EMILIA PEREZ : Audiard pète un câble

SYNOPSIS

Rita, une avocate surqualifiée et exploitée, travaille pour un grand cabinet davantage axé sur le blanchiment de criminels que sur la justice. Cependant, une opportunité inattendue se présente : elle doit aider le chef de cartel Manitas à se retirer du milieu et à accomplir son plan secret élaboré depuis des années : réaliser son rêve de devenir la femme qu’il a toujours voulu être.

Emilia Pérez est un drame musical franco-mexicain écrit et réalisé par Jacques Audiard, sorti en 2024. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, où il remporte le Prix du jury ainsi que le Prix d’interprétation féminine, décerné à l’ensemble des actrices.

NOTRE CRITIQUE

C’est âgé de 72 ans que le réalisateur français accouche d’un véritable pétage de plombs. Survitaminé et enragé, une chose est sûre, ce nouveau long-métrage sera loin de laisser indifférent. Quoi qu’on en dise, on n’a jamais vu ça. Une comédie musicale sur fond de cartels mexicains et de transidentité. Trois facteurs qui semblent ne rien avoir à faire ensemble, mais qui se retrouvent réunis pour un film spectaculaire et brillamment orchestré. Du haut de son âge et de sa carrière, Jacques Audiard surprend encore son public. La diversité de sa filmographie étonne toujours et c’est évidemment le cas ici. Un musical engagé qui fait de ses sujets une véritable trame narrative et qui ne se laisse jamais emporter par la facilité. Le cinéaste français sait comment traiter ces thématiques sensibles, sans jamais être sur le fil du rasoir. C’est avec une grande adresse que le réalisateur repousse les pièges qui lui sont tendus et arrive à proposer un pur OVNI du septième art comme on en voit peu. Très compliqué de donner un genre au film, tant celui-ci prend un malin plaisir à tous les mélanger. Du drame, de l’humour, de l’action, et surtout de la musique et des chorégraphies. Le parti-pris est loin de nous laisser sur le banc de touche et étonne carrément.

Les passages musicaux sont pour la plupart bien sauvages, et marque son spectateur sans aucune difficulté. On a vu le film à Cannes et on a encore les airs du long-métrage en tête, c’est vous dire. De sa séquence d’introduction aux aspects un peu tribals avec une Zoe Saldana bluffante de justesse, en passant par des séquences plus intimes. Tout est là pour marquer. On regrette simplement que les parties chantées manquent de finalités. Une petite frustration où nous aurions aimé que le film lâche un peu plus les chevaux. En revanche, le film ne démérite certainement pas son prix du jury au Festival de Cannes. Emilia Perez est un petit diamant brut de mise en scène qui magnifie avec grâce ses trois protagonistes féminins. Et même si l’on a des réserves quant à leurs prix à Cannes, il est bon de constater que les interprétations sont exceptionnelles. Avec cette Zoé Zaldana au premier plan. Il en va de même pour Karla Sofia Gascon, qui vole la caméra à chacune de ses apparitions faisant du personnage éponyme l’icône même de son film. Emilia Perez est sans aucun doute un must-see de ce grand cru qu’est l’été 2024. Un long-métrage véritablement singulier, qui malgré quelques séquences musicales un peu oubliables et quelques petites longueurs, arrive à ne jamais tomber dans la maladresse et dans la facilité. Un objet filmique non identifié qui mérite toute votre attention.

EN DEUX MOTS

Véritable Objet filmique non identifié, le nouveau long-métrage de Jacques Audiard surprend par ses partis pris et par la manière dont les genres sont habilement mélangés. Un musical survitaminé emporté par trois exceptionnelles actrices. Certainement pas un film que l’on voit tous les jours.