CRITIQUE | FILM

BEETLEJUICE 2 : les morts ne racontent rien

Critique | 36 ans après nous avoir fait découvrir ce personnage déjanté, dont on ne doit pas répéter trois fois le nom, Tim Burton propose une suite, en espérant renouer avec son style significatif qui a été négligé pendant un bon moment. Longtemps annoncé, annulé, relancé… le film est enfin dans les salles, et force est de constater que certains morts ne sont pas toujours bons à déterrer.

SYNOPSIS

Après une tragédie dévastatrice, la famille Deetz retourne à Winter River. Toujours marquée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie basculer lorsque sa fille Astrid, une adolescente au tempérament rebelle, ouvre par inadvertance un portail vers l’Au-delà.

© Beetlejuice 2

Tandis que le désordre menace de s’étendre sur les deux mondes, il ne reste plus qu’à attendre que quelqu’un prononce le nom de Beetlejuice trois fois pour que le démon farceur fasse son grand retour et plonge tout dans le chaos. Beetlejuice est un film américain réalisé par Tim Burton, dont la sortie est prévue en 2024. Il s’agit de la suite du film éponyme de 1988, également réalisé par Tim Burton. Michael Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara reprennent leurs rôles dans cette nouvelle aventure.

NOTRE CRITIQUE

Même si Beetlejuice n’est pas forcément le film qui vient en premier à l’esprit lorsqu’on parle de la carrière de Tim Burton, beaucoup de spectateurs ont été séduits par son univers macabre et barré, ainsi que son personnage incontrôlable, ce qui a provoqué la hype autour de ce projet tardif. Mais la plus grosse attente réside surtout dans l’envie de voir le réalisateur renouer avec son esprit tordu et son univers hypnotique, qu’il avait délaissé depuis plusieurs années au profit de films de commande impersonnels ou de projets désespérés. Cette suite était donc attendue au tournant, et sur la forme, Tim Burton relève le défi.

Quelle joie de le voir à nouveau s’amuser à donner vie à son imagination. En termes d’esthétique, ce nouvel opus apporte une touche de fraîcheur et certaines originalités que l’on espérait plus de la part du metteur en scène, qui fait preuve de malice, démontrant qu’il en a encore sous le pied. Il renoue avec la comédie sinistre et poisseuse, et se permet même quelques moments nanardesques un peu dégoûtants qui font du bien. On notera, néanmoins, quelques immondices numériques qui nous font regretter l’époque des marionnettes en stop-motion. Mais là encore, dans cet univers foutraque, on pardonne, puisque le charme opère. Oui, on peut affirmer que Tim Burton fait ici son grand retour. Est-ce que cela fait de Beetlejuice Beetlejuice un film réussi ? Pas vraiment. Parce que si sur la forme, c’est plutôt convaincant, sur le fond, le film part à la dérive. N’ayant pas de direction claire où amener ses personnages, les sous-intrigues se multiplient jusqu’à en devenir complètement démesurées pour un film d’à peine 1h45. D’autant qu’il passe toute la première partie à contextualiser un univers que l’on connaît déjà, à placer toutes les références possibles et surtout à mettre en place ses trop nombreuses histoires. L’accumulation rend la première heure interminable. Une très (trop) longue mise en route, donc, qui n’offre pas le temps nécessaire à toutes ses péripéties pour se développer et finissent par être expédiées avant même l’installation d’un semblant d’attache. Étant toutes placées au même niveau d’importance et n’arrivant jamais à se répondre, les enjeux et les thématiques peinent à se démarquer, ce qui donne lieu à un bazar sans but ni intérêt. Une pensée pour Monica Bellucci, qui se promène pendant des heures dans des couloirs sombres à la recherche d’un peu d’importance et d’attention qu’elle ne pourra jamais obtenir dans ce rôle.

© Beetlejuice 2

Tout ceci est réellement dommage, car dans le lot ressortent quelques bonnes idées. Des pistes qui auraient pu être intéressantes si elles avaient été menées à bien et qui auraient pu susciter de nouveaux enjeux, si elles ne nous avaient pas laissées sur une note de frustration. Alors oui, on pourrait juste contempler le terrain de jeu de Tim Burton et savourer le retour de l’enfant prodigue, qui semble vouloir seulement s’amuser. Comme en atteste la manière dont le personnage de Charles Deetz est traité, ou bien encore les nombreuses scènes musicales (un peu forcées) qui témoignent de son véritable désir de renouer avec son film d’origine. On pourrait simplement profiter des actions pittoresques du personnage principal. Mais il est difficile d’apprécier réellement ce manque de consistance qui finit par entacher le mythe. Après ce second volet, qu’est-ce qui reste du personnage de Beetlejuice en fin de compte ? Dans le premier opus, on nous présentait un arlequin qui symbolisait la perversité et le vice, et dont la triple prononciation était un signe de malheur et de dégoût. 36 ans plus tard, il ne semble être que son ombre, dénué de toute malice, se révélant être bien plus stupide que dangereux. Délaissé par son intrigue survolée sur ses origines et ne représentant plus la menace que le premier long-métrage laissait supposer, il se retrouve finalement en retrait de son propre film. C’est comme si Tim Burton ne comprenait pas lui-même son anti-héros. Pire, il semble s’en être complètement désintéressé au profit de tous ceux qui l’entourent.

Et il ne peut pas compter sur l’interprétation de Michael Keaton, qui se contente de gesticuler sans chercher à apporter la moindre épaisseur. On peut en dire autant de Winona Ryder, qui est indéniablement rayonnante, mais qui manque de conviction, ou bien encore de Jenna Ortega, qui se contente de faire du Jenna Ortega. En fin de compte, dans ce château de cartes qui s’effondre, seule Catherine O’Hara parvient à insuffler une énergie solaire et une consistance solide.

EN DEUX MOTS

Sur le plan esthétique, on peut voir un Tim Burton inspiré qui fait preuve de malice et prouve qu’il est encore là. Pour le reste, cette suite n’est qu’un joyeux bazar où cohabitent un nombre ridicule de sous-intrigues, qui ne connaissent ni développement ni conclusion. Les enjeux sont absents, les personnages sont négligés et l’ensemble est bâclé.

2

Note : 2 sur 5.


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