CRITIQUE | FILM

LA FABRIQUE DU MENSONGE : menteur, menteur

Critique | Avec son nouveau long-métrage, le réalisateur allemand Joachim Lang décrypte les rouages et les mécanismes de la propagande nazie. Focus sur le plus détestable des communicants : Joseph Goebbles, interprété avec brio par Robert Stadlober.

SYNOPSIS



À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Goebbels devient le stratège de l’ombre d’Hitler. Persuadé que la suprématie du Reich repose sur des techniques de manipulation inédites, le ministre de la Propagande prend le contrôle des médias et galvanise les foules. Il parvient ainsi à transformer les revers en triomphes et le mensonge en vérité.

© La Fabrique Du Mensonge

Avec le soutien inébranlable du Führer, Goebbels construit l’illusion la plus aboutie, quitte à entraîner les nations dans le chaos. La Fabrique du mensonge est un drame historique germano-slovaque réalisé par Joachim Lang, sorti en 2024.

NOTRE CRITIQUE

Encore un article qui risque de mal remonter dans l’algorithme de Google avec tous ces mots-clés interdits. Pour son nouveau film, Joachim Lang braque sa caméra sur l’une des périodes les plus sombres de l’Allemagne moderne, mais aussi sur un personnage mystérieux, qui a grandement contribué à faire de H ce qu’il est devenu, et à engendrer l’horreur. Un pari risqué, tant le sujet a déjà été décortiqué et décrypté sous toutes ses coutures. Et un pari déjà à moitié raté quand on réalise que le titre du film n’est qu’une vaste fumisterie. Là où l’on espérait connaitre les grandes ficelles de la propagande nazie, ses techniques de manipulation de masse et ses coups médiatiques, La Fabrique du Mensonge s’attarde finalement presque plus sur la vie de famille de Joseph Goebbels que le reste. Comme si le spectateur en avait quoi que ce soit à faire que ce protagoniste soit un kiffeur de meuf. Et malheureusement, toute la première partie du film s’enlise dans ces sous-intrigues inutiles. On navigue entre les embrouilles de tromperies et les petits moments d’intimité avec le dictateur, sauf qu’en humanisant un peu trop ces figures sinistres, le cinéaste Joachim Lang finit par devenir contre-productif..

© La Fabrique Du Mensonge

Finalement, c’est à travers le montage et, par ricochet, ses images d’archives que La Fabrique du Mensonge remplit réellement sa mission. C’est froid, glaçant et terrifiant, rappelant nos cours d’histoire de l’époque et marquant surtout l’aspect tragique de ce tournant. C’est aussi le seul moment où le film montre réellement les effets de la propagande, en apportant des images factuelles. C’est là que réside toute la mécanique : tout passe comme une lettre à la poste, même l’horreur absolue. On y mesure à quel point ces fous ont réussi à s’accaparer l’opinion publique, mais pas vraiment comment.. Car quand on rebascule dans la fiction, le long-métrage est beaucoup moins inspiré pour illustrer le pouvoir de persuasion du personnage principal. Tout redevient plus terne, presque pas assez violent. Même l’interprète d’Hitler, Fritz Karl, parait moins cruel -en même temps difficile de faire mieux que l’original. La représentation du mal et du vice est finalement moins marquante qu’on ne l’attendait. Heureusement, La Fabrique du Mensonge possède un atout majeur : Robert Stadlober. Très impliqué et très généreux dans ce rôle dense, il s’adapte à chaque phase du récit, qui se déploie sur plusieurs années. Mais malgré cet acteur talentueux, le film n’exploite jamais ce tabou du mensonge, ce maquillage de la vérité. Il effleure le sujet du bout des doigts, toujours en préférant interroger l’impact des tromperies plutôt que leur construction. Résultat : le personnage principal semble recevoir ses idées comme tombées du ciel, sans que l’on comprenne leur origine. En cela, La Fabrique du Mensonge est très limité, et ne se contente que d’énumérer des faits comme un cours d’histoire un peu trop scolaire de 3eme B.

EN DEUX MOTS

La Fabrique du Mensonge ne sert pas à grand chose. Ses images d’archives sont finalement plus puissantes que celles de son récit de fiction, et le temps consacré à la vie personnelle de Goebbels manque d’intérêt. Heureusement, Robert Stadlober sauve la mise avec sa prestation.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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