SYNOPSIS
Superman se retrouve plongé dans des conflits aux quatre coins du monde, et ses interventions pour sauver l’humanité commencent à semer le doute. Sentant sa vulnérabilité, Lex Luthor, milliardaire de la technologie et stratège rusé, saisit l’occasion pour tenter d’éliminer définitivement Superman. Lois Lane, la journaliste audacieuse du Daily Planet, parviendra-t-elle, avec l’aide des autres méta-humains de Metropolis et du fidèle chien de Superman, à stopper Luthor et son redoutable plan ?

Ce film marque le début du DC Universe, un tout nouveau univers créé par James Gunn. Adapté du personnage de Superman issu de DC Comics, ce long-métrage fait partie du premier chapitre du nouvel univers DC, Gods and Monsters.

NOTRE CRITIQUE
Si vous n’avez toujours pas fait le deuil de la vision du Man of Steel de Zack Snyder et de l’interprétation d’Henry Cavill, alors ce film n’est clairement pas fait pour vous. Croyez-nous, nous en sommes à des années-lumière. Parce que James Gunn aborde Superman avec une véritable volonté de retrouver l’essence pop de l’icône : un symbole lumineux, populaire, presque naïf.
Et dans l’absolu, cette intention n’est pas pour nous déplaire. On ressent bien la patte du cinéaste, son envie de tordre les figures classiques de l’héroïsme. Dès les premières scènes, on sent qu’il veut proposer un héros plus léger, ancré dans une ambiance acidulée, fun, presque cartoonesque. Le film assume d’emblée sa tonalité pop, colorée, avec une bande originale efficace qui rythme l’ensemble avec énergie. Et visuellement, certaines séquences d’action sont franchement réussies. James Gunn s’autorise quelques trouvailles de mise en scène qui fonctionnent, donnant lieu à des envolées spectaculaires ou à des combats au découpage nerveux. Le film surprend aussi par son sous-texte politique. Dans une Amérique toujours marquée par l’ère Trump, voir un blockbuster aussi grand public se permettre des allusions aussi directes à l’actualité mondiale à quelque chose d’osé. Un discours sociétal actuel qui contraste habilement avec la légèreté évidente du reste. Cependant, cette belle façade ne justifie pas un tel manque de consistance. Parce que le film révèle rapidement ses failles. Le rythme, constant, ne connaît jamais de respiration, de rupture émotionnelle ou dramatique. Tout est sur le même ton, les scènes s’enchaînent mécaniquement, sans qu’on sente une montée en tension ou une véritable architecture narrative. L’intrigue donne l’impression d’être expédiée : on va d’un point à un autre sans justification sérieuse, donnant un aspect décousu. Comme si elle se refusait d’exister. Les séquences d’action, même réussies sur le plan visuel, sont souvent plaquées comme des parenthèses, sans réelle justification. En fin de compte, on assiste à une succession d’instants, mais jamais à un véritable film. Pour un long-métrage qui prétend établir les fondements d’un univers étendu, cela ne raconte finalement pas grand-chose.

Aucune direction claire n’est donnée sur les enjeux à venir, ni sur la place de Superman dans un ensemble plus vaste. Pourtant, ce ne sont pas les personnages qui manquent pour installer tout cela. Bien trop nombreux pour l’intérêt qu’ils ont, ils se marchent dessus sans qu’aucun ne trouve vraiment sa place. Certains, comme Guy Gardner ou Hawkgirl, sont réduits à des fonctions purement décoratives, quand d’autres peinent à exister dans le flot général. Seul Mister Terrific se démarque, avec une présence et une prestance plus marquée. Pourtant, le casting n’est pas le problème en soi : David Corenswet incarne un Superman parfaitement crédible, attachant et sincère, et Nathan Fillion, même s’il est accessoire, apporte une touche d’humour et d’ironie qui s’accorde parfaitement au ton général. Mais face à une écriture aussi pauvre, même les meilleurs finissent par se heurter à la vacuité de leurs rôles. C’est notamment le cas de Rachel Brosnahan, qui peine à incarner une Lois Lane convaincante. Obligée de composer avec une véritable faiblesse narrative, elle n’existe qu’à travers le duo qu’elle forme avec Clark/Superman, mais qui ne fonctionne que de manière superficielle. Le film ne parvient jamais à développer leur relation, ce qui la rend peu crédible. Peut-être que la faute réside dans le fait d’avoir négligé les origines des personnages et leurs débuts relationnels, ce qui génère de véritables vides scénaristiques.

Le film suppose qu’on sait déjà qui est qui, ce qui empêche toute attache émotionnelle. Quant à Nicholas Hoult, en Lex Luthor, même s’il n’est pas foncièrement mauvais, son sur-jeu permanent finit par nuire à la crédibilité du personnage. On sent une envie de proposer un méchant excentrique, borderline, mais sans nuances ni menace réelle, il devient surtout agaçant. Tout un tas de personnages sous-exploités, donc, qui laissent le champ libre à Krypto, le petit chien tout mignon, auquel le film consacre beaucoup trop d’espace pour rien. Enfin, « mignon », si on laisse de côté sa modélisation numérique horrible. Il devient rapidement un parasite plus qu’un atout, malgré quelques moments de comédie bienvenus. Reste un autre problème, plus fondamental encore : Superman lui-même. On ne parvient jamais vraiment à ressentir sa puissance. Il est souvent tourné en dérision, rabaissé, et ce n’est que dans une seule scène, qui ne dure que cinq minutes, qu’on réalise enfin l’étendue de ses capacités. À vouloir le rendre humain à tout prix, il finit par perdre son caractère mythique et se retrouve dénaturé de toute évolution. Il semble presque secondaire dans son propre film, freiné par un humour trop envahissant. Un humour qui réduit les enjeux déjà restreints et empêche toute gravité de s’installer.
Au final, ce film Superman (2025) apparaît comme un mélange inégal : d’un côté, l’envie sincère de renouer avec une figure emblématique et un ton pop assumée ; de l’autre, une écriture en dilettante, sans épaisseur ni rigueur narrative. Malheureusement, la sensation dominante reste celle d’une promesse entachée par une exécution superficielle. On ressort avec le sentiment que James Gunn s’est peut-être attaqué à un chantier trop grand pour lui seul, et que le DCU n’est toujours pas sur de bons rails..
EN DEUX MOTS
Un Superman fun et coloré, porté par un vrai désir de renouer avec l’icône pop. Mais malgré quelques scènes efficaces, le film souffre d’un récit creux, de personnages sous-exploités, de développements superficiels et de dialogues artificiels. L’ensemble amuse par moments, mais manque sérieusement de profondeur et échoue à établir les fondements de son univers.
2,5
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