SYNOPSIS
Révolutionnaire militant, dandy provocateur, voyou, majordome ou sans-abri, Édouard Limonov fut tout cela à la fois : un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique, et l’auteur de son propre mythe. Sa vie, aussi sulfureuse qu’intense, ressemble à une odyssée tumultueuse qui traverse les rues effervescentes de Moscou, les gratte-ciels de New York, les ruelles de Paris et les prisons sibériennes, retraçant les bouleversements de la seconde moitié du XXe siècle.

Limonov : La Ballade (Limonov: The Ballad of Eddie) est un film franco-italo-espagnol réalisé par Kirill Serebrennikov, sorti en 2024. Adapté du roman Limonov d’Emmanuel Carrère, le film retrace la vie fascinante de l’écrivain franco-russe Édouard Limonov. L’œuvre a été présentée en compétition officielle lors du Festival de Cannes 2024.

NOTRE CRITIQUE
Kirill Serebrennikov, le cinéaste et metteur en scène russe, est de retour pour bien confirmer qu’il est le maître de son art. Le réalisateur, à l’origine des excellents Leto, La Fièvre de Petrov et du très noir La Femme de Tchaikovski, rempile pour une immense fresque qui divisera les foules. Il n’est pas simple d’aborder cette œuvre sans rentrer dans le débat politique interminable. Ce biopic, inspiré du livre de Emmanuelle Carrère, est d’une irréfutable virtuosité. C’est avec Ben Wishaw que Serebrennikov dégoupille sa grenade explosive et punk qu’est Limonov. L’acteur britannique livre par le biais de cet extravagant personnage une performance bluffante qui aurait sans aucun doute mérité son prix d’interprétation à Cannes cette année. C’est avec ce Limonov que le jeune comédien atteint les sommets de sa filmographie et obtient avec ce rôle, le poids d’une fresque complète sur ses épaules. Décomplexé, Punk, terriblement trash et pop, ce biopic ne fait pas dans la dentelle. Toutes les innombrables facettes du personnage sont exploitées. Du romancier, en passant par le militant, le rebelle, mais également le vagabond, le fugitif. Toute la vie de cet homme est passée au peigne fin le temps de deux heures et demie de fulgurance cinématographique.

Limonov, c’est l’addition de tout ce qui fait la grandeur du cinéma de Serebrennikov. Tantôt Fievreux, tantôt intrépide, le long-métrage russe se fout littéralement à poil et explose toutes ses cartouches filmiques au visage du spectateur, qui doit se bouffer une idée de mise en scène à la seconde. Mention spéciale au plan-séquence mettant en scène une ellipse de la plus formidable des manières avec un Ben Wishaw complètement dingue en premier plan. Serebrennikov délivre là une véritable leçon de mise en scène (pas étonnant quand on sait que le gars débarque du théâtre de base). Peut-être en fait-il trop ? En tout cas, le film aurait mérité sa demi-heure de plus. On a parfois l’impression que le cinéaste doit prendre un train et rush un peu trop son biopic qui est très dense pour une durée de la sorte. Beaucoup d’informations à ingurgiter, mais également d’images parfois chocs à encaisser. Finalement, on reste relativement déçu que ce nouveau film du cinéaste russe n’ait pas convaincu le jury Cannois cette année. Ici, c’est validé.
EN DEUX MOTS
Serebrennikov prouve à nouveau qu’il est l’un des ces jeunes cinéastes les plus intéressants à décoder. Sa trop gigantesque fresque révolutionnaire est une leçon de mise en scène, portée par les épaules d’un Ben Wishaw livrant la meilleure performance de sa carrière.
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