CRITIQUE | SERIE

THE SYMPATHIZER : HBO frappe fort (encore)

Critique | Le grand cinéaste coréen Park Chan Wook revient après le fabuleux 'Decision to Leave' récompensé au Festival de Cannes 2023. The Sympathizer est une mini-série démentielle, teintée de satire, de sarcasme et dotée d'une intrigue prenante.

SYNOPSIS


Le Sympathisant (The Sympathizer) est une mini-série télévisée américaine réalisée par Park Chan-wook, Fernando Meirelles et Marc Munden, avec un scénario de Park Chan-wook et Don McKellar, qui sera diffusée sur HBO à partir du 14 avril 2024.Ce thriller d’espionnage, basé sur le roman éponyme de Viet Thanh Nguyen, lauréat du prix Pulitzer en 2016, est coproduit par HBO, A24 et Rhombus Media, en association avec Cinetic Media et Moho Film.

© The Sympathizer

Les déboires d’un espion communiste franco-vietnamien exilé à Los Angeles à la fin de la guerre du Vietnam, forcé de reprendre du service.

NOTRE CRITIQUE

En utilisant la Guerre du Vietnam comme toile de fond, le cinéaste Park Chan Wook nous surprend en centrant en réalité son récit sur un personnage complexe, le Capitaine, et ses dualités profondes. Chez cet agent, tout est double : ses allégeances politiques sont partagées, tout comme ses origines.

Il opère comme espion pour le communisme tout en étant un agent de la CIA, incarnant ainsi un double jeu constant entre ses origines orientales et occidentales (vietnamien et français). Le récit est narré par lui-même, qui doit raconter tous les événements qu’il a vécu avant de retourner au Vietnam et se faire attraper pour finir dans un camp. C’est donc au fil de sa voix, des flashbacks, de ses trous de mémoire, de ses contradictions et de ses retours dans le présent (quand il doit réécrire sans cesse son histoire dans le camp) que l’histoire va se dérouler. Son esprit, de plus en plus embrumé par ses dualités et ses sentiments, rend parfois la narration confuse et l’histoire plus complexe à suivre. Mais cette complexité ajoute également un certain charme. Car The Sympathizer se distingue par des mises en scène époustouflantes, intelligentes et audacieuses. Malgré quelques longueurs et confusions, la série reste géniale, incitant à une réflexion profonde sur l’identité à travers les thèmes de la colonisation, de l’immigration et du déracinement. L’un de ses camarades dit au Capitaine : « Si tu te dévoues pleinement à cette terre, tu deviendras américain. Mais si tu ne le fais pas, tu ne seras qu’un fantôme errant, vivant pour toujours entre deux mondes », et cette phrase vient mettre des mots sur son mal-être et ses contradictions intérieures. Partagé entre son amour pour la culture américaine et son engagement communiste, il s’enfonce dans un tunnel sans lumière, exacerbé par un soft power américain bien trop puissant. Hoa Xuande est le choix parfait pour illustrer la dualité physique et moral du Capitaine. À travers son expérience, nous revivons les tensions et les souvenirs de ce conflit, révélant comment ils continuent de hanter son existence.

© The Sympathizer

Robert Downey Jr. incarne à lui seul les multiples rôles des Américains, et ce choix n’est pas sans raison. Son omniprésence a plusieurs sens : mettre en images le traumatisme de notre Capitaine, mais aussi montrer l’Amérique colonisatrice avec le même visage. Comme pour dénoncer la façon des Occidentaux de voir les Asiatiques et comment ils ont longtemps été représentés dans le cinéma (souvent par le même acteur). En parlant de cinéma, dans un épisode, l’une des facettes de Downey Jr., cette fois-ci un réalisateur chevronné, tente de raconter la guerre en réinventant l’histoire. Comme mentionné au début de la série, « il y a deux guerres » : d’abord la guerre physique, puis la guerre de la mémoire. À travers le tournage du film, on observe comment l’appropriation culturelle se manifeste, tout en déformant certains faits. La colonisation du Vietnam vue par l’Amérique, et ce n’est pas jolie à voir. Celui qui est colonisé s’approprie la culture du colonisateur, et on le sent à travers le Capitaine au fil des épisodes et de ses diverses rencontres avec les Robert Downey Junior, qui sont à la fois hilarants, mais d’une méprise et d’une bêtise sans nom. Sandra Oh joue également un rôle important concernant les sentiments de notre cher et pas très tendre Capitaine. Ses amis d’enfance occupent également une place importante. Tous ces rôles secondaires sont interprétés de manière remarquable, chacun contribuant à la compréhension des émotions et du désarroi du Capitaine. Sans forcément le juger, tous ces éléments vont rendre l’histoire du protagoniste touchante, comprenant ses dualités et ses traumatismes. Une vraie bonne série, à déguster sans modération. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

The Sympathizer montre une fois de plus que HBO règne sur le monde des séries. Park Chan Wook livre une série drôle et puissante sur un sujet sérieux. D’une grande maîtrise le maitre coréen nous régale avec des acteurs exceptionnels et une mise scène follement réussie.

4

Note : 4 sur 5.


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