SYNOPSIS
Dans le Brésil des années 1970, une famille mène une existence apparemment paisible jusqu’à ce qu’une intrusion brutale vienne tout bouleverser. Ce qui semblait être un quotidien ordinaire se transforme en une épreuve marquée par l’incertitude, la peur et l’absence. Alors que le silence s’installe et que les repères s’effacent, le film explore avec justesse les tensions entre l’intime et le politique, mettant en lumière les répercussions profondes d’un destin brisé.

À travers une mise en scène sobre et poignante, il dresse le portrait d’un combat intérieur et collectif, où la mémoire et la résilience deviennent les seuls refuges face à l’injustice. Je suis toujours là (titre original : Ainda Estou Aqui) est un film brésilien réalisé par Walter Salles, sorti en 2024. Le film est présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024 où il remporte le prix du meilleur scénario.

NOTRE CRITIQUE
Samba, Neymar, soleil et Caïpirinha ne sont pas au programme de ce nouveau long-métrage brésilien réalisé par Walter Salles. Avec I’m Still Here, le cinéaste choisit de poser son regard sur une autre époque du Brésil : celle de la dictature des années 70, qui a pétrifié ce gros bout d’Amérique du Sud. I’m Still Here est un petit chef-d’œuvre de décryptage historique. Là où certains films déroulent leur propos de manière mécanique, étape par étape, presque comme une liste de courses, celui-ci se distingue par sa subtilité et sa véracité. À tel point que la première partie peut sembler anodyne, une simple routine quotidienne, sans qu’on réalise vraiment ce qui est en train de s’installer insidieusement dans le pays. Au détriment du rythme, le réalisateur réussit à poser un cadre tellement solide dans cette première partie, qu’il devient la base sur laquelle se construisent toutes nos émotions finales. Au centre de ce foyer CSP+, où le père est un ancien député de gauche, on traverse des moments de vie imprégnés d’amour et de complicité, où chaque membre devient un multiplicateur important. La caméra suit délicatement le père, qui devient la pierre angulaire de cette première partie, avant de lentement passer le relais à sa femme. Même si l’on connaît déjà l’issue de cette histoire, la disparition du père marque un tournant, une transition transparente vers l’absence, qui devient le cœur du récit.

Car c’est dans le contraste entre tout montrer au début et ne plus rien montrer ensuite que le film réussit son pari. Au fil des minutes, on ne comprend pas trop pourquoi il ne se passe plus rien, pourquoi les dialogues restent sans réponse et pourquoi une longue attente s’installe. C’est seulement à la fin que le poteau rose est dévoilé. Comme les membres de cette famille, le spectateur est pris dans cette attente, dans cet espoir. Même en connaissant le dénouement, une part de nous continue d’espérer, un retour, un miracle : celui du père. Pourquoi ? Parce qu’il y a cette absence de vérité, ce vide d’aveu. Encore une fois, on en revient à cet aspect d’absence qui est omnipotent dans I’m Still here. Absence de corps, absence du père, absence d’acte de décès. Sans tout cela impossible de faire le deuil. Il ne reste que les sourires, qui ne disparaissent jamais, qu’il s’agisse des minutes qui passent ou des années qui défilent. I’m Still Here a ce petit quelque chose qui fige le dramatique, la tragédie, pour finalement tout relâcher dans son dernier acte. Même s’ils en font un peu trop dans les dernières minutes, le film reste profondément touchant, tout en conservant sa dimension politique terrible. L’actrice Fernanda Torres est le catalyseur de toutes ces émotions, soutenue par un casting parfait et une photographie qui, désormais, rappellera un Brésil sans carnaval, un Brésil qui souffre.
EN DEUX MOTS
L’absence du père, de la vérité, du corps, et bientôt même des mots, tellement le film réussit à fusionner drame politique et drame familial. Malgré ça, le traitement du propos génère quelques faiblesses, surtout dans cette première partie qui s’étire en longueur..
3,5
Abonne toi au site !
Ils en parlent également : Paris Match, Media Film ou Le Monde

