CRITIQUE | FILM

JOKER 2 : folie qui peut faire mieux

Critique | Après avoir secoué le monde entier avec Joker en 2019, le cinéaste Todd Phillips revient avec 'Folie à Deux', une suite qui prolonge le tourment psychologique du Joker de Joaquin Phoenix. Ce nouvel opus se présente comme une comédie musicale à moitié assumée, qui peine aussi à s'inscrire avec intérêt dans la filmographie du réalisateur.

SYNOPSIS

En 1983, deux ans après avoir commis ses crimes sous l’identité du Joker, Arthur Fleck est interné à l’hôpital psychiatrique d’Arkham, à Gotham City, où il lutte avec ses personnalités conflictuelles en attendant son procès. Lee Quinzel, une autre patiente de l’établissement, est intriguée par lui.. Leur folie partagée les rapproche peu à peu, notamment à travers la musique, tandis que les partisans du Joker se mobilisent pour réclamer sa libération.

© Joker : Folie à deux

Joker : Folie à Deux est un thriller psychologique musical américain, co-écrit et réalisé par Todd Phillips. Ce long métrage est produit par Warner Bros., Village Roadshow Pictures et DC Studios. Suite directe de Joker (2019), également réalisé par Todd Phillips, il met de nouveau en vedette Joaquin Phoenix dans le rôle d’Arthur Fleck / Joker, aux côtés de Lady Gaga, Brendan Gleeson, Catherine Keener et Zazie Beetz. Comme le premier film, il sera présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024.

NOTRE CRITIQUE

Joker : Folie à Deux avait tout sur le papier pour être LA suite qu’il fallait. Un casting renforcé par la présence de Lady Gaga en Harley Quinn, marié à une ambition de comédie musicale qui donnait déjà envie. D’autant que le cinéaste américain Todd Phillips nous avait laissé en 2019 sur une note excellente, redéfinissant les codes du film de super-héros grâce à une approche sombre et réaliste. Une relecture de cet univers qui a tout changé à ce moment-là, mais le soufflé vient de retomber avec Joker 2. Bien sûr, Joaquin Phoenix reprend le rôle d’Arthur Fleck avec brio, comme il sait si bien le faire. On le retrouve deux ans après son passage « remarqué » à la télévision, mais, entre-temps, rien ne s’est vraiment passé. On pouvait s’attendre à découvrir un Gotham totalement déchiré par les événements, comme le laisser entrevoir la conclusion de Joker (2019). En d’autres termes, l’avènement du Gotham chaotique que Bruce Wayne s’efforcera de redresser à coup de mandales. Mais non, Todd Phillips ne veut pas explorer l’embrasement, il préfère prolonger son petit plaisir avec une introspection redondante de son anti-héros. Le problème, c’est que cette thématique, notamment celle de la bipolarité, avait déjà été abordée dans le premier volet, et de manière plus subtile, voire plus intelligente. Le réalisateur opte (en partie) pour un cadre de film de procès pour développer son sujet, nous enfermant dans un huis clos frustrant où la richesse de la mise en scène du premier film manque terriblement. Même si on peut se satisfaire de quelques très belles idées visuelles en filigrane de ce nouveau projet. Donc si on compare au premier, c’est clairement en dessous, mais cela en fait-il un mauvais film pour autant ? Pas totalement.

© Joker : Folie à deux

Le pari de graviter autour d’un duo est plutôt malin, avec Harley Quinn qui se présente comme le vrai petit diable sur l’épaule gauche d’Arthur Fleck. Surtout quand on constate (encore une fois) le potentiel d’interprétation de Lady Gaga. Elle sait jouer, elle a une gueule et en plus, elle sait chanter. Pouvait-on imaginer un meilleur choix pour Folie à Deux ? Sans doute pas. Sauf que la personne qui ne maîtrise pas vraiment la comédie musicale dans ce projet, c’est en réalité Todd Phillips. Pas de chance, il passe juste derrière Emilia Perez, en plus de ça. Mais on aurait peut-être pu s’en douter quand on se replonge dans les bandes originales de ses précédents films, comme par exemple avec les Very Bad Trip, qui peuvent provoquer des otites instantanés à n’importe quel ingénieur son. Mais dans Joker 2, c’est l’intégration au récit pose également problème. Chaque morceau semble être une transition légèrement oubliable, plus proche d’une succession d’interludes que d’une véritable comédie musicale. On retiendra néanmoins la chanson « The Joker is Me« , qui apporte du punch à la narration et se distingue par sa mise en scène. Car encore une fois, tout n’est pas à jeter dans Joker : Folie à Deux. On trouve presque autant de points positifs que négatifs si l’on dresse un bilan minutieux. Par exemple, les costumes, tout comme dans le premier film, apportent une identité angoissante et visuellement fascinante au projet. La folie s’exprime à travers les vêtements dans toutes les situations. Mais en fin de compte, il est difficile d’évaluer ce nouveau projet à sa juste valeur, surtout avec l’ombre du Joker de 2019 qui plane. Comme si Joker (2019) était Arthur Fleck et que Joker : Folie à Deux était le Joker, ou l’inverse, cela dépend de votre niveau de démence.

EN DEUX MOTS

Joker 2 avait tout pour réussir, dont un duo Joaquin Phoenix/Lady Gaga idéal. Mais cette succession d’interludes musicaux empêche le film de répondre aux (énormes) attentes placées dans ce projet. Presque décevant de finir sur une note comme celle-ci après l’excellence du premier film.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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