CRITIQUE | FILM

PADDINGTON 3 : ça vire à la marmelade

Critique | L’ourson le plus maladroit du septième art est de retour pour une troisième aventure. Terminé les rues londoniennes, le héros et sa famille se dirigent cette fois-ci vers la jungle hostile du Pérou, sur les traces de son enfance. Une épopée efficace, mais qui perd de son charme.

SYNOPSIS


Paddington mène une vie paisible à Windsor Gardens, à Londres. Avec les Brown, sa famille adoptive, il décide de partir au Pérou, son pays natal, pour rendre visite à sa tante Lucy, désormais installée dans une maison de retraite pour ours. Cependant, à son arrivée, il découvre que sa tante a mystérieusement disparu lors d’une quête.

© Paddington Au Pérou

Paddington au Pérou est une comédie d’aventures familiale britannico-franco-nippo-américaine réalisée par Dougal Wilson et sortie en 2024. Il fait suite à Paddington 2 (2017) et marque les débuts de Dougal Wilson en tant que réalisateur.

NOTRE CRITIQUE

N’ayons pas peur de le dire, les deux premiers volets consacrés à l’ourson célèbre sont des films de grande qualité. Une grandeur qui est surtout due à Paul King, apportant une véritable bouffée d’air frais à cette saga. Sa réalisation dégage une inventivité enivrante et son écriture est empreinte d’une véritable sincérité, offrant de grands moments d’émotions. Le tout est agrémenté d’humour, dans un numéro d’équilibriste d’une grande précision.

Donc, forcément, quand un troisième opus a été annoncé en même temps que le départ de Paul King à la réalisation, ainsi que celui de Sally Hawkins dans le rôle de Mme Brown, l’inquiétude était au plus haut. En fin de compte, dans sa première partie, Dougal Wilson (qui prend le relais) rassure les fans en prouvant qu’il est capable de se conformer à son prédécesseur dans la mise en scène. On y retrouve cette créativité et cette touche de poésie qui nous plaisaient tant. Cependant, on ressent rapidement les limites. Alors que Paul King était vraiment doué pour équilibrer sa mise en scène, Dougal Wilson se perd rapidement dans ses ambitions, ne parvenant pas à jongler correctement entre poésie, émotion et humour. Dès que nos héros arrivent au Pérou, le long-métrage se métamorphose en un périple familial convenu. Et les premiers à en pâtir, ce sont les personnages secondaires. Contrairement aux premiers opus qui mettaient en avant une famille où chaque membre évoluait autour des maladresses de Paddington, ils se retrouvent ici réduits à de simples accompagnateurs. Des personnages interchangeables qui ne parviennent pas à s’intégrer dans cette nouvelle aventure, à l’écriture bien plus mécanique. Même l’arrivée d’Olivia Colman ne permet pas de faire remonter le niveau. Dans son rôle de bonne sœur, elle apporte cette touche de folie que l’on attendait, mais ne réussit jamais à atteindre toute la profondeur de son personnage. Cela est dû à une écriture bancale qui force l’actrice à se limiter à une interprétation superficielle de ce personnage bien trop sous-exploité. Et que dire d’Antonio Banderas, qui peine à se démarquer dans ce rôle d’antagoniste ?

© Paddington Au Pérou

Mais là encore, difficile de ne pas souffrir de la comparaison. Après Nicole Kidman et Hugh Grant dans des rôles écrits avec la plus grande des subtilité, Antonio Banderas fait une bonne performance, mais manque de matière scénaristique pour égaler le niveau de ses prédécesseurs, qui avaient placé la barre très haute. En définitive, tous ces aspects négatifs ont un point commun : le développement. Le film ne parvient jamais à transposer l’évolution de ses personnages et à apporter toutes les émotions poétiques dont nous avait habitué Paul King. Ce n’est que dans ses 30 dernières minutes que le film nous plonge en profondeur dans ses thèmes émotionnels, à savoir la quête identitaire et la recherche d’appartenance. Dougal Wilson est conscient de son manque de compétences, préférant axer son récit sur l’humour et l’aventure. Et ça, il le fait plutôt bien. Parce que, malgré tout ce qui a été dit jusque-là, ce troisième opus n’entache absolument pas cette trilogie. Bien qu’il soit différent et perde de son charme, il trouve ses qualités dans l’aventure familiale, qui convainc et convient parfaitement. Le long-métrage est riche en références cinématographiques que Dougal Wilson s’amuse à modeler pour s’adapter à ce petit ourson burlesque. Une volonté de suivre les traces de ses pères, sans jamais chercher à atteindre l’inaccessible, évitant ainsi de sombrer dans la folie des grandeurs. Paddington est un film intimiste, et il est impératif qu’il le reste, malgré la dimension de cette aventure. Il récupère les commandes de la saga en comprenant ses enjeux et en cherchant coûte que coûte à les respecter. Il est si rare de voir autant d’amour et d’envie dans les suites de films de nos jours, qu’ils méritent d’être salués et félicités.

EN DEUX MOTS

Ce troisième opus est un divertissement familial réussi qui vous transportera dans une aventure drôle et intime. Cependant, le film ne peut pas rivaliser avec la vision de Paul King, qui avait su insuffler une poésie et une inventivité que l’on ne retrouve malheureusement pas dans cette escapade au Pérou.

3

Note : 3 sur 5.


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