CRITIQUE | FILM

THE LAST SHOWGIRL : Las Vegas Fardeau

Critique | La famille Coppola fait son retour sur nos grands écrans de cinéma. Gia Coppola dévoile son troisième long-métrage après Palo Alto et Mainstream. The Last Showgirl dresse le portrait d’une Amérique désenchantée, quand on s'éloigne du rêve et qu'on se rapproche de la désillusion..

SYNOPSIS

Depuis près de trente ans, Shelley exerce comme showgirl à Las Vegas, incarnant la vedette d’un spectacle emblématique de la célèbre « ville du péché ». Entourée de ses collègues danseuses, qu’elle considère comme une famille, elle mène une vie rythmée par la scène. Mais son monde bascule lorsque Eddie, le régisseur, annonce l’arrêt définitif du spectacle dans deux semaines.

© The Last Showgirl

Face à cette soudaine incertitude, Shelley et ses partenaires doivent envisager leur avenir. À 57 ans, n’ayant connu que la danse, elle se retrouve désemparée. Bouleversée par cette nouvelle, elle décide de tenter de renouer avec sa fille Hannah, qu’elle connaît à peine. Heureusement, elle peut compter sur le soutien indéfectible de sa meilleure amie Annette, une serveuse pétillante et exubérante.

NOTRE CRITIQUE

Avec la tronche d’un film signé A24 et le réseau de grand-père et tata, Gia Coppola signe déjà son troisième long-métrage, mais un peu dans l’indifférence totale.. Pourtant, The Last Showgirl a tout pour plaire sur le papier.

Une nouvelle exploration de l‘Amérique de la désillusion, avec un casting parfait, voire plus que parfait une fois qu’on plonge dans le film. The Last Showgirl déchire le rideau de la scène pour filmer les coulisses d’un show qui signe son dernier tour de piste, comme si le succès s’était évaporé en un clin d’œil. La réalisatrice Gia Coppola exprime un vrai rapport au temps dans ce nouveau projet, en exposant uniquement l’après-coup, sans trop en dévoiler. Et ça fonctionne, car on saisit rapidement et subitement l’inversion de la courbe de célébrité, accompagnée d’un constat amer qui gangrène l’ensemble des personnages. Le rapport au temps, mais pas que, car une multitude de générations semblent être prise au piège de ce show. Dans une ville qui incarne encore plus cette Amérique post-apogée, celle qui a connu son pic de gloire et qui est aujourd’hui souvent réduite à une caricature, la zone ringarde de US. Quand on pense à Las Vegas, on imagine des jetons qui puent le whisky et Elvis Presley qui tient à peine debout. Le cadre était donc bien choisi, tout comme le casting d’ailleurs. Pamela Anderson, qui vit presque intimement son rôle au travers de sa propre carrière, et Dave Bautista, qui a lui aussi vécu l’exploitation de son corps d’une autre manière. Celui du catcheur aux gros muscles uniquement convoqué pour les films d’action. Ici, ils apportent une profondeur palpable à leurs personnages.

© The Last Showgirl

Et pourtant, malgré toutes ces bonnes idées du premier acte, le show ne parvient jamais à nous faire crier wahoou. Déjà parce qu’il arrive après la bataille, et que le thème du rapport à l’âge ou de l’après-célébrité a déjà été largement essoré, comme par exemple dans The Wrestler. Mais aussi parce que le film ne fait que de tâtonner, sans cesse.. Il faut dire que Gia Coppola a plus hérité de Sofia que de Francis. On stagne dans un récit qui se contente de rabâcher, de réduire ses personnages à des souffre-douleur. Pas grand-chose de plus à extraire de bien intéressant. Trop apitoyant, souvent mou du genou, The Last Showgirl a ce don pour presque nous agacer à chaque tentative de mise en scène. C’est particulièrement le cas dans ses plans de transition insupportables, où Pamela Anderson déambule dans les rues de Vegas comme un zombie showgirl, sans que l’on comprenne vraiment l’intention de la réalisatrice. La conclusion n’échappera pas non plus à nos prémonitions assez évidentes. Ce qui contraste pourtant avec d’autres bonnes idées de « retenue » de la part Gia Coppola. Comme cette scène du dîner où l’on pense assister à un date mignon, pour finalement se retrouver face à un conflit familial qui réveille pas mal de traumatismes. Ce mini contrepied ne suffira malheureusement pas à alléger un récit empoté, qui manque aussi de personnalité dans sa réalisation. Dommage, car il y avait presque tout pour réussir (même le réseau familial).

EN DEUX MOTS

Tout était là pour un grand film, à commencer par un casting parfait. Et pourtant, Gia Coppola manque le coche par un gros manque de caractère et de personnalité. The Last Showgirl n’offre jamais le show attendu et force ses protagonistes à tourner la page dans une lamentation absolue, assez stérile, souvent laborieuse.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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