CRITIQUE | SERIE

MONSTRES S2 : glamour et monstruosité

Critique | C’est l’automne, et c’est aussi le retour des feuilles mortes, des couteaux, meurtres à gogo et même de la série Monstres sur Netflix. Elle nous avait écoeurés avec sa première histoire du cannibale de Milwaukee, qu’en est-il véritablement de cet éclairage sur les frères Menendez ? Pour le meilleur et pour le pire ? Notre critique de Monstres saison 2.

SYNOPSIS


Ils semblent avoir tout pour être heureux : la dernière voiture à la mode, une maison somptueuse dans un quartier huppé de Beverly Hills, des places dans des universités prestigieuses, un père respecté par ses pairs, et des carrières toute tracée.

© Monstres : L’histoire de Lyle et Erik Menendez

Pourtant, en 1989, Lyle et Eric Menendez sont condamnés pour le meurtre de leurs parents, José et Kitty Menendez. Cette seconde saison de l’anthologie créée par Ryan Murphy et Ian Brennan jongle entre faits réels et interprétations personnelles. L’adaptation de cette affaire criminelle continue de nous interroger quant à l’incertitude des propos des témoins et accusés.

NOTRE CRITIQUE

On connaît le concept de la série anthologique Monstres : décortiquer les mécanismes psychiques et psychologiques des meurtriers célèbres pour mieux comprendre leurs agissements dans un contexte politique, social et culturel spécifique. Cette seconde saison bouscule les règles établies, en nous proposant de suivre l’histoire du parricide des frères Menendez. Alors que la saison 1 avec Dahmer s’intéressait à un tueur unique, en apparence étrange, et à un modus operandi bien défini, l’approche est inversée avec les frères Menendez. Ces protagonistes au nombre de deux, issus d’une famille aisée et dotés d’un charisme indéniable nous confrontent à la question : « Comment ont-ils pu en arriver là ? ». Même si Ryan Murphy et Ian Brennan offrent des éléments de réponse, il est essentiel de garder à l’esprit que ces données ne sont pas entièrement valides et exactes et sont traitées avec emphase, une signature stylistique des showrunners. Oui, ils adaptent cette affaire criminelle en 9 étapes façonnant le scénario à leur manière. Ce choix a suscité des réactions, tant de la part des frères Menendez que de leur avocate Leslie Abramson, entraînant la sortie d’un documentaire complémentaire sur Netflix le 7 octobre dernier. Il existe toujours une mince barrière entre la fascination et l’intérêt que nous éprouvons pour des histoires qui bousculent ou ont bousculé le monde. Émerveillement, magnétisme qu’est ce qui retient tant notre attention dans une histoire de meurtre ? Et les showrunners n’en sont-ils pas principalement coupables ?

© Monstres : L’histoire de Lyle et Erik Menendez

Dans cette seconde saison de Monstres, Ryan Murphy choisit une esthétique attrayante, très lumineuse qui contraste fortement avec le propos sombre de l’histoire. La caméra ne s’empêche pas de capturer en gros plan les abdos des deux personnages, mettant en scène leur sortie de douche et de baignade prolongées sans lien apparent avec le récit. Cette esthétisation met en lumière Lyle et Erik Menendez pourtant à l’origine du meurtre de leurs parents. Pourquoi les présenter comme des figures charismatiques, au point de créer une affiche avec Nicholas Chavez et Cooper Koch torse-nu dans un halo de néon bleuté ? Bien que l’objectif ne soit pas d’alléger la représentation de ces crimes, nous ressentons tout de même une possible distanciation avec l’affaire. En focalisant la caméra sur ces deux frères obsédés par leur apparence, la monstruosité de leurs actes semble atténuée. L’esthétique des neufs épisodes n’est pas le seul point à souligner, la relation entre les deux frères est si malaisante qu’elle nous amène à questionner la véritable intention des showrunners. D’un autre côté, l’atmosphère dépeinte est fidèle à la réalité : lumineuse dans un quartier riche de Beverly Hills, l’ensemble paraît soigné jusqu’à la moindre trace de poussière, presque même trop parfaite. Une ambiance transposable avec l’iconique photo de la famille Menendez, ou le cadre lumineux s’assombrit sur ses extrémités. Des extrémités accompagnées par Lyle et Erik, responsables de l’impensable.

© Monstres : L’histoire de Lyle et Erik Menendez

En revanche, le climat d’inquiétude, de terreur latente, et de tension narrative qui accompagnant les meurtres de Dahmer ne sont pas reportés dans cette nouvelle affaire de parricide. Si la saison des Menendez offre une exposition complète et captivante sur ses deux premiers épisodes, le quotidien de Lyle et Erik, après le passage à l’acte, c’est-à-dire des épisodes 3 à 9 manque de rythme. La narration, bien qu’oscillant entre passé et présent, perd de son dynamisme. Ryan Murphy propose une analyse approfondie de la psychologie des criminels, mais celle-ci s’écarte à de nombreux moments de la ligne de conduite. Bien qu’un parti-pris esthétique soit assumé à 100%, l’adaptation ne l’est pas pour autant, cultivant un doute persistant, qui se révèle être un point fort de cette saison. En effet, au lieu d’orienter le récit du côté de la justice ou de celui des accusés, la vision s’entrelace au sein des deux perspectives. Pour compenser ce manque de rythme, l’épisode 5 qui se déroule en un huis clos intense, révèle amplement Cooper Koch dans une performance poignante, aux côtés d’Ari Graynor. Reste à nous interroger sur la vérité, qui, après tant d’années, demeure insaisissable. Les frères Menendez ont-ils menti pour se protéger de leurs actes ou sont-ils sincères, mais maladroits ? Cette quête d’empathie, à travers le glamour orchestré par Murphy et Brennan, semble parfois trop exagérée. On en revient à se demander quelles sont les véritables limites de la glamourisation des meurtriers ?

À retrouver sur Netflix

EN DEUX MOTS

L’affaire Menendez est beaucoup moins impactante et dynamique que son prédécesseur Dahmer. À force de se poser la question de la vérité, on finit par ne plus s’interroger. Trop de glamour, et d’esthétique, mais pas suffisamment de contenus. On attend un meilleur mix avec Charlie Hunnam pour la saison 3.

3

Note : 3 sur 5.


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