CRITIQUE | FILM

JURASSIC WORLD : renouveau qui prend déjà l’eau

Critique | On pensait la saga Jurassic World terminée. En tout cas, après l'horrible Jurassic World : Le Monde d'après, on l'espérait. Mais il est clair qu'après les avoir déterrés, Universal ne semble pas prêt de sitôt à mettre en œuvre une nouvelle extinction de ces bons gros dinos. Avec Gareth Edwards en tête et Scarlett Johansson à bord, la promesse était assez alléchante pour rejoindre à nouveau le navire.

SYNOPSIS


Sept ans après la destruction d’Isla Nublar, les dinosaures, incapables de s’adapter aux écosystèmes modernes, s’éteignent peu à peu. Zora Bennett, une experte de renommée mondiale, est chargée d’une mission confidentielle : récupérer l’ADN des trois plus imposants dinosaures existants — le Mosasaurus, le Titanosaurus et le Quetzalcoatlus — tous regroupés sur une île isolée au large de la Guyane française, l’île Saint-Hubert.

© Jurassic World : Renaissance

Sur place, Zora et son équipe croisent Reuben Delgado et ses enfants, naufragés après le chavirement de leur bateau. Ensemble, ils découvrent les vestiges oubliés du tout premier laboratoire de Jurassic Park, créé par John Hammond. Ce lieu renferme des créatures hybrides, difformes ou mutantes, jamais révélées au monde… jusqu’à aujourd’hui.

NOTRE CRITIQUE

Il y avait de quoi espérer beaucoup de Jurassic World : Renaissance, surtout avec Gareth Edwards derrière la caméra. Après Monsters, Godzilla, Rogue One ou bien encore The Creator, le cinéaste avait prouvé qu’il savait filmer le gigantisme et conjuguer spectacle et émotion. Pourtant, son arrivée dans l’univers Jurassic ressemble davantage à une mise sous cloche de son talent qu’à une réinvention de la franchise.

Dès les premières minutes, un constat s’impose : Renaissance est un film accessoire. Il ne raconte rien de neuf, ne prolonge aucune piste ouverte des précédents opus, et donne même l’étrange sensation de rétro-pédaler dans une saga qui, de toute évidence, ne sait plus trop où elle va. L’idée de cohabitation entre humains et dinosaures ? Expédiée. La question de la génétique, du clonage et de ses dérives ? Évacuée. C’est comme si on assistait à un reboot non assumé qui nous fait perdre les pédales dans cette saga qui avance à l’aveuglette. La faute au scénario signé David Koepp, pourtant scénariste du Jurassic Park original, qui frôle ici le ridicule. C’est convenu, cousu de fil blanc, et incroyablement plat. La structure mécanique et répétitive rend l’intrigue paresseuse. Trois missions, trois morceaux de bravoure censés rythmer le récit, mais qui finissent par le rendre prévisible. Une intrigue simpliste qui vise simplement à conduire les personnages vers de nouvelles menaces et à multiplier les décors (Eau – Terre – Air) sans se casser la tête. Une approche laborieuse pour justifier des séquences d’actions. Des séquences qui, par ailleurs, manquent terriblement de tension. Trop vite expédiées, elles peinent à installer le moindre danger réel. Et ne parlons pas du fameux dinosaure hybride qui fait son apparition bien trop tard dans le film pour être vraiment intéressant et impressionnant. D’autant qu’il s’apparente plus à une créature de la Cantina de Star Wars qu’à un cauchemar jurassique. Côté personnages, ce n’est pas beaucoup mieux. Scarlett Johansson, Jonathan Bailey et Mahershala Ali forment un trio principal qui fonctionne grâce à une certaine alchimie, mais autour d’eux, c’est le désert. Les personnages secondaires sont inconsistants, parfois même franchement ridicules, en particulier cette famille embarquée dans cette histoire, sans logique narrative, qui semble être là uniquement pour justifier des séquences d’action. Leur intrigue secondaire est complètement inutile et tire même le film vers la parodie involontaire.

© Jurassic World : Renaissance

Et difficile de ne pas déplorer une bande originale sans relief, qui passe à côté de toutes les occasions de relancer l’émotion ou d’amplifier les moments-clés. Pourtant, même avec tous ces défauts, Jurassic World Renaissance n’est pas un mauvais film. En tout cas, il est loin d’être le pire opus de cette saga, qui semble avoir clairement fait le tour de son sujet. Ce qui fait la particularité du film, c’est probablement la lucidité de Gareth Edwards. Il est, semble-t-il, le seul à avoir saisi que la saga est morte. Il utilise la technique pour faire transparaître son sujet : les dinosaures n’impressionnent plus le grand public ! Il n’y a plus de frisson à voir un T-Rex rugir en gros plan ! Plutôt que de chercher l’impossible résurrection, Gareth Edwards préfère déplacer le curseur. L’horreur ne fonctionne plus ? Très bien, passons à l’aventure. Le film délaisse les codes de la peur viscérale au profit d’une tension plus directe, plus frontale, où l’utilisation de la menace par l’arrière-plan est exploitée à son maximum. Une décision déroutante mais plutôt efficace. Le gigantisme n’est plus sacré, alors autant en faire un décor plutôt qu’un objet de vénération. Le cinéaste tente de re-sacraliser le dinosaure, non plus par la peur et la grandeur, mais par la mise à distance, en le plaçant dans un cadre plus réaliste. Il filme les dinosaures non plus comme des créatures impressionnantes, mais comme des éléments sauvages, intégrés dans un monde devenu chaotique où chaque être possède une date de péremption. Son objectif est de reproduire la mécanique du premier Jurassic Park, de resserrer l’intrigue, de revenir à un lieu unique, tout en gardant à l’esprit que la saga est maintenant rincée à l’excès.

Gareth Edwards manipule convenablement cette réalité, ce qui offre une perspective nouvelle, où le film lui-même prend conscience de son propre épuisement mythologique. Et même au ralenti, il sait encore créer des images fortes, et certaines séquences se révèlent inventives et bien menées. Malheureusement, ce choix, audacieux sur le papier, reste trop timide à l’écran pour convaincre totalement, mais il a le mérite d’exister.

EN DEUX MOTS

Un épisode accessoire qui n’assume ni pleinement sa rupture, ni franchement son appartenance à la saga. Gareth Edwards, conscient de l’épuisement de la licence, cherche à la faire évoluer vers un film d’aventure plus sobre et frontal. Même si ce n’est pas toujours une réussite, la tentative mérite au moins d’exister.

3

Note : 3 sur 5.


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