CRITIQUE | FILM

ELSE : déconfinement d’idées

Critique | Signant son premier long-métrage adapté d’un court, Thibault Emin nous propulse dans un monde apocalyptique expérimental où est abordée la crainte encore bien actuelle de l’émergence d’une pandémie mondiale. Un film de genre français assez osé et intriguant parmi les sorties du moment.

SYNOPSIS


Dans un futur proche, une épidémie mystérieuse se propage : un simple regard suffit pour que les êtres humains fusionnent avec les objets qui les entourent. Anx (Matthieu Sampeur), un jeune homme timide, et Cass (Édith Proust), une femme exubérante, viennent de se rencontrer et vivent leur première nuit ensemble. Alors que le monde extérieur sombre dans le chaos, le couple se réfugie dans l’appartement d’Anx, espérant échapper à la contamination

© Else

Mais la menace est omniprésente, et bientôt, Cass commence à se fondre lentement dans la pièce, mettant leur amour à l’épreuve. Anx doit alors choisir entre fuir ou s’adapter à cette nouvelle réalité.

NOTRE CRITIQUE


Grâce à un univers expérimental et organique, à mi-chemin entre celui de Michel Gondry, Le Règne Animal de Thomas Cailley et Tetsuo de Shin’ya Tsukamoto, Else parvient (malgré ces influences très fortes) à trouver sa propre identité tant par le message, que par la forme. Le sujet de la pandémie qui résonne évidemment encore avec celle du COVID est abordé de façon frontale, ce qui est assez osé sachant que notre société en garde les stigmates, et en cela, c’est assez bien exploité. D’ailleurs, Else peut se vanter de quelques points forts qui dénotent, comme les expérimentations visuelles, le film en est extrêmement riche, il se réinvente et mute continuellement. On passe par exemple progressivement d’une esthétique très colorée et dynamique au noir et blanc froid. Au fil du film, l’espace évolue et devient de plus en plus étroit. Les scènes de violences sont montées de manière saccadée, amenant une part d’étrange. Il y a également un gros travail du son autour des textures et des sensations, exacerbant l’atmosphère organique qui envahit de plus en plus l’espace de survie des personnages. En cela, tout est réussi.

© Else

Ces aspects, qui accordent la forme au fond de l’histoire, ont le mérite de nous captiver jusqu’au bout malgré des longueurs. Les dialogues sont aussi très intéressants, prenant souvent le spectateur au dépourvu par des tournures de phrases ludiques et inattendues, même dans les moments les plus dramatiques. En revanche, et c’est là où on pourra formuler quelques reproches, le jeu d’acteur est assez inégal et manque de subtilité, ce qui empêche de rentrer complètement dans le film et de s’attacher aux personnages. Si Matthieu Sampeur est assez bon, Edith Proust qui interprète Cass à un jeu très excessif et peu nuancé. On a aussi du mal à comprendre le fonctionnement exact de la maladie qui, transmissible par le regard, aurait dû à de nombreuses reprises les avoir infectés. Donc au final, la menace est inquiétante mais aussi.. peu crédible. Néanmoins, et malgré ces fragilités, Else reste terriblement marquant par sa patte audacieuse et sa bizarrerie plastique. Un long-métrage qui emmène le spectateur dans une expérience sensorielle habitée à l’écran, qui questionne la place de l’humain dans un monde en pleine métamorphose.

EN DEUX MOTS

Pour son premier long-métrage Thibault Emin, aborde à travers un huis clos apocalyptique et expérimental, la question de l’évolution et des craintes actuelles sur le plan de la santé. Un film anomalie qui ne laissera pas indifférent de par son étrangeté.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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