la nuance à son personnage de matonne. Dans un monde d’homme, Mélissa va devoir s’imposer tout en étant tiraillée par son métier, son humanité et sa moralité.

© Borgo

Malgré l’aspect sévère et froid de Mélissa avec les détenus, on y voit également une femme sensible et droite dans cet univers carcéral réaliste. D’autres thèmes sont abordés de manière plus subtile comme la mafia, le racisme, le poids de porter une famille seule, la pression d’un milieu, la manipulation et le tout, sans aucun jugement de la part du réalisateur, simplement une vision impartiale de la vie d’une femme qui vire dans la criminalité. Le questionnement sur l’éthique et la moralité prend place petit à petit, à mesure qu’on s’attache et que l’empathie pour Mélissa s’amplifie. Qu’aurions-nous fait à sa place ? Comment peut-on passer aussi vite et si facilement du mauvais côté ? Aucune réponse n’est apportée, et c’est justement cette notion de non-jugement qui rend Borgo grand. Seulement vous face à vous vous-même après le visionnage, et bien sûr, la vie ordinaire d’une femme qui, pourtant va plonger. On suit lentement cette descente aux enfers de la matonne vers une criminalité, poussée par une technique de manipulation de ses sentiments. L’actrice Hafsia Herzi apporte de la lumière à ce film avec des scènes comme celle des prisonniers qui chantent « Mélissa » de Julien Clerc, qui lui vaudra d’ailleurs le tendre surnom d’Ibiza dans la suite du film. L’actrice interprète à merveille ce rôle d’une femme fermée, mais aussi d’une maman qui se doit de tenir pour sa famille. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Malgré de légers défauts, Borgo se présente comme un polar réussi, inspiré des plus grands, entraînant une femme ordinaire dans le monde de la pègre Corse. Accompagné par une mise en scène captivante où le spectateur devance les personnages, naviguant habilement entre enquête et vie carcérale.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


Abonne toi au site !

Ils en parlent également : Bande à part, Premiere ou In the mood for cinéma

(1 commentaire)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.