SYNOPSIS
Lee, un écrivain, partage son histoire avec des étudiants américains installés à Mexico. Errant sans but dans les bars gays de la ville, sa vie prend un tournant décisif lorsqu’il rencontre le jeune Allerton. Fasciné, il développe une obsession pour lui, mais ce dernier repousse ses avances.

Malgré la complexité de leur relation, ils entreprennent ensemble une quête à la recherche d’une plante hallucinogène aux supposés pouvoirs télépathiques. Queer est un film italo-américain réalisé par Luca Guadagnino et écrit par Justin Kuritzkes, sorti en 2024. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de William S. Burroughs, publié en 1985. Le film est présenté en compétition à la Mostra de Venise 2024.

NOTRE CRITIQUE
Luca Guadagnino, c’est le genre de réalisateur qui en fait des caisses et qui se croit fin alors que son cinéma est aussi subtil qu’un Monster Truck. Lorgnant par moments vers la philosophie de comptoir, aux personnages perdus dans leur propre rapport au monde et à la sexualité.
Son nouveau film ne déroge pas à cette règle, reprenant tout ce qu’on peut ne pas aimer dans son travail. Et pourtant, on a la forte impression que son message passe mieux dans cette œuvre aussi onirique qu’envoûtante. Il pourrait même s’agir du meilleur film du cinéaste. Un gâchis que le film n’ait pas rencontré le succès escompté, ni trouvé une place forte dans les grandes cérémonies américaines. Queer, c’est le film qui frappe juste et qui règle les soucis de partis pris de Luca Guadagnino dans ses précédents films. Queer va jusqu’au bout de son sujet, assume ses différents choix scénaristiques et s’offre même le luxe de donner une dimension abstraite à son récit. Divisé en trois chapitres (par pitié, arrêtez avec vos projets chapitrés, cela ne rime à rien), le long-métrage commence par présenter le personnage excentrique de Daniel Craig. Un homme tout propre sur lui d’apparence. La dégaine du protagoniste rappelle inévitablement James Bond. Il a même gardé les mimiques et les magnifiques costumes qui arrivent toujours à le sublimer. Heureusement, l’écriture vient couper court à ce que l’on pouvait penser, même si le temps se fait parfois long..

Mais, le personnage campé par Daniel Craig s’avère est un vrai fou du bus, qui arpente les bars pour s’enfiler des litres entiers de Tequila en parlant philosophie. Tout ça, pour se finir à l’opium une fois rentré chez lui avec une conquête masculine d’un soir, qu’il aura tout fait pour ramener dans son antre. Cette première partie désarçonne et le montage tourne en rond. Où Luca Guadagnino veut-il en venir ? Les autres parties du film répondent à nos questions. Le rapport au corps ou le questionnement de soi, le film exploite via ses personnages tout un tas de thématiques par la caméra très abstraite d’un Luca Guadagnino que l’on sent plus sensible que jamais. Une sensibilité portée à l’écran de manière très curieuse, car il s’agit sans doute du film le plus intime du réalisateur italien. Queer assume ses personnages et par dessus tout assume leurs pulsions. Jamais des acteurs n’ont été aussi investis dans l’univers de Luca Guadagnino que dans Queer. Et qu’il est surprenant que ce soit Daniel Craig, le premier acteur à pleinement s’y coller. L’acteur britannique, ex agent 007, se débarrasse de son armure pour dévoiler son corps sous toutes les formes possibles dans des séquences enivrantes et passionnelles. Pas pour autant que le comédien laisse Bond derrière lui. Les costumes lui vont toujours à ravir et ses petites mimiques restent toujours les mêmes.
Daniel Craig délivre très certainement l’une de ses meilleures performances à ce jour et embrasse pleinement le personnage très déboussolant qui lui est donné. Le tout jusqu’à cette magnifique conclusion, qui confirme que le silence vaut mieux que mille mots..
EN DEUX MOTS
Queer, c’est le film d’un cinéaste que l’on oubliera. À tort. Luca Guadagnino signe ici son œuvre la plus sensible, la plus enivrante et la plus onirique. Malgré ses longueurs, il est compliqué d’affirmer que le réalisateur n’est pas allé au bout de sa pensée, contrairement à ses autres films. Daniel Craig y livre l’une de ses plus belles performances.
4
Les avis des autres rédacteurs
Abonne toi au site !
Ils en parlent également : Critikat, Trois Couleurs ou Bande à part


