WICKED 2 : for good or not ?

SYNOPSIS

Depuis qu’elle s’est opposée au Grand Magicien et qu’elle a fui dans la forêt, Elphaba est désormais connue par les habitants d’Oz comme la Sorcière de l’Ouest. Elle mène un soulèvement contre le Magicien et dévoile le grand mensonge qui entoure son pouvoir. De son côté, la“Bonne” Glinda devient l’alliée officielle du Magicien et soigne son image auprès du peuple. Au cœur de ce chaos féérique, leur amitié tente encore de survivre, aux portes du désenchantement.

NOTRE CRITIQUE

Si la suite tant attendue de notre duo magique, incarnant à merveille la composition rose et vert, débarque enfin sur grand écran, elle peine pourtant à décoller et à atteindre les sommets de gravité de son premier chapitre.

Le problème ne vient en rien des décors, véritables matrices de l’univers d’Oz : des prairies colorées qui longent le royaume, aux intérieurs du château sublimés par le mariage de Glinda entourée de millions de pivoines roses, sans oublier une profusion de jeux de lumière sur des interfaces multiples. Les couleurs y sont peut-être moins éclatantes que dans la première partie, mais la colorimétrie gagne en harmonie. Il n’est pas non plus question de blâmer le travail des costumiers, qui livrent à nouveau une création exceptionnelle : des robes tour à tour flamboyantes ou austères, parfaitement adaptées à l’anti-héroïne qui les porte. Impossible d’oublier de sitôt la robe de mariée de Glinda, véritable pièce maîtresse dans un cadre quasi onirique. Ce qui chagrine, c’est la perte de magie de l’univers, non pas au sens littéral (Elphaba ne perd pas ses pouvoirs dans ce second volet, rassurez-vous), mais une perte de clarté narrative, sacrifiée au profit d’une abondance de performativité. Les numéros musicaux ne sont pas malvenues, mais l’énergie déployée semble parfois trop amplifiée pour être réellement crédible. Le nombre de scènes où Ariana Grande pleure sans nécessité tangible finit par déstabiliser, et il ne s’agit plus ici de l’hypersensibilité légendaire de Glinda.

En revanche, la tournure que prend cette suite, beaucoup plus politique, avec un focus sur la xénophobie à travers une nouvelle structuration de la société et le pouvoir de l’opinion publique, offre un véritable miroir de certains aspects de notre monde actuel. C’est un point positif qui se voit toutefois atténué par une écriture plus légère que celle du premier volet. Il reste pourtant difficile de comparer les deux films, le précédent ayant été tourné simultanément et constituant seulement la deuxième pièce du puzzle. Wicked II n’atteint ni l’intensité de ses messages ni la force des prestations de son prédécesseur : toutes les cordes de l’arc ayant déjà été tendues, il ne reste plus qu’à les relâcher. Malgré cela, les longueurs sont nombreuses, bien plus que dans la première partie, et il faut attendre près de 45 minutes avant d’entrer véritablement dans le cœur de cette conclusion. Aucune chanson ne possède une matière ou une puissance suffisante pour contrebalancer ce déséquilibre de rythme, et même For Good n’y parvient pas. Résultat : on quitte la salle ni marqué, ni pleinement réceptif.

EN DEUX MOTS

Même si cette suite désenchantée cherche à briser l’idylle du musical en explorant son ombre, elle atteint des sommets sur le plan artistique (costumes et photographie offrant une forte puissance visuelle et symbolique), mais peine à décoller sur le plan narratif, alourdissant certaines séquences sans véritable raison. Une recette où les contenus semblent diminués, laissant le spectateur moins réceptif.