SYNOPSIS
Dans les années 1990, en Chine, la petite ville de Banpo est secouée par trois meurtres mystérieux. Ma Zhe, chef de la police criminelle, se voit confier l’enquête. Un sac à main abandonné au bord de la rivière et des témoignages de passants pointent vers plusieurs suspects. Alors que l’affaire stagne, l’inspecteur Ma plonge dans la noirceur de l’âme humaine et commence à douter.

Only the River Flows est un film chinois réalisé par Wei Shujun et sorti en 2023. Il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle écrite par Yu Hua. Le film a été sélectionné pour concourir dans la section Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes. Il est sorti en salles en Chine le 21 octobre 2023. Au 7 novembre, le film avait rapporté 301 millions de RMB au box-office, le plaçant parmi les films indépendants les plus rentables en Chine.

NOTRE CRITIQUE
Tout commence presque comme un vieux slasher des années 80. Une faucille, un meurtre et une rivière trouble. Un jeune enquêteur est chargé d’investiguer et ce qu’il va découvrir risque de vous étonner. Dans ce désordre chinois réalisé par Wei Shujun, une seule chose semble émerger de la rivière : la vétusté de l’environnement urbain et un corps policier pris au piège des procédures. Quoi que tu fasses, tu ne sers à rien. Les faux résultats sont partout, la justice nulle part, de quoi rendre fou notre personnage principal qui erre jusqu’à perdre la raison. Le scénario de Only the River Flows fait un véritable pas de côté du genre, apportant un regard avisé qui prend le temps de décrire cet instant de l’histoire de la Chine, pas si lointain. Si l’on devait le situer sur une carte, Only the River Flows se trouve entre True Detective et La Fièvre de Petrov, tant sur le plan cinématographique que narratif, et c’est ce qui fait la force de ce nouveau projet. Évidemment, la pellicule et la photographie intensifient massivement cette ambiance macabre qui entoure le personnage principal. Et cela, soutenu par la musique de Howard Shore (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit, Le Loup de Wallstreet..) qui proposent pas mal de fulgurances.

Malgré un démarrage extrêmement poussif, où les allers-retours de l’enquête, les fausses pistes et les dialogues pas toujours inspirés sont présents, le long-métrage trouve peu à peu son rythme et sa (dé)cadence grâce à un fil conducteur dissimulé sous les cadavres en décomposition. La mise en scène d’une Chine délabrée frappe l’esprit sans grandes difficultés, avec des décors qui marquent sans pour autant en faire des caisses de métaphores. Oui c’est malin de placer le QG des policiers dans un vieux cinéma à l’abandon. Au-delà du faux suspense et de la fausse enquête, on retrouve surtout un personnage principal tiraillé, déchiré, et perdu, découvrant la vraie nature de son environnement. Coincé entre son devoir envers sa femme, ses collègues, son supérieur ou les victimes, Ma Zhe est constamment en lutte intérieure. Only the River Flows s’offre même une séquence brillante de rêverie, charmante par sa mise en scène et la musique qui l’accompagne, un petit moment d’apesanteur qui se distingue dans un long-métrage aux quelques failles. Car si Only The River flow est bourré de qualité, il est aussi un tantinet redondant. Comme si les deux heures de film étaient de trop, et que l’espace narratif inspiré de la nouvelle écrite par Yu Hua était inadaptable, impalpable. Mais dans cette sensation réside aussi l’essence du projet : on ne peut pas avoir la réponse à tout.
EN DEUX MOTS
Entre True Detective et La Fièvre de Petrov, ce nouveau film de Yu Hua a de quoi déconcerter malgré une introduction assez poussive. Plus on avance dans ce récit, plus on sombre avec le personnage principal dans le doute de l’enquête, et plus encore.
3,5
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