CRITIQUE | SERIE

THE STUDIO : une satire irrésistible

Critique | Le trublion d’Hollywood, Seth Rogen, s’offre un petit plaisir coupable sur Apple TV+ en pastichant le monde du cinéma et ses coulisses dans la ville où les fameuses grandes lettres blanches dominent les collines. Un pari cocasse pour une série qui a tout d’une réussite.

SYNOPSIS


À la suite du renvoi de Patty Leigh, Matthew Remick est nommé à la tête de Continental Studios. Cinéphile passionné et adepte du cinéma d’auteur, Matt hérite d’un studio hollywoodien sur le déclin qu’il va tenter de sauver, en affrontant la vision commerciale de son supérieur, Griffin Mill. Ce dernier mise tout sur un projet extravagant : un film centré sur la mascotte de la marque Kool-Aid, inspiré par le succès récent de Barbie.

© The Studio

Pris entre les caprices d’artistes égocentriques, les manœuvres de dirigeants sans scrupules et une pression constante pour faire des choix rentables, Matt joue chaque jour sa carrière. Pour lui, réaliser son rêve pourrait bien se transformer en cauchemar. The Studio est une série télévisée américaine créée par Seth Rogen, Evan Goldberg et Peter Huyck, diffusée depuis le 26 mars 2025 sur Apple TV+

NOTRE CRITIQUE

Les cinéphages et les cinéphiles vont se régaler avec cette nouvelle série signée Apple TV+. Et Seth Rogen, à l’origine du projet, peut lui aussi remercier la plateforme, qui semble lui avoir offert carte blanche –pour notre plus grand plaisir.

Avec la série The Studio, Seth Rogen (acteur, réalisateur et producteur) réunit tous les ingrédients cinéphiles pour concocter une première saison à la fois drôle et surtout très méta. Il y parodie avec enthousiasme un monde que nous-même nous fantasmons : celui d’un Hollywood, que l’on admire autant qu’on moque les excès. Mais la véritable force comique de The Studio réside surtout dans son point de départ narratif. Plaçant un « nobody » un peu ringard, mal-aimé et socialement à la traîne, propulsé à la tête d’un grand studio de cinéma. Il devient ce que tout cinéphile rêve secrètement d’être : un chef de grands producteurs, libre de choisir les meilleurs projets, les réalisateurs stars, les acteurs les plus bankables. Une véritable série RP fan de cinéma. Sauf que Seth Rogen oblige, rien ne se passe comme prévu. Très vite, la série glisse vers une satire irrésistible de l’envers du décor, détournant tous les aspects du 7e art pour mieux déconstruire ce petit monde. Matt Remick, que tout le monde esquive ou méprise parce que c’est le looser ultime pour eux, n’est finalement qu’un passionné –comme beaucoup de spectateurs qui lisent cette critique j’espère. Autour de lui gravitent des personnages aussi fatigants que ridicules, comme si Seth Rogen avait poussé à fond tous les curseurs du stéréotype que l’on prête volontiers à ces personnalités de l’industrie cinématographique. Et ça en devient hilarant. Le ton comique est renforcé par un rythme effréné, une caméra à l’épaule omniprésente, des plans-séquences à foison… Comme si c’était pas assez méta, au point de brouiller les pistes entre celui qui filme et celui qui est filmé.

© The Studio

Évidemment, la tonne de références et surtout la présence de nombreux guests qui se prêtent au jeu font de The Studio un petit ovni décalé, unique en son genre. D’abord parce qu’il faut avoir les connexions et le réseau pour ramener autant de personnalités –et même convaincre Martin Scorsese de verser une larme. Mais aussi parce que cela renforce l’aspect documentaire du projet, une sorte de « insider »où on prend un malin plaisir à découvrir les faces cachées de certaines grandes figures d’Hollywood. Toutes façonnées par les fantasmes, les rumeurs et les idées reçues. La série n’est pas parfaite, et on est un peu déçu que le meilleur épisode soit finalement l’épisode pilote. Mais quelle gourmandise on savoure, sans concession, grâce à ce format ultra court et ultra dynamique. Qui en plus, soulève quelques questions franchement intéressantes sur le métier et notre rapport à cet art. Peut-on faire un film grand public et de l’art en même temps ? C’est seulement après avoir vu Kool Aid qu’on pourra savoir. The Studio pue le projet de bande de potes, qui semble n’avoir connu aucune restriction. Même si par ce fait, on tombe quelques fois dans la private joke, et c’est aussi ce qui rend la série personnelle. On se sent presque privilégié de repérer une référence. Bref, le genre de série qui flatte notre ego de cinéphile tout en se moquant un peu de nous en même temps.

À retrouver sur Apple TV

EN DEUX MOTS

Petit plaisir coupable pour cinéphiles où Seth Rogen nous tord de rire avec son looser attachant, propulsé aux portes du grand Hollywood. C’est drôle et rythmé mais est-ce que l’effet cool(aid) tiendra jusqu’à une deuxième saison ?

3,5

Note : 3.5 sur 5.


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