CRITIQUE | FILM FESTIVAL DE CANNES

PROJECT SILENCE : sans aucun mordant

Critique | Présenté en séance de minuit au Festival de Cannes, ce nouveau projet du réalisateur coréens Tae-gon Kim est malheureusement tragique, car il s'agit également du dernier film de l'acteur Lee Sun-kyun. Il s'est illustré dans "Parasite" et plus récemment dans "Sleep", mais Project Silence ne parvient malheureusement pas à rendre pleinement hommage à son talent.

SYNOPSIS

Alors que Cha Jeong-won et sa fille Kyeong-min se dirigent vers l’aéroport international d’Incheon en soirée, un épais brouillard provoque un énorme carambolage sur le pont d’Incheon. Piégés sur place avec d’autres victimes, ils assistent à l’aggravation de la situation. Le pont, en danger d’effondrement, devient le théâtre d’une menace supplémentaire lorsqu’une meute de chiens militaires terrifiants, échappée d’un convoi du Project Silence, se met à attaquer les humains.

© Project Silence

Cha Jeong-won, sa fille, un dépanneur venu en renfort, et les autres survivants devront affronter une nuit périlleuse sur ce pont sans issue. Project Silence est un film sud-coréen réalisé par Kim Tae-gon, sorti en 2023. Il a été présenté hors compétition dans la section Séances de minuit lors du Festival de Cannes 2023.

NOTRE CRITIQUE

Tiens, encore un nouveau film de survival/action en provenance de Corée du Sud. Quelle (mauvaise) surprise. Oui, on en a un peu marre de ces productions qui proposent successivement des concepts de survival insipides, où l’idée ne dépasse jamais le stade du brainstorming de quelques producteurs en panne d’inspiration. Project Silence semble être l’aboutissement (ou plutôt la chute libre) de cette mini-industrie coréenne. En à peine une heure et demie, on se retrouve face à des personnages clichés, une horreur aseptisée, et une mise en scène franchement médiocre. Plein de défauts qui mériteraient une critique bien plus acide de notre (ou votre) part. D’ailleurs, c’est dès les premières minutes que Project Silence s’annonce mal : c’est laid de séquences en séquences, comme le gamin de ta cousine que tu retrouves quelques années plus tard couvert d’acné. Tout est gris, sombre, on n’y voit rien, et ça ne joue même pas sur l’ambiance (et cette fois, on parle du film, pas du gosse). La promesse d’horreur avec des chiens enragés est tout simplement rompue. À peine une goutte de sang, les personnages se font mordre par Snoopy, Rantanplan et Scooby-Doo à la limite. Même si, on le reconnaît, les effets spéciaux des bestiaux ne sont globalement pas ratés, mais c’est bien peu pour sauver ce naufrage.

© Project Silence

Et si on parlait de l’intrigue. Oui, mais laquelle ? Quand un film de survival ne parvient ni à susciter un véritable esprit de combativité ni à instaurer un suspense palpable face à la mort qui rôde, on pourrait au moins espérer un récit un tant soit peu captivant. Bof avec Project Silence. Le long-métrage de Tae-gon Kim ne fait qu’effleurer des thématiques déjà usées jusqu’à la corde dans le cinéma sud-coréen : relations père-fille difficiles, aliénation au travail, élitisme et pouvoir. Encore rien de nouveau sous le soleil du pays voisin du soleil levant. Les personnages sont évidemment tous caricaturaux, même si cela ne constitue finalement pas la plus grande faiblesse du film. Au moins, ils offrent quelques repères familiers, avec des interactions parfois agréables au milieu de l’action. Quelques touches d’humour ici et là réussissent à nous arracher un sourire, mais certainement pas une goutte de sueur face au danger. La mission est totalement ratée. Quant aux péripéties, elles sont toutes assez prévisibles, malgré un postulat de départ qui avait pourtant de belles promesses. Project Silence est finalement un fourre-tout qui annonce peut-être la fin d’un cycle pour ces productions asiatiques de moyennes gammes, qui misent sur un pitch alléchant, mais échouent à offrir quelque chose de plus substantiel.

EN DEUX MOTS

Un cruel manque d’originalité et d’intensité, où l’horreur est totalement aseptisée. Des chiens enragés plus dociles que Snoopy et des personnages clichés produisent une heure et trente minutes de vide cinématographique absolu. C’est taillé pour Netflix, et certainement pas pour le Festival de Cannes.

1,5

Note : 1.5 sur 5.


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