SYNOPSIS
Sans emploi et croulant sous les dettes, Armande Pigeon, 26 ans, tente de garder la tête hors de l’eau dans les méandres de Bruxelles. Entre petits boulots éphémères et fins de mois toujours plus compliquées, elle peine à trouver un équilibre. Son refuge ? Le jeu.

Une passion dévorante, un frisson qu’elle recherche sans cesse, quitte à s’aventurer sur des terrains glissants et à miser plus qu’elle ne possède. Car pour Armande, chaque pari est une opportunité, chaque risque, une promesse d’adrénaline. Tous les paris, ou presque… Il en est un qu’elle hésite encore à tenter, sans doute le plus audacieux de tous : celui de l’amour.

NOTRE CRITIQUE
Tout commence par un titrage pailleté. Ne vous y fiez pas, ce n’est pas le genre de film ultra girly (quoique). Mais en tout cas, Aimer Perdre est le parfait OVNI français de l’année 2025.
Un mélange disgracieux entre Les Beaux Gosses version plus âgée et des truands de la galère dans La Vengeance de Morsay. Oui, ce mix peut faire peur au premier abord, et pourtant, on se retrouve face à un petit bijou, un trésor en or plaqué bon marché que vous adorerez porter. Aimer Perdre commence dans l’absurdité totale, avec une séquence de compétition d’aérobaties à la corde –ne cherchez pas sur internet. Et l’absurdité, le film ne va plus jamais le lâcher. Au cours de ce week-end de galériens, on suit la plus grande des galériennes : Armande. Un personnage haut en couleur (c’est peu de le dire), mais qui, par sa spontanéité et son côté à la fois candide et nonchalant, offre un mélange irrésistible d’humour et de tendresse. Elle aura beau piquer dans les caisses de tous ses amis, on ne pourra jamais lui en vouloir. Et cela grâce à la superbe performance de María Cavalier-Bazan, signant son premier rôle par une empreinte assez insolite. L’humour est donc au rendez-vous dans ce film à la frontière de l’absurde psychédélique. On n’a rarement vu la galère aussi bien représentée au cinéma. Et pas celle de l’ennui sur un banc, non. Ici, Armande est sans emploi, mais elle vit pourtant une existence presque exceptionnelle. Elle rend sa situation exceptionnelle, malgré toutes les difficultés. Sa bonhommie efface tout, comme un réflexe de survie, presque automatique, qu’on peine encore à comprendre.

Et les réalisateurs vont plus loin en injectant une petite dose de critique capitaliste dans cette escapade déroutante. Car si Armande ne se soucie pas vraiment de sa situation, c’est aussi parce qu’elle est manipulée par l’appât du gain et du jeu. Comme si tout pouvait basculer pour elle du jour au lendemain, et que les sensations deviennent encore plus intenses. Aimer Perdre est enveloppé dans un cocon pop très coloré, où chaque idée de mise en scène est teintée de couleurs vives et aléatoires, comme un carnet de coloriage d’un enfant de six ans. Le non-sens des dialogues et des situations renforce encore plus ce caractère enfantin. Des adultes comme vous ne les avez jamais vus. Ce long-métrage de Harpo Guit et Lenny Guit présente aussi cette insouciance dans sa narration et se permet tellement de choses que cela en fait un film total. Par exemple de l’humour crado, comme quand on explose un bouton de pus en 4K sur écran géant. Il ne manque pas non plus de féminisme pour le coup, soulignant à quel point être une femme dans le milieu des truands en galère est certainement plus difficile que d’être un homme. Aimer Perdre est donc un film que vous risquez d’aimer, un véritable all-in cinématographique.
EN DEUX MOTS
Ovni plus coloré qu’un sol couvert de confettis incrusté par l’alcool, Aimer Perdre est à la fois grossier, insouciant et savoureusement impertinent. Un cocktail parfait pour rigoler au cinéma, bien incarné par une actrice au ton comique intégral.
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