CRITIQUE | SERIE

BLACK MIRROR S7 : une saison nerf

Critique | Après avoir choqué les abonnés Netflix en 2011 avec une affaire ministérielle "cochonne", Black Mirror entame déjà sa septième saison. Un retour plus proche de l'essoufflement que de la renaissance..

SYNOPSIS


Black Mirror est une série d’anthologie dystopique qui explore les dérives potentielles des technologies modernes et futures. Chaque épisode présente une histoire indépendante mettant en lumière les conséquences imprévues de l’obsession humaine pour le progrès numérique, souvent avec une atmosphère sombre et provocante.

© Black Mirror – Saison 7

La série questionne la frontière entre l’humain et la machine, les réseaux sociaux, la surveillance, l’intelligence artificielle et le libre arbitre. Créée par Charlie Brooker et d’abord diffusée sur Channel 4 de 2011 à 2014, elle a connu un succès international et est depuis 2016 (troisième saison) produite par Netflix.

NOTRE CRITIQUE

Quatorze ans que Black Mirror existe. Mais au moins dix ans que le choc s’émousse, saison après saison. Il est temps pour Charlie Brooker, créateur de la série, de boucler le concept. C’est le garage.

Car à part dévitaliser le projet de sa substance et trahir son essence, les nouveaux épisodes ne servent à rien. Pire, ils deviennent même contre-productifs, en s’opposant à l’impertinence qui faisait la force des premières saisons. Comme si Black Mirror cherchait à rester « in », à rester dans la lumière. Mais le miroir finit toujours par se briser sous le poids du trop-plein. La série n’a plus cette longueur d’avance, elle n’est plus si avant-gardiste : elle est rattrapée par son propre temps. Comme si les cauchemars numériques des premières saisons étaient déjà dans nos quotidiens et que les nouvelles idées du créateur n’étaient plus des présages, mais plutôt des tristes constats. Et quand on zoome sur cette saison 7 en particulier, c’est surtout l’irrégularité qui saute aux yeux. Elle oscille entre fascination pour ses épisodes réussis et déception chronique pour les autres. Le premier épisode, Des Gens Ordinaires, semble pourtant prendre une bonne direction : posant des questions existentielles sur la fin de vie et les dérives d’un modèle ultra capitaliste qui rode pour tout s’approprier. Bon présage pour la suite de la saison 7, mais de courte durée. Car Bête Noire, qui est pourtant le plus apprécié des épisodes de cette saison, plombe l’ambiance. L’épisode retombe dans les vieux travers avec ces raccourcis faciles, son manque d’inventivité, et une impression de déjà-vu partout.

© Black Mirror – Saison 7

Évidemment, cet épisode 2 est le plus commenté, parce qu’il est celui qui offusque, mais il ne propose rien de vraiment original. Sa dystopie de science-fiction se résume à une petite télécommande magique. C’est tout. On passera même par les motivations rabattues de la bully de lycée, et on oubliera vite cet épisode, qui ne survit que grâce à sa petite trouvaille marketing : « Bernies » ou « Barnies« –Rien à foutre. Hôtel Rêverie, quant à lui, s’offre une jolie esthétique, mais s’éloigne presque un peu trop du matériau brut Black Mirror. Du love bien loin du chaos qu’on aime voir dans la série. Même si celui-ci est porté par un bon casting. Ensuite De Simples Jouets. Bon l’épisode est débile donc n’en parlons même pas. Vient alors le meilleur de cette saison : Eulogie. Là, enfin, Black Mirror retrouve son processeur de compet. L’épisode explore une science-fiction de demain, et traite des thématiques inédites : souvenirs traumatiques, identité et madeleine de proust.. Tout cela dans un équilibre subtil entre mémoire matérielle et mémoire psychique, entre technologie et intériorité. C’est malin et ça fonctionne parfaitement. Mais malheureusement, la saison se conclut par une suite de l’épisode USS Callister.. dont on se serait bien passé. Sauf, peut-être, pour le plaisir de revoir Jesse Plemons et Cristin Milioti à l’écran.

À retrouver sur Netflix

EN DEUX MOTS

Black Mirror devient peu à peu la parodie d’elle-même, à répéter des saisons de moins en moins inventives, et surtout, de moins en moins visionnaire ou anticipatrice.. Il est peut-être temps d’appuyer sur le bouton off.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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