CRITIQUE | FILM

L’HOMME QUI RETRECIT : un grand petit film

Critique | Après cinq années d’absence, Jan Kounen revient au cinéma. Et pour marquer le coup, il a trouvé une idée géniale pour les français : rétrécir Jean Dujardin… jusqu’à ce qu’on ne l’entende plus parler de pâté ou de baguette.

SYNOPSIS

Nouvelle adaptation du roman culte de Richard Matheson, L’homme qui rétrécit nous plonge dans le destin de Paul, un homme ordinaire qui partage son temps entre son entreprise de construction navale, sa femme Elise et leur fille Mia. Lors d’une sortie en mer, Paul est exposé à un mystérieux phénomène météorologique. Peu après, il constate qu’il diminue inexorablement de taille, sans qu’aucune explication scientifique ni aucun remède ne puissent l’aider.

© L’Homme qui rétrécit

Piégé par accident dans sa propre cave, réduit à quelques centimètres, il doit affronter un environnement familier devenu terriblement hostile et lutter pour sa survie. Au fil de cette épreuve, Paul se confronte à ses peurs, à son humanité, et s’interroge sur le sens même de l’existence. L’homme qui rétrécit est à la fois un récit initiatique et une grande aventure humaine.

NOTRE CRITIQUE

Petite plage française, grande maison d’architecte et taille parfaitement normale de Jean Dujardin. En tout cas, au début du film. Car L’Homme qui rétrécit reprend évidemment cette histoire de Richard Matheson traitée en 1956 : celle d’un homme ordinaire qui rapetisse sans raison apparente, jusqu’à devoir se battre contre le gros chat de la maison. Bonne idée de réadapter ce grand récit au cinéma ? Pas sûr. Mais quand on y associe le nom de Jan Kounen derrière la caméra, le projet prend tout de suite une autre dimension –t’as vu la bête de phrase. Le cinéaste, qui se fait rare depuis Mon Cousin en 2020, possède ce talent singulier pour imprégner ses univers d’une mise en scène graphique, d’une atmosphère décalée et d’y imprégner tout un tas de symboles évocateurs. C’était le cas avec 99 Francs, où il faisait grincer des dents avec les clichés du monde de la publicité –déjà avec Jean Dujardin d’ailleurs. Ou encore avec Dobermann, film de gangsters explosif et absurde. Avec L’Homme qui rétrécit, Jan Kounen se montre un chouia moins impertinent, mais toujours intéressant, plutôt par la maîtrise technique que par l’audace visuelle. Un projet donc plus accessible, et peut-être plus « mainstream ». Certains y verront un style un peu inhibé, d’autres, un retour aux basiques essentiel pour une histoire qui méritait un petit rafraîchissement pour petits et grands.

© L’Homme qui rétrécit

D’autant plus que L’Homme qui rétrécit est irréprochable sur les effets numériques. On est même surpris par la qualité de certains plans. L’incrustation de Jean Dujardin au fil de l’histoire et des séquences est parfaite. Son personnage rétrécit progressivement, le choc visuel augmente au fil des minutes. Car forcément, l’échelle de cette cave, qui devient petit à petit une gigantesque pièce remplie de pièges, renforce l’immersion et l’intérêt du spectateur. On vit, on ressent, on voit comme lui cette perte de taille, ou plutôt ce monde qui grandit autour de lui. Même si Jan Kounen n’exploite pas au max le potentiel du sujet, par peur de tomber dans le schéma répétitif de l’épreuve, il préfère ici développer (avec parcimonie) la psychologie de son protagoniste. Un juste milieu efficace, sans pour autant transcender le scénario, qui n’est pas forcément « petit », mais plutôt maigre. Jean Dujardin, comme souvent, est là où on l’attend, avec la performance que l’on attend. Pas grand-chose à lui reprocher, il est taillé pour ce type de rôle : le français ordinaire qui aime la charcuterie et le vin rouge. En fait, L’homme qui rétrécit est presque trop court, un long-métrage qui plonge trop vite dans son dispositif technique alors qu’on aurait aimé plus de matière au socle narratif et émotionnel. On sent que Jan Kounen n’a que faire de livrer une histoire parfaitement construite. Lui, ce qui l’intéresse, c’est le phénomène, et le résultat visuel pour le coup.

EN DEUX MOTS

Sympathique exercice de style, qui brille surtout par la qualité remarquable de ses effets visuels. Jan Kounen réussit à insuffler une vraie immersion par sa mise en scène toujours aussi inspirée. Bonne surprise de fin d’année.

3,5

Note : 3.5 sur 5.


Abonne toi au site !

Ils en parlent également : IGN, Premiere ou Le Temps

(1 commentaire)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.