CRITIQUE | SERIE

THE HANDMAID’S TALE S6 : le rouge vire au gris

Critique | Démarré en 2017, The Handmaid's Tale (ou La Servante écarlate) s’est rapidement imposé comme l’une des séries dystopiques les plus dures et les plus populaires de ces dernières années. Huit ans plus tard, le programme tire sa révérence au cours d'une sixième et ultime saison. Un final plutôt décevant.

SYNOPSIS


Dans cette dernière saison de The Handmaid’s Tale, les cicatrices de la guerre intérieure et les fractures politiques atteignent leur paroxysme. June Osborne, désormais en dehors des frontières de Gilead, reste hantée par son passé et déterminée à libérer ceux qui sont encore pris au piège. Alors que le Canada devient un nouveau champ de bataille idéologique, les tensions montent entre les réfugiés, les autorités canadiennes et les représentants de Gilead infiltrés.

© The Handmaid’s Tale – Saison 6

June se retrouve confrontée à un dilemme personnel : continuer la lutte armée contre Gilead ou protéger ce qu’il lui reste de famille et d’humanité. De son côté, Serena Waterford, isolée et affaiblie, tente de reconstruire son influence dans un monde qui ne lui offre plus les certitudes d’autrefois. Les résistances, aussi bien internes qu’externes à Gilead, s’organisent — mais à quel prix ?

NOTRE CRITIQUE

Adaptée du roman de Margaret Atwood, publié en 1985, la série a su tirer de cette œuvre toute sa puissance et sa dureté. Et c’est principalement à travers la technique que la série a su tirer son épingle, reposant sur une alliance rare entre esthétique sophistiquée, maîtrise du langage cinématographique et choix narratifs puissants.

Parce que The Handmaid’s Tale, c’est une composition d’images rigoureuse, presque picturale, et un symbolisme des couleurs fort. C’est un cadrage réfléchi, où les gros plans et les profondeurs de champs sont toujours pensés pour servir la narration. C’est une ambiance sonore oppressante, stratégique et souvent anachronique, qui crée de la tension et du contraste. Et c’est surtout l’acting saisissant d’Elisabeth Moss qui donne vie à l’ensemble de la série. Malheureusement, du point de vue de la narration, The Handmaid’s Tale, c’est également un programme qui s’essouffle au fil des saisons. Une série qui s’égare et qui cherche sans relâche une issue à la hauteur de ses débuts, sans réellement la trouver. C’est souvent le cas lorsqu’une série décide d’aller au-delà de sa source d’inspiration originale. Baisse de fréquentation oblige, la sixième saison est donc venue mettre un point final à ces huit années de lutte acharnée contre le régime totalitaire de Gilead. Une saison qui se focalise davantage sur les questionnements de June que sur la politique qu’elle combat. Malgré tout, la mise en scène soignée et efficace qui avait fait la justesse de ses aînées est toujours présente. Un soin encore plus remarquable lorsque c’est Elisabeth Moss qui est derrière la caméra, démontrant son attachement au programme et son amour pour lui.

© The Handmaid’s Tale – Saison 6

Parmi les aspects positifs, on retiendra également la continuité du développement parallèle entre June et Serena, toutes deux confrontées à une masculinité toxique, alors que l’une est la victime de l’autre. Des destins à la fois opposés et similaires qui continuent de croître en cette saison, et qui en font son atout majeur. Néanmoins, sur les autres plans narratifs, ce grand final a de tout petits bras, et cela commence dès les premiers épisodes. Une saison qui démarre en déconstruisant tout ce qui avait été mis en place auparavant. Elle enchaîne les allers-retours scénaristiques incessants, perdant énormément de temps et impactant directement la narration, qui, elle, subit un coup d’accélérateur incompréhensible. Un contraste qui entraîne certains personnages secondaires à prendre des décisions énigmatiques. Ou bien encore, qui retire l’intérêt d’autres, quasiment enlevé de l’équation. La saison est littéralement prise de court, ne sachant toujours pas comment conclure, alors que la deadline est définitivement posée. Elle s’enfonce alors dans des facilités scénaristiques parfois scandaleuses. Il n’y a plus suffisamment de temps pour explorer les enjeux sociaux, pour créer une intrigue politique, pour retrouver ce qui faisait le succès des premières saisons et qui nous faisait frissonner. Il ne reste que la vendetta de June, devenue le symbole de la rébellion contre tout un régime totalitaire, avec un plan qui ressemble à un parcours de santé. Six saisons et huit années pour se rendre compte qu’il était finalement si facile de le faire tomber, et que tout aurait pu se conclure en deux fois moins de temps.

Une fin qui se noie dans une narration sans subtilité, au regard naïf, qui a totalement perdu la conscience de son message et de la dureté de son propos. Tout cela pour aboutir à son dixième épisode, un grand best-of indigeste qui ne cherche pas du tout à clore le livre. Il est bien trop concentré à préparer le terrain du spin-off à venir. Cela intensifie notre frustration et condamne cette série à venir, tant la lassitude et la déception sont bien enracinées.

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EN DEUX MOTS

Saison finale décevante qui se débarrasse de toute intrigue politique pour se focaliser sur une vendetta qui accumule les allers-retours. Une conclusion qui continue de se chercher malgré le manque de temps, se laissant emporter par les facilités et la naïveté. Bien loin de la puissance de ses débuts, même si la mise en scène est toujours aussi soignée.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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