SYNOPSIS
En 2023, le vidéaste web français Inoxtag annonce son ambition de gravir l’Everest. Le film retrace son aventure, débutant par une série d’entraînements d’alpinisme progressifs dans les Alpes, le Haut Atlas et l’Himalaya, avant de se lancer, à partir d’avril 2024, dans l’ascension du plus haut sommet du monde.

Kaizen, sous-titré 1 an pour gravir l’Everest, est un documentaire français réalisé par Basile Monnot, sorti en 2024. Ce film raconte la préparation ainsi que l’ascension de l’Everest par le vidéaste Inoxtag et son équipe.

NOTRE CRITIQUE
Peut-on vraiment parler de documentaire ? Pas certain, tant les codes de la production YouTube éclipsent le reste. Mais, c’est sur le fond que ces deux heures et trente minutes de film prêtent le plus à critique.
Sur la forme, on a droit à de magnifiques plans de drone survolant les montagnes les plus majestueuses du globe. Encore heureux que ça soit beau. L’aspect road-trip à travers différents pays est d’ailleurs tout aussi plaisant, Inox nous transporte au-delà des frontières européennes pour découvrir des bribes de cultures et de paysages, jusqu’à sa phase de « réparation » dans le pays de Fidel Castro. Autrement, il y a tellement de forçage que le film devient très vite risible. Chaque petite crevasse est sujet à un montage ultra-saccadé et à une bande-son à fond les ballons d’oxygène, pleine de tension. Les principales lignes de dialogues : « J’en Chie« , « C’est Aberrant » ou « T’es Biiiiien« . On se croit malheureusement dans une boucle infernale TikTok. Mais au fond, le véritable probleme c’est qu’Inoxtag se pense dans un animé japonais tout du long. Une influence qu’on ne critique pas, mais là.. Luffy l’a complètement matrixé à vouloir relever un défi insensé (dans le mauvais sens du terme). Le dépassement de soi c’est bien, quand c’est utile c’est mieux. Car oui, gravir l’Everest sans même avoir une quelconque passion pour l’escalade ou l’alpinisme relève d’un pur plaisir narcissique dans ce cas précis. Il met sa propre vie en danger, tout en risquant celle des autres. En témoigne quand même la mort d’un alpiniste lors de son expédition, un moment où il ne prend même pas encore assez le temps pour souligner la dangerosité de l’expérience..

Le discours de motivation devient rapidement un prétexte pour produire du contenu spectaculaire, faussement masqué par ses intentions naïves -Belieeeeve, croire en vos rêves. Une main à couper qu’il ne monte pas l’Everest sans caméra. Assez ironique quand il ne cesse de répéter qu’il faut s’éloigner des écrans –Papa si tu lis ça, Inoxtag pense comme toi en 2002. Et malgré le caractère sympathique du youtubeur, ce qu’on retient surtout, c’est l’extrême maladresse d’un jeune de 22 ans. Aucune remise en question lorsqu’il se retrouve face à une file d’attente aussi longue que celle de l’Apple Store de New-York lors de la sortie de l’iPhone 15. Un film saturé de placements de produits et de publicités pour ceux qui ont le plaisir de le visionner sur YouTube. L’antithèse même du message de déconnexion qu’Inoxtag ne cesse de nous rabâcher dans Kaizen.. L’esprit LinkedIn a visiblement gangréné tout ce projet. Tout au long du film, le Youtubeur martèle qu’il veut « aller plus loin que le sommet ». Une belle métaphore en surface, mais qui, minute après minute, se révèle plus vide que les vallées qui entoure l’Himalaya. Mais étonnamment, à mesure que l’on progresse sous cette neige omniprésente, on découvre davantage la personnalité du créateur de contenu. Une belle personne qui se trompe de combat dans son documentaire, mais qui parvient à toucher la corde sensible à travers quelques beaux échanges avec ses parents. Plus touchant qu’inspirant finalement.
EN DEUX MOTS
Une grande vidéo Youtube, un petit documentaire. Derrière son défi autocentré, Inoxtag réalise surtout le rêve de tous les créateurs de contenus Linkedin : un vrai discours de motivation destiné à impressionner les autres. C’est tellement naïf que cela devient touchant, notamment les séquences avec ses parents.
1,5
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