CRITIQUE | FILM FESTIVAL DE CANNES

THE PHOENICIAN SCHEME : Wes en personne !

Critique | Pour la deuxième année consécutive, Wes Anderson est en compétition officielle au Festival de Cannes. Avec The Phoenician Scheme, il est bien décidé à revenir avec ce qu'il maîtrise le mieux, et le résultat est plutôt convaincant (n'en déplaise à ses détracteurs de plus en plus nombreux).

SYNOPSIS


En 1950, Anatole « Zsa-zsa » Korda, un industriel mystérieux et l’un des hommes les plus riches d’Europe, survit à une nouvelle tentative d’assassinat (son sixième accident d’avion). Ses activités commerciales, d’une complexité extrême et marquées par une brutalité redoutable, ont fait de lui la cible non seulement de ses rivaux, mais aussi de gouvernements de toutes idéologies, et par conséquent, des tueurs à gages qu’ils emploient.

© The Phoenician Scheme

Korda est désormais engagé dans la phase finale d’un projet à la fois ambitieux et déterminant pour sa carrière : le Projet Korda, un plan d’infrastructure maritime et terrestre en Phénicie. Cette vaste opération vise à exploiter une région abandonnée depuis longtemps, mais dont le potentiel est immense. Le risque financier personnel est désormais énorme, et les menaces sur sa vie incessantes. C’est dans ce contexte qu’il décide de désigner et de former sa successeur : Liesl, sa fille de vingt ans (actuellement religieuse), qu’il a perdue de vue depuis plusieurs années.

NOTRE CRITIQUE


Après le laborieux et presque anecdotique Asteroid City, reparti bredouille de la Croisette en 2024, Wes Anderson revient avec un peu plus d’enthousiasme sur les bords de mer cannois.

Car The Phoenician Scheme renoue surtout avec le cinéma qu’on aime du réalisateur américain (et désormais un peu français aussi, puisqu’il réside à Paris). Il retrouve des thèmes qu’il maîtrise parfaitement, là où Asteroid City semblait les avoir laissés de côté. Cette fois, la structure centrale du film s’articule autour de la famille et de la religion, des sujets que Wes Anderson explore à nouveau avec intelligence. À l’instar de La Famille Tenenbaum, le réalisateur prend plaisir à peindre une famille, certes un peu plus spéciale cette fois-ci, mais qui se construit petit à petit au fil des minutes. Les relations, pour une fois, sont engageantes : le père et la fille se réconcilient peu à peu, l’assistant s’intègre à cette petite troupe, et le tout dans un enthousiasme qui colle enfin à l’esthétique léchée et colorée de Wes Anderson. Le mariage fonctionne là où le plombant Asteroid City repousse chaque couleur vive des décors imaginés par le cinéaste. The Phoenician Scheme reste certes didactique, mais il est avant tout un road movie à la trajectoire d’avion en papier, où l’aventure prend littéralement le dessus, portée par un enchaînement rocambolesque d’événements.

© The Phoenician Scheme

Le casting choisi par Wes Anderson est toujours aussi fourni, mais cette fois, il prend des décisions. En plaçant certains talents comme véritables seconds rôles attitrés, tout en mettant trois acteurs (Benicio del Toro, Michael Cera et Mia Threapleton) au cœur du récit, devenant ainsi les boules d’énergie de l’aventure. Enfin, il parvient à créer et à développer des interactions authentiques, à provoquer de l’empathie. Chose qui n’était pas vraiment le cas dernièrement dans sa filmographie.. C’est grâce à ces efforts et cette lueur d’espoir qu’il a réussi à convaincre ceux qui n’ont pas encore laché l’affaire avec son cinéma, malgré le fait qu’il soit reparti de Cannes sans aucun prix. Mais en même temps, c’est normal. Car The Phoenician Scheme n’est ni un renouvellement radical, ni un saut dans l’inconnu pour le réalisateur –Wes Anderson est bien trop trouillard pour ça. Le film offre simplement un retour bienvenu à ce que Wes Anderson fait de mieux, et il devrait ravir ses fans (pour ce qu’il en reste). Et si c’est peut-être peu pour Cannes, ça reste beaucoup pour Wes, finalement.

EN DEUX MOTS

Si les codes visuels de Wes Anderson sont figés dans sa pellicule, ce nouveau projet est en tout cas bien plus entrainant que son dernier. Surtout grâce à ce road trip familial où l’humour, et même l’action, planent tout du long.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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