CRITIQUE | FILM

THE SWEET EAST : Lillian au pays des merveilles

Critique | Le directeur de la photographie Sean Price Williams réalise pour la première fois, avec Nick Pinkerton au scénario. The Sweet East offre une distribution surprenante, avec Talia Ryder et Jacob Elordi, pour un road trip captivant, mais pas sans défauts..

SYNOPSIS

Lors d’un voyage scolaire, Lilian, une adolescente, décide de fuguer. Au cours de son périple, elle fait des rencontres qui lui révèlent un univers inattendu. Les divisions mentales, sociales et politiques des États-Unis prennent vie, se dévoilant comme un conte fantastique ou une adaptation contemporaine d’Alice au pays des merveilles.

© The Sweat East

The Sweet East, un drame américain dirigé par Sean Price Williams marque le premier long-métrage de ce réalisateur, écrit par Nick Pinkerton. Le film a fait ses débuts en avant-première lors de la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2023 et a été honoré du Prix du Jury au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023.

NOTRE CRITIQUE

Au travers de ce film très séducteur par son aspect déjanté, mi-fable expérimentale, mi-critique sociale, le réalisateur Sean Price Williams aborde une Amérique dans ses extrêmes. Le film est à la fois une agréable surprise sur beaucoup d’aspects, mais aussi problématique sur d’autres. On peut le voir évidemment comme une variation d’Alice au pays des merveilles, à la sauce trash, où Lilian incarne donc Alice qui en suivant le lapin blanc (ici un anarchiste décoloré en marge) se retrouve entraînée dans une traversée du sud de l’Amérique ponctuée par des rencontres plus loufoques les unes que les autres. Le charisme de Talia Ryder (qui tient ici son premier rôle principal) fascine, mais malheureusement on ne comprend pas du tout les enjeux de son personnage, qui ne sont jamais vraiment explorés. Elle incarne une adolescente flegmatique au regard railleur, mais passé cette surface, on ne reconnaît aucune évolution et son rôle est finalement extrêmement passif : elle se contente juste de suivre des inconnus et presque exclusivement des hommes..

© The Sweat East

Ce qui est dommage, car le postulat de découvrir cette Amérique au bord de l’explosion d’un point de vue jeune et féminin est une idée vraiment intéressante, pourtant Lilian ne reste qu’un objet de désir pour les autres personnages et jamais plus. Post-visionnage, on ne peut s’empêcher de penser que le film passe à côté de son sujet ou du message qu’il voudrait transmettre. Néanmoins, il est extrêmement riche en propositions visuelles, on sent une envie constante de surprendre le spectateur, le visionnage devient assez jouissif, digne d’un excellent film indépendant si on fait abstraction des défauts précédemment cités. Le cinéaste prend des libertés insolites très pertinentes, comme par exemple le générique chanté par la protagoniste, l’apparition d’une marionnette cauchemardesque d’éléphant à la « Meet the Feebles », ou encore un passage en animation pendant un bref instant lorsque la protagoniste regarde à travers des jumelles. Il y a également cette atmosphère intemporelle très particulière instaurée par les différents costumes et accessoires appartenant à diverses modes américaines bien identifiables tout au long du film (le choker en plastique années 2000, les vêtements typiques des années 50..). En définitive, The Sweat East est une expérience de cinéma forte et dissonante sur son fond comme sa forme, donc à ne pas rater en salles de cinéma pour se faire un avis. Prime Vidéo

EN DEUX MOTS

Un film séduisant mêlant fable expérimentale et critique sociale, mais aussi et surtout, visuellement captivant et plein de surprises. On regrette cependant un personnage principal trop passif, laissant le spectateur avec le sentiment que le film n’exploite jamais pleinement son potentiel

3

Note : 3 sur 5.


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