SYNOPSIS
En quête d’inspiration, Clarissa, romancière en panne d’idées, intègre une résidence d’artistes à la pointe de la technologie. Elle y découvre Dalloway, une assistante virtuelle qui devient rapidement plus qu’un simple outil : une alliée, presque une confidente, qui l’accompagne dans son écriture.

Mais l’aide bienveillante tourne peu à peu à l’intrusion. Les mises en garde complotistes d’un autre résident renforcent le malaise de Clarissa, qui finit par se croire épiée. En secret, elle entreprend alors de percer les véritables intentions de ses hôtes. Est-elle réellement en danger… ou prisonnière de sa propre paranoïa ?

NOTRE CRITIQUE
Après Visions en 2023, le réalisateur français Yann Gozlan revient avec Dalloway qui tente de rectifier le tir, en s’appuyant sur un sujet actuel et prometteur. Mais le tout sonne déjà comme une proposition très ennuyeuse qui ne fait qu’accentuer la dégradation du metteur en scène..
Dalloway avait tout pour intriguer : un sujet actuel et passionnant, celui de l’impact de l’intelligence artificielle sur l’art et sur nos vies, et un univers futuriste plutôt cohérent. Et il faut reconnaître que Yann Gozlan s’est réellement donné les moyens de créer un univers futuriste séduisant. Les décors sont conçus dans un minimalisme esthétique, à la fois épurés et oppressants, ce qui reflète bien cette idée d’un futur où l’IA a effacé toute singularité. On sent une vraie réflexion dans la manière dont l’architecture traduit les dérives de l’IA : elle incarne l’absence de personnalité, la déshumanisation. Mais là où les décors racontent véritablement quelque chose, le scénario, lui, s’éparpille dans toutes les directions. Plutôt que d’approfondir son sujet principal, Dalloway explore de multiples pistes : complot technologique, pandémie mondiale, réchauffement climatique, drame intime avec le décès du fils de Clarissa… À force d’accumuler, le récit perd toute cohérence. On ne sait plus très bien ce que l’on regarde, ni quel est l’enjeu. L’histoire finit par se diluer, et on perd rapidement le fil. Le cinéaste français semble avoir peur de s’en tenir à une seule ligne narrative. Une peur qui se manifeste également dans la gestion du rythme. Yann Gozlan maintient une tension constante, frileux que le spectateur abandonne tout intérêt.

Ce qui se produit finalement, car cette tension constante, artificiellement gonflée, finit par étouffer le propos. Il n’y a jamais de respiration, jamais de montée graduelle : tout est immédiatement hystérisé, sans construction. Plutôt que de ressentir une angoisse grandissante, on a juste le sentiment d’un thriller qui force le trait. C’est d’autant plus regrettable que le minimalisme des lieux aurait pu instaurer une certaine claustrophobie, une intensité dramatique, mais mal exploité, cela ne suscite qu’une certaine lassitude. Heureusement, du point de vue de l’interprétation, Cécile de France sauve les meubles. Elle parvient à donner du corps à son personnage, malgré une écriture un peu superficielle. Son jeu transmet une paranoïa crédible, en contraste avec l’aspect artificiel de l’univers, et apporte un peu d’intérêt à l’ensemble. On sent chez elle une tension intérieure qui fonctionne mieux que la tension forcée imposée par la mise en scène. De son côté, Mylène Farmer, dans son rôle de voix synthétique, s’en sort étonnamment bien. Elle parvient à transmettre une émotion discrète tout en maintenant cette froideur robotique, ce qui ajoute également un peu de vie à cette histoire ennuyeuse. C’est d’autant plus évident qu’à côté d’elles, c’est la débandade totale. Les seconds rôles sont souvent inutiles et mal écrits, et les acteurs qui les interprètent ont du mal à rendre leurs personnages crédibles.
En fin de compte, ce qui est le plus embarrassant, c’est que Dalloway semble convaincu de proposer une intrigue novatrice et visionnaire. Alors que cette conviction ne repose en fait que sur des clichés déjà vus ailleurs, souvent mieux appréhendés. On peut anticiper les rebondissements bien avant qu’ils ne se produisent, et le film finit par ne proposer ni surprise ni véritable sujet. Une opportunité manquée qui s’effondre sous le poids d’une ambition mal maîtrisée.
EN DEUX MOTS
Bien que l’univers visuel soit soigné, Dalloway se perd complètement en route. Trop d’intrigues inutiles, une tension forcée, des personnages secondaires inexistants et un scénario prévisible. On voulait une vraie réflexion sur l’IA et l’art, on se retrouve avec un thriller brouillon qui ne va nulle part.
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