SYNOPSIS
Tim et Millie, en couple depuis de longues années, décident de tout quitter pour commencer une nouvelle vie à la campagne. Mais alors que leur relation traverse déjà de fortes tensions, une entité surnaturelle vient transformer leur rêve idyllique en véritable cauchemar, mettant en péril leur amour, leur équilibre…

Together est un film d’horreur psychologique américano-australien écrit et réalisé par Michael Shanks, et sorti en 2025. Ce premier long-métrage du cinéaste a été présenté en avant-première au Festival du film de Sundance 2025.

NOTRE CRITIQUE
Le body horror trouve de nouveaux échos en ce moment, déjà renouvelé par Titane à travers sa quête d’identité inscrite dans la monstruosité corporelle ou par The Substance avec sa critique du culte de la beauté et de la jeunesse. Together s’en empare à son tour pour explorer une autre voie : celle de la co-dépendance amoureuse. Cette thématique résonne d’autant plus fortement que le duo Alison Brie et Dave Franco, au centre du film, est uni à l’écran comme dans la vie depuis plus de dix ans.
Car oui, l’union des corps prend racine au moment où le couple, Millie (Alison Brie) et Tim (Dave Franco), lors d’une balade, boit l’eau d’une grotte à l’origine aussi mystérieuse qu’inquiétante. L’eau, symbole des sentiments et de l’inconscient en psychanalyse, renvoie ici à cette quête d’intimité et de passion, qui se transforme rapidement en véritable descente aux enfers. Là où Michael Shanks excelle, c’est dans sa manière d’aborder ce thème sous un prisme horrifique : les peurs, les angoisses, les habitudes et même les risques du couple se condensent dans une seule scène — celle de la demande en mariage, érigée en gênance. Que reste-t-il d’un moi après un nous trop long ? Un couple enfermé dans le confort d’une union dépassée, où le désir s’est effacé pas à pas. C’est précisément ce que Together déploie à travers le cauchemar du trop-plein d’amour : s’effacer jusqu’à ne plus voir que l’autre. La fusion et l’unité, posées comme concept initial, irriguent déjà l’introduction pour nourrir un symbolisme — ou du moins offrir une clé de lecture — révélant toute la fragilité de cet amour. Cette connexion des corps, réactivée par une force mystérieuse dont le spectateur reste témoin impuissant, rallume une attirance qui s’exprime dans l’intime, notamment lors de la scène de la douche ou à l’école. Le film joue alors en permanence avec la frontière entre réalité et fiction, alternant séquences cauchemardesques (empruntant à l’imaginaire de l’exorcisme) et peurs plus concrètes.

Mais pourquoi Millie et Tim s’assemblent-ils, se collent-ils alors que leur relation n’a plus rien qui tienne ? (ils passent leur temps à ne pas se regarder, à se crier dessus, à se détester, en somme). Leur fusion apparaît comme une fatalité : ils ne peuvent l’empêcher, et elle incarne en réalité le caractère bancal de leur couple — se rapprocher pour combler le vide qui s’est creusé au fil du temps. Fusionner devient alors une réponse à la perte : l’illusion de l’éviter. Cette union forcée se matérialise par le body horror, jusqu’à nécessiter la violence d’une scie pour tenter d’y résister. Together s’empare de Platon en subvertissant l’idée de l’amour comme quête d’une unité perdue, celle de la recherche de sa moitié. Le film pousse cette allégorie platonicienne à l’extrême : ce n’est plus un idéal romantique, mais un véritable cauchemar corporel. Le cinéaste américain y met en scène un amour évolutif, changeant, qui s’intensifie, mute et se transforme sans cesse. Reste alors une question centrale : est-il possible de demeurer soi-même, de préserver sa part d’individualité, tout en étant en couple ? Together joue entre philosophie de Platon et exploration des sens par cet accrochage corporel.
EN DEUX MOTS
Together déploie une étrangeté qui puise dans les codes du body horror et du drame psychologique, avec une idée séduisante pour un premier film, portée par un Dave Franco dans un registre inédit. Mais le film perd de son allure dans sa seconde partie.
3
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