CRITIQUE | SERIE

ALIEN EARTH : la honte de la saga

Critique | Saga mythique du cinéma, presque parfaite, malgré la multitude de cinéastes passés derrière la caméra, Alien repose sur un lore d’une richesse inestimable. Il n’en fallait pas plus pour que Disney choisisse de jouer avec le feu et libère de son cocon la créature la plus infect de la saga : Alien: Earth.

SYNOPSIS


2120. La Terre n’est plus dirigée par des nations, mais par cinq mégacorporations : Prodigy, Weyland-Yutani, Lynch, Dynamic et Threshold. Dans ce monde hyper-technologique, humains, cyborgs (êtres mi-organiques, mi-artificiels) et synthétiques (androïdes intelligents) coexistent tant bien que mal. Mais tout bascule lorsque Prodigy Corporation, menée par un jeune PDG visionnaire, dévoile une avancée sans précédent : les hybrides. Des humanoïdes synthétiques dotés d’une conscience humaine. Le premier prototype, Wendy, incarne cette promesse d’immortalité.

© Alien Earth

Peu après, le crash inexpliqué d’un vaisseau Weyland-Yutani aux abords de Prodigy City entraîne une intervention militaire. Sur les lieux, une jeune femme et son escouade découvrent une présence extraterrestre aussi fascinante que terrifiante… Une menace inédite pour l’humanité. Alien Earth est un prequel se déroulant deux ans avant les événements du film culte Alien de Ridley Scott (1979).

NOTRE CRITIQUE

Alien est sans conteste l’une des sagas de cinéma les plus iconiques. D’abord grâce au travail monumental de Ridley Scott, qui, au fil des années et même des décennies, réinvente son monstre. Plus tard (ou entre), d’autres cinéastes s’y sont également essayés, apportant chacun à leur manière une touche personnelle, sans jamais vraiment trahir l’esprit du huitième passager.. Du moins, jusqu’à ce que Disney prenne les commandes du vaisseau..

D’une certaine manière, Alien Earth partait déjà mal. Redéfinir le lore d’Alien dans un format série tv implique d’emblée de diluer l’expérience en épisodes de 50 minutes, sur une saison, voire plusieurs. Donc quelque part, exit la montée en tension originelle où les vaisseaux spatiaux deviennent de véritables tombeaux, et où chaque personnage tremble pour sa survie. Alien Earth dénature tellement le matériau d’origine qu’il place l’action… sur Terre, chez nous. Un sacrilège, quand on sait que la magie de cette saga naît bien au-dessus de nos têtes, à des années-lumière d’ici. C’est justement ce qui rend la saga Alien si puissante. Une histoire d’extinction humaine confinée à un petit vaisseau, qui menace en arrière-plan la planète entière et remet en question notre existence. Une sorte de sursis, un présage funeste sur l’homme et, plus largement, sur la création. Ici, tout ça est balayé. Le sous-texte pensé et peaufiné par Ridley Scott s’évapore dans le vide spatial dès le premier épisode. L’alien débarque aux États-Unis et massacre une foule d’anonymes, comme si la série n’était qu’un vulgaire spin-off d’une série B d’horreur. Puis, on plonge dans une course à l’armement technologique entre les différents puissants de ce nouveau monde. On essaye maladroitement de rattacher tout ça aux anciens projets, mais les connexions sonnent fausses..

© Alien Earth

Et même les bonnes idées deviennent des handicaps. Les enfants hybrides paralysent tout le récit avec des séquences d’acting aussi lourdes qu’affligeantes. Pire, l’alien devient leur petit toutou, celui qu’on vient de recueillir à la S.P.A. Difficile de se souvenir d’un affront plus flagrant au cinéma ces dernières années. Le créateur Noah Hawley exploite trop de chemins et laisse des indices partout. Sauf qu’on fait une indigestion de ce récit aussi brouillon que prétentieux. Alien Earth est la bête trop parfaite de la saga. Chaque plan, conçu avec une froideur de clinique médicale, a des airs de publicité Dolce & Gabbana : laboratoires aux couleurs gris métallique, extérieurs d’un vert artificiel… Peut-être une intention d’imposer au spectateur la perfection que recherche l’antagoniste principal ? Mais ce serait lui prêter trop d’intelligence au vu la bêtise de certains choix scénaristiques.. Dans tous les cas, l’essence même d’Alien s’est évaporée dès le crash du vaisseau Weyland. Cette intrigue terrestre a rendu l’aliénation trop soft et la tension inexistante. On retrouve bien, par fragments, quelques thématiques déjà abordées dans la saga. Notamment la question de la création, poussée un peu plus loin que dans Covenant. C’est intrigant sur le papier, et plutôt facile à vendre à des nulos de Disney, mais dans les faits, presque tout est raté. La détestation des personnages est immense. On s’attache presque plus au gamin businessman pourri gâté qu’aux jeunes-adultes impertinents. Encore plus quand on apprend que Sydney Chandler, actrice principale dans la série, est la fille de Kyle Chandler -Hello, i’m a nepo baby.

Même quand il s’agit d’être un peu gore, ils n’y arrivent pas. Pourtant, même des incompétents sont capables de faire gicler quelques gouttes de sang. Mais pour ce reproche-là, c’est certainement à cause de contraintes imposées par la plateforme de diffusion. Ce qui prouve au passage qu’une série n’est sans doute pas le format adéquat pour Alien. L’essence du huis clos et de la claustrophobie s’évapore quand chaque épisode est séparé d’une semaine d’attente. Tout se dilue. Mais bon, dans Alien Earth, on dilue le pipi dans le vomi, alors à quoi bon ?

À retrouver sur Disney Plus

EN DEUX MOTS

Alien Earth est le petit raté de la famille. Disney+ réussit l’exploit incroyable d’aseptiser et de décodifier un univers qui, rien que par le lore de Ridley Scott, a tout pour susciter la peur, la tension et la suffocation. Comme quoi, transposer le cinéma en série tv n’est pas toujours (ou plutôt jamais) une bonne idée.

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Note : 2 sur 5.


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