CRITIQUE | FILM

ROSALIE : le féminisme au poil

Critique | En clôturant l'année 2023 sous les applaudissements et les multiples prix pour 'Anatomie d'une Chute', la représentation féminine est en force, l’occasion aussi d’attaquer 2024 avec beaucoup de projets réalisés par des femmes et pour des femmes. 'Rosalie' de Stéphanie Di Giusto en fait clairement partie.

SYNOPSIS

Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870, mais ce n’est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. De peur d’être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, l’épouse pour sa dot sans savoir son secret.

© Rosalie

Mais Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence qu’elle ne veut plus cacher. En laissant pousser sa barbe, elle va enfin se libérer. Elle veut qu’Abel l’aime comme elle est, alors que les autres vont vouloir la réduire à un monstre. Abel sera-t-il capable de l’aimer ? Survivra-t-elle à la cruauté des autres ?

NOTRE CRITIQUE

Pour son second long-métrage après La Danseuse en 2016, Stéphanie de Guisto s’intéresse à un autre portrait féminin fortement inspiré du vécu de la célèbre femme à barbe du XXe siècle : Clémentine Delait. Le film est intrigant tant par son sujet que par son casting de qualité, réunissant Nadia Tereszkiewicz et Benoit Magimel, deux acteurs ayant démontré ces dernières années leur capacité à incarner une variété de rôles complexes.

Avec ce sujet original et dans l’ère du temps par sa dimension féministe, il y avait une bonne base pour en faire un film intéressant. Si l’on devait retenir un aspect en particulier, ce serait la performance remarquable de Nadia Tereszkiewicz, que les spectateurs auront peut-être déjà eu le plaisir de découvrir dans Babysitter, Les Amandiers, Mon Crime et L’île Rouge. Malgré son jeu parfois légèrement « naïf », elle parvient à émouvoir grâce à sa voix claire et à une grande justesse qui ne manque pas de toucher le public dans Rosalie. Effectivement, Nadia Tereszkiewicz porte le film en faisant preuve d’une expressivité assez incroyable et son charisme crève l’écran. Ce qui se marie à la perfection avec l’écriture sensible de la réalisatrice Stéphanie de Guisto. Cette dernière traite avec grande bienveillance son propos, mais si l’attachement envers sa protagoniste est immédiat, on ne peut pas en dire autant des personnages secondaires qui tombent vite dans des clichés et manque de développement à beaucoup d’égard.

© Rosalie

De l’autre côté, on retrouve le célèbre Benoît Magimel. Avec une prestation beaucoup moins variée, l’acteur propose un seul ton et très peu de nuances tout du long de Rosalie. Ce qui lui fera finalement défaut, car il ne prend aucune dimension réelle dans l’intrigue et ne connaît pratiquement pas d’évolution (ou en tout cas, on peine à y croire ce qui finit par devenir assez pénible au fil du visionnage). Par ailleurs, le film s’étire en longueur et les enjeux semblent être désamorcés avant même d’avoir pu prendre une réelle ampleur, ce qui rend difficile pour le spectateur de s’investir pleinement dans l’histoire. Heureusement, certains costumes du long-métrage réussissent à créer une vraie atmosphère au milieu de ces quelques défauts. Surtout quand on y associe l’aspect naturaliste du film avec de nombreuses scènes tournées en pleine nature, au fond d’une forêt très calme par exemple. Mais si l’on devait résumer ces deux heures de visionnage, on ne pourrait cacher notre petite déception, car au vu du potentiel du sujet et des acteurs, on s’attendait forcément à un film plus abouti et plus ambitieux. Dommage. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Les enjeux sont concrets, le sujet est original et dans l’ère du temps, mais l’approche reste maladroite et souffre de trop de soucis de rythme pour l’apprécier complètement. On retiendra de magnifique costumes, une direction artistique extrêmement soignée et surtout la performance de Nadia Tereszkiewicz, qui porte le film tout du long.

3

Note : 3 sur 5.


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