CRITIQUE | FILM

JUSQU’AU BOUT DU MONDE : et de l’ennui

Critique | Pour son deuxième long-métrage, Viggo Mortensen endosse son rôle de cow-boy et charge son Winchester 1866 pour nous transporter dans un western indolent aux côtés de Vicky Krieps. La promesse était trop belle..

SYNOPSIS

Dans le décor de l’Ouest américain des années 1860, Vivienne Le Coudy, une jeune femme au tempérament indépendant, croise le chemin de Holger Olsen, un immigrant danois. Intriguée, elle le suit jusqu’au Nevada pour partager sa vie.

© Jusqu’au bout du Monde

Cependant, l’éclatement de la guerre de Sécession pousse Holger à s’engager, laissant Vivienne seule face aux défis du nouveau monde. Confrontée à la corruption du maire Rudolph Schiller et à l’omniprésence d’Alfred Jeffries, un puissant propriétaire terrien, elle doit également repousser les avances pressantes de Weston, le fils violent et imprévisible d’Alfred. À son retour du front, Holger et Vivienne se retrouvent transformés. Pour renouer, ils devront se redécouvrir mutuellement et accepter les changements qu’ils ont subis.

NOTRE CRITIQUE

L’acteur Viggo Mortensen poursuit son voyage initiatique en tant que réalisateur et plonge dans l’univers du western avec un film qu’il a lui-même écrit. Après Falling sorti en 2020, qui a eu son petit succès critique (sans faire trop de bruit), le cinéaste américain revient avec son style calme et placide pour tenter d’embarquer de nouveaux spectateurs. Plus facile à dire qu’à faire lorsqu’il s’agit de réinventer un genre qui a fait un long bout de chemin. Les boules de pailles ne font que passer dans Jusqu’au Bout du Monde pour parfois laisser place à un ennui plus mortel qu’une balle de calibre 44 entre les deux yeux. Viggo Mortensen échoue tristement à donner vie à son long-métrage et surtout à son histoire, principalement parce qu’il n’arrive jamais à l’incarner, ou à choisir son protagoniste principal. Tour à tour, c’est lui-même, puis c’est Vicky Krieps. Et pourtant, aucun fil conducteur réel ne semble émerger dans ce projet qui plane autour du pot comme un vautour au-dessus d’une carcasse fraîche. L’alchimie du couple ne prend jamais véritablement, dommage quand tout est censé reposer sur ça..

© Jusqu’au bout du Monde

Il tente de remoderniser les codes du western qui se fait clairement vieux ici. Une femme forte occupe une place centrale dans le long-métrage, mais son personnage ne dépasse jamais le simple constat de sa position au sein d’un monde masculin, parfois bienveillant, parfois hostile. Pas vraiment de prise de risque, ou en tout cas, rien qu’on ai pas déjà vu dans d’autres projets.. Certaines séquences sortent clairement du lot, et le réalisateur offre enfin de l’intérêt lorsqu’il confronte la brute à Vivienne. Profond sur le fond et tout aussi captivant, ce sujet est pourtant très vite délaissé par le retour de Holger dans le scénario. S’ensuit alors une pseudo-intrigue qui s’accorde mal avec le montage audacieux de Viggo Mortensen. Le clou du spectacle ne parvient pas à nous convaincre. Un face-à-face qui ne ressemble en rien à un western, où la tension est aussi absente que l’or en Wyoming. Même si on comprend que nous ne sommes pas devant un duel viril à l’arme à feu, évidemment. Ce n’est pas non plus sur le plan technique que le réalisateur fera son trou ici, plus académique que cela, tu meurs dans le film. Pourtant, on ne peut s’empêcher de croire au potentiel de Viggo Mortensen, qui a péché ici par manque de caractère, mais qui a certainement besoin de temps pour affirmer son cinéma.

EN DEUX MOTS

Malgré quelques séquences intéressantes, le film souffre d’une intrigue déséquilibrée et d’une exécution technique pas très énergique. Il ne reste que le talent de Vicky Krieps et quelques boules de pailles dans un western un peu beaucoup trop calme.

2

Note : 2 sur 5.

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