CRITIQUE | FILM

UN PARFAIT INCONNU : le tempo n’est pas bon

Critique | Une semaine après la sortie du biopic Better Man sur Robbie Williams, il est déjà temps de retrouver ce genre de cinéma dans nos salles. Cette fois, c'est James Mangold qui s’attaque à l’artiste musical iconique du monde folk : Bob Dylan.

SYNOPSIS


New York, 1961. Alors que la scène musicale bouillonne et que la société traverse de profonds changements culturels, un jeune homme mystérieux de 19 ans arrive du Minnesota, armé de sa guitare et d’un talent exceptionnel qui marquera à jamais l’histoire de la musique américaine.

© Un Parfait Inconnu

Au fil de son ascension fulgurante, il tisse des liens étroits avec les figures emblématiques de Greenwich Village, jusqu’à une performance audacieuse et controversée qui bouleversera le monde entier.

NOTRE CRITIQUE

Le cinéaste James Mangold maîtrise bien le biopic. C’est même devenu assez habituel pour lui après Le Mans 66ou Walk The Line, le biopic consacré à Johnny Cash avec Joaquin Phoenix. Biopic, au passage, très respectable et que l’on vous conseille les yeux fermés. Cependant, entre ces deux sorties, de l’eau a coulé sous les viaducs.

Le genre s’est dernièrement fait poncer, et ce, avec assiduité depuis le succès facile de Bohemian Rhapsody. La question était donc de savoir dans quelle catégorie de Biopic allait se retrouver Un Parfait Inconnu. Surtout quand on sait que Bob Dylan a déjà eu le droit à un vrai-faux biopic très intelligemment construit sur sa vie par Todd Haynes (I’m not there, 2007). Face à cet héritage, comment le film, au style réaliste et terre-à-terre de James Mangold, pouvait-il se démarquer ? Un challenge impossible, qu’on constate jusqu’à la fin du générique. Car Un Parfait Inconnu manque cruellement de fulgurances et se contente simplement de filmer son personnage principal comme s’il ne s’agissait pas d’un biopic. Un parti-pris qui aurait pu être intéressant, à condition doté d’un peu plus de corps. Si la performance de Timothée Chalamet est saisissante, notamment par sa capacité à interpréter en intégralité certaines chansons du répertoire de Bob Dylan, l’ensemble manque cruellement d’âme et d’une véritable vision de cinéaste. James Mangold ne joue jamais pleinement les cartes qu’il a en main, livrant un film de studio convenable mais sans réelle empreinte personnelle. Pourtant, il a prouvé par le passé qu’il savait concilier patte artistique et production hollywoodienne, imposant une signature qui lui vaut d’être un réalisateur chouchou des studios. Un homme droit, qui écoute, mais sait poser ses limites. C’était déjà perceptible avec Wolverine, notamment Logan, qui avait su se démarquer.

© Un Parfait Inconnu

Mais depuis le rachat de la Fox par Disney, on sent que James Mangold peine à imposer sa vision au sein de la firme aux grandes oreilles. On reproche la même chose à Un Parfait Inconnu qu’au cinquième opus de la saga Indiana Jones. Comme si le cinéaste s’était pris les pieds dans le tapis de Disney et que cela compte le brider jusqu’à la fin de sa carrière. Sans être mauvais, son biopic se contente simplement de faire le café. Raconter une histoire en arrondissant les angles et esquivant toute plongée profonde dans l’esprit complexe et caractériel de Bob Dylan. Tout est beau, tout est gentillet, et même le moins beau se fait très lumineux. On aurait aimé que certains personnages aient une véritable consistance, à l’image de leur importance réelle dans la vie du chanteur. On parle bien sûr du personnage interprété par Edward Norton, véritable gâchis du film. Gravissime d’avoir un acteur aussi calibré que celui-ci et de ne jamais rien en faire, sans même lui donner une seule miette de pain à manger. Il en va de même pour cette pauvre Elle Fanning, totalement reléguée au second plan, alors que son personnage méritait beaucoup mieux. Surtout au regard de ce qui s’est réellement passé dans la vie du chanteur. Non, le film se contente de capturer le petit Timothée Chalamet en train de traverser les rues reconstituées de cette époque, pour le voir chanter avec sa guitare en studio d’enregistrement. Un schéma narratif redondant, qui lasse très facilement et qui est bien trop surexploité dans les biopics d’aujourd’hui. Et par pitié, il va falloir arrêter de nous balancer une chanson par minute comme si cela suffisait à légitimer le biopic.

Au final, on ne peut que conseiller de voir la version bien plus inspirée de Todd Haynes, reflétant les multiples facettes du chanteur de Folk. Ce biopic de James Mangold ne fait que de suivre la petite fiche Wikipedia, sans trop faire de vagues, pour ne pas froisser l’artiste ayant eu un droit de regard sur le long-métrage.

EN DEUX MOTS

Un Parfait Inconnu tombe dans les travers du film de biopic et ne propose jamais rien de neuf. On en vient à regretter la version infiniment plus réussie et osée de Todd Haynes. Timothée Chalamet arrive cependant à incarner l’artiste avec brio, dommage que le reste du casting n’ait pas autant à offrir.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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(1 commentaire)

  1. Raté pour cette fois donc. J’entends les reproches mais j’ai l’impression que nous n’avons pas vu le même film. « A complete unknown » est une franche réussite, et les seconds rôles y sont formidables.

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