CRITIQUE | FILM FESTIVAL DE CANNES

13 JOURS 13 NUITS : patriotisme mal placé

Critique | Présenté hors compétition à Cannes 2025, le nouveau film de Martin Bourboulon retrace l’évacuation chaotique de Kaboul en 2021. Entre thriller d'action et reconstitution historique, le cinéaste s’attaque à un sujet brûlant avec peut-être.. un peu trop d'ambition..

SYNOPSIS

Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le pays, les Talibans s’emparent brutalement de la capitale et prennent le pouvoir. En plein chaos, des milliers d’Afghans cherchent désespérément refuge dans l’un des derniers lieux encore sécurisés : l’Ambassade de France. À sa tête, le commandant Mohamed Bida et ses hommes tiennent leur position. Isolé, il prend la décision de négocier directement avec les Talibans afin de mettre en place un convoi de la dernière chance.

© 13 Jours 13 Nuits

À ses côtés, Eva, une jeune humanitaire franco-afghane, s’engage dans une mission périlleuse. Une course contre la montre s’engage pour tenter d’évacuer les réfugiés vers l’aéroport et échapper à l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard. Inspiré de l’histoire vraie du commandant Mohamed Bida, tirée du roman éponyme publié aux Éditions Denoël.

NOTRE CRITIQUE

C’est certainement le cinéaste français à la carrière la plus improbable et incompréhensible de ces dernières années. Martin Bourboulon, réalisateur des deux comédies potaches Papa ou Maman, du semi-biopic anecdotique Eiffel et du diptyque un peu foiré Trois Mousquetaires, revient avec un film basé sur le conflit géopolitique à Kaboul en 2021.

Un film d’action musclé, mais aussi une adaptation de l’autobiographie du personnage réel et central de l’histoire : Mohamed Bida. Projeté en séance spéciale hors compétition au festival de Cannes 2025, 13 Jours, 13 Nuits démarre sur les chapeaux de roues avec une première partie riche en tension, nous ramenant vers les meilleures heures du film Argo de Ben Affleck. Un rythme efficace pour des séquences pleines de suspense avec en son centre un Roschdy Zem convaincant. On constate également certains points d’amélioration concernant le cinéma de Martin Bourboulon. Il fait des efforts considérables depuis les faux plans séquences illisibles dans son projet cape et épées sorti il y a quelques années. Une mise en scène plus propre et plus recherchée, mais qui n’oublie pas de gagner en caractère. Car cette première partie nous immerge dans l’urgence et dans la dangerosité de la situation géopolitique qui se déroule sous nos yeux. Les nerfs sont tendus et chaque minute passée mène vers une impossible désescalade. Un rythme et une mécanique brillante qui fonctionne grâce au travail de reconstitution.

© 13 Jours 13 Nuits

Le problème en travers de notre route, c’est que le film se la joue très vite blockbuster américain.. En iconisant trop son personnage principal et en le faisant passer pour un emblème sans faille, une tête brûlée qui sauvera le peuple jusqu’à son dernier souffle. Et avec ça, le film prend une tournure assez gênante et maladroite. L’ensemble commence sévèrement à se caricaturer et à ressembler à un film d’action tout droit sorti sur une plateforme de streaming. Les personnages gouvernementaux se réduisent à des archétypes creux, et la sous-intrigue humanitaire portée par Sidse Babett Knudsen manque cruellement de consistance. La deuxième moitié du film, étrangement plus calme, tombe alors tête la première dans les clichés et un pathos appuyé que l’on pouvait redouter. Jusqu’au final qui n’hésite pas à rentrer dans le patriotisme absurde, quitte à y ajouter des violons. Finalement, 13 Jours 13 Nuits reste un thriller politique d’action convenable, qui aurait pu être plus qu’un film de gros bras, surtout pour représenter la France. Un coup d’épée dans l’eau qui offre cependant ses petits moments « Popcorns », mais qui sera complètement oublié dans les prochains mois.

EN DEUX MOTS

Un thriller politique et d’action un peu trop sage, qui tombe au fil de son récit dans un pathos assez dérangeant. 13 Jours, 13 Nuits démarrait pourtant sur les chapeaux de roues.. Assez efficace tout de même, mais ressemble plus à un film de plateformes.

3

Note : 3 sur 5.


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