CRITIQUE | FILM FESTIVAL DE CANNES

MARCELLO MIO : l’art de filmer la vie

Critique | Pour son tout nouveau film en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, le cinéaste Christophe Honoré propose une longue balade de deux heures, mêlant poésie, mélancolie et humour, dans une œuvre proche du documentaire. Marcello Mio est déjà diffusé dans nos salles de cinéma.

SYNOPSIS

Chiara, actrice et fille des légendaires Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, traverse une crise d’identité durant un été tumultueux. Persuadée qu’elle doit incarner la vie de son père, elle adopte son style vestimentaire, sa façon de parler et même ses gestes avec une détermination inébranlable. Sa transformation est si frappante que son entourage commence à la confondre avec Marcello, l’appelant désormais par son prénom.

© Marcello Mio

Marcello Mio est un film franco-italien écrit et réalisé par Christophe Honoré, sorti en 2024. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, mais ne remporte aucun prix.

NOTRE CRITIQUE

Marcello Mio est avant tout, une histoire de fantômes. Celui de Marcello Mastroianni, qui malgré sa disparition en 1996, vivra éternellement grâce au 7e art, mais également à travers sa fille. Qu’en est-il d’ailleurs de sa fille, actrice confirmée et talentueuse qui porte en héritage ce nom si célèbre ?

Cette comédie intime explore le poids de l’héritage d’un parent célèbre et la difficulté d’être l’enfant « de ». Elle émeut en dépeignant une femme qui, face au manque de son père, redevient une petite fille. En dévoilant la perception de Chiara dans un milieu impitoyable, le film nous invite à entrer dans leur cercle privé. « Sois plus Mastroianni que Deneuve ! » lui dit-on lors d’un casting. Tout va partir de là, et d’un rêve où elle se voit Marcello. Au-delà de simplement raconter Chiara qui se fait passer pour son père, le cinéaste français traite le sujet du deuil avec toujours sa propre particularité. Comment se remettre d’un deuil d’un être aussi cher que l’on voit partout à travers le cinéma ? Le réalisateur à cette façon de traiter ce sujet avec beaucoup de poésie, de tristesse, mais sans que ce soit toujours tout noir. Précédemment, avec Le Lycéen, Christophe Honoré parlait également du deuil d’un père avec énormément d’émotions. La solidité de la famille et la solidarité de chacun des membres traversant une perte éternel, dont on ne se remet jamais vraiment. Chiara va donc vivre une quête identitaire et existentielle à travers son père, mais aussi à travers ses rôles, ses amours et sa maladresse avec les femmes. Qui montre une Catherine Deneuve qui n’a pas toujours été heureuse, mais qui a aimé profondément.

© Marcello Mio

Une histoire de fantômes, qui donne envie de se (re)plonger dans la filmographie du grand Marcello Mastroianni, mais aussi de (re)voir celle de sa fille, que l’on a l’impression de connaître plus intimement après ce beau moment vécu à ses côtés. Christophe Honoré est à Chiara ce que Fellini était à Mastroianni. Avec six collaborations à leur actif, il est toujours aussi plaisant de voir Chiara dans les films d’Honoré, où elle incarne des rôles inhabituels pour elle. Chiara se découvre à travers son père, accompagnée de Benjamin Biolay, Melvil Poupaud, Fabrice Luchini, et Catherine Deneuve. Ils participent à sa quête identitaire en jouant leurs propres rôles, légèrement exagérés mais surtout exaltants et d’une justesse impeccable. Par le biais de son excellent Marcello, Chiara se révèle bouleversante de sincérité. Le scénario est finement ficelé de manière à ne jamais être présomptueux. Quelques longueurs apparaissent tout de même au fil du récit, mais la maîtrise de la mise en scène et de la direction des acteurs les effacent. On navigue dans cette histoire imaginative et rêveuse porté par une bande orignale sublime. Mention spéciale à cette fin où Catherine Deneuve prête sa voix à la divine chanson d’Alex Beaupain. Un bel hommage au cinéma où l’on prend plaisir à s’y perdre volontiers.

EN DEUX MOTS

Christophe Honoré livre un film profondément intime, sensible et drôle sur le deuil et la complexité de l’héritage familial. Même si ça ne plaira pas à tout le monde, le réalisateur rend également, à travers Chiara Mastroianni, un bel hommage à Marcello, ce qui devrait ravir les plus grands cinéphiles et mordus de son cinéma.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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