SYNOPSIS
Tobias et Almut, une jeune cheffe cuisinière talentueuse, vivent une histoire d’amour intense et bouleversante. À travers une narration en flashbacks, le film retrace les étapes clés de leur vie : leur rencontre, l’arrivée de leur fille et l’épreuve du cancer qui frappe Almut. Entre espoir, résilience et amour inébranlable, ce récit explore leur combat face à l’adversité et la puissance des liens qui les unissent.

L’Amour au présent (We Live in Time) est un long-métrage franco-britannique réalisé par John Crowley, sorti en 2024. Porté par les performances remarquables d‘Andrew Garfield et Florence Pugh, le film a été dévoilé en avant-première lors du Festival international du film de Toronto 2024.

NOTRE CRITIQUE
L’Amour au Présent cherche désespérément à se distinguer par sa mise en scène et à instaurer une certaine originalité. John Crowley joue avec la temporalité en choisissant de se détourner du schéma linéaire. Un procédé qui n’a rien de nouveau, mais qui se révèle terriblement efficace lorsqu’il est bien ficelé.
Malheureusement, ce n’est pas le cas dans ce pêle-mêle. Et le hasard du calendrier ne joue pas en sa faveur puisque qu’il y a tout juste 2 mois, sortait un film qui utilisait ce même dispositif, avec une maîtrise bien plus prononcée, à savoir Here de Robert Zemeckis. Difficile donc de ne pas souffrir de la comparaison. En alternant entre les flashback et les flashforward faussement arbitraires, cette pratique a pour objectif de susciter de l’émotion en utilisant les parallèles de la vie, les regrets du passé et les leçons du futur. Un montage fragmenté qui cherche à nous faire percevoir la subjectivité des personnages à travers leur développement. Mais là où Robert Zemeckis parvient à créer ces moments d’émotion, John Crowley passe à côté de tous, ne parvenant jamais à établir les liens appropriés entre les différentes temporalités. En fin de compte, ce choix de montage n’est qu’un artifice pour masquer un rythme en déclin et une narration faiblarde, basée sur les clichés. Parce que c’est là que réside le plus grand problème de cette romance. Il est extrêmement difficile de s’identifier aux personnages. Tout est toujours excessif, que ce soit dans le positif ou dans le négatif. Une rencontre inattendue et singulière, un parcours professionnel hors du commun, un cadre familial inhabituel, ou encore un accouchement atypique… Puis, la maladie, suivie d’une autre. Une accumulation de moments poussifs qui entraîne le long-métrage vers les chemins glissants d’un mauvais téléfilm. Une surabondance qui empêche surtout le film de se concentrer sur les véritables moments émotionnels, en bazardant bien trop rapidement ces petits instants de vie qu’il semble dévaloriser. Notamment, le sujet du désir non-réciproque d’enfant, qui ne fait qu’être évoqué sans s’y pencher franchement. Comme si le sujet était trop ordinaire pour qu’on s’y intéresse. Tout est tellement exagéré dans cette histoire qu’il est impossible de s’y abandonner réellement.

Pourtant, en dépit de tout cela, se trouve au loin la petite lueur qui apporte la sympathie que le film mérite : l’alchimie entre les deux acteurs. Andrew Garfield et Florence Pugh apportent à cette romance une justesse et une tendresse qui ne laissent personne indifférent. Même si au départ, ce duo a du mal à établir une véritable complicité dans cette pauvreté d’écriture et à jongler avec les limites de leurs personnages. Mais après avoir réussi à trouver l’équilibre, le charme opère et on se surprend à admirer le talent du duo en pleine composition. Chaque acteur défend son rôle avec une vérité qui frôle la perfection, s’amusant à jouer avec cette inversion des codes genrés transcrite dans l’écriture de leurs personnages. Il incarne la tendresse là où elle incarne la dureté. Elle est ambitieuse là où lui est bien plus posé. Un couple complémentaire qui se porte, s’élève et se soutient dans les épreuves. L’intégralité du long-métrage repose donc sur cette connivence et sur leurs talents, et John Crowley est parfaitement conscient de cela, au point d’en faire un véritable moteur. C’est sans conteste sa meilleure idée pour ce film. L’accent est mis sur eux, sans se soucier de tout le contexte qui les entoure, leur offrant ainsi une liberté d’interaction qui donne le ton au film. Il ne vise jamais à faire de cette romance un drame multigénérationnel, mais simplement à rester sur ce qui touche à l’intime. Une méthode habituellement captivante qui permet de transmettre une émotion vive et un message profond, tout comme l’ont fait des classiques du cinéma tel que Sur la route de Madison de Clint Eastwood. Malheureusement, L’Amour au Présent en est à des années-lumière, submergé par une abondance de clichés et une mise en scène artificielle.
EN DEUX MOTS
Bien qu’elle soit sans prétention et dirigée par un duo d’acteurs talentueux qui apportent la fraîcheur nécessaire, cette romance est envahie par une multitude de clichés. Il est donc compliqué de s’abandonner à cette histoire qui essaie de transmettre son émotion de force à travers une structure narrative bien trop bancale.
2,5
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