CRITIQUE | FILM

MICKEY 17 : le compost de Bong Joon-ho

Critique | Après avoir tout raflé avec Parasite en 2019, le retour Bong Joon-Oh (le réalisateur coréen le plus américain) était forcément très attendu, surtout avec un casting pareil. Mais si Mickey 17 a peu de chances de surpasser son précédent film, a-t-il pour autant convaincu ?

SYNOPSIS



Endettés et en fuite après l’échec de leur entreprise, Mickey Barnes et son ami Timo embarquent à bord d’un vaisseau en partance pour la planète Nilfheim. Tandis que Timo devient pilote, Mickey accepte un poste de « Remplaçable » : un rôle sacrificiel où chaque mort signifie une réimpression à partir d’une technologie interdite sur Terre.

© Mickey 17

Mais à leur arrivée sur Nilfheim, la colonisation se heurte à une menace inattendue : les mystérieux « rampants ». Lorsqu’un incident bouleverse le fragile équilibre du vaisseau, Mickey 17 découvre qu’il n’est plus seul… et que son existence même pourrait remettre en cause le destin de la mission.

NOTRE CRITIQUE

Ça faisait longtemps qu’un grand réalisateur ne nous avait pas offert un tel grand écart avec ses derniers films. Alors que Parasite a fait l’unanimité auprès des cinéphiles comme du grand public, et marquant probablement la décennie des années 2010, Mickey 17, le nouveau projet du cinéaste coréen Bong Joon-ho, est certainement l’une des satires les plus insipides du cinéma récent. Il faut faire preuve de beaucoup d’indulgence pour ne pas descendre ce long-métrage qui, malgré un casting XXL d’acteurs en vogue, manque cruellement de substance. Make Bong Joon-ho Great Again s’il vous plait. Car le réalisateur s’aventure dans une satire impérialiste (trop) timide, qui ne fait que ressasser le déjà-vu et l’ordinaire de ces derniers temps. Si le cinéaste voulait nous dire que le fascisme est à nos portes, guess what : on est au courant vieux père. Mickey 17 rate le coche en étant surtout trop pudique, un critère à bannir quand on s’exerce à la satire. Comme s’il y avait de la retenue qui gravite autour de l’humour, des développements de l’intrigue, de l’utilisation des personnages.. Mickey 17 peine même à nous arracher des sourires, malgré la prestation quasi impeccable de Robert Pattinson dans un rôle de « neuneu » qui lui va bien –pari du double rôle difficile et risqué qui plus est. Mais quand on évoque la satire spatiale et la critique du fascisme, on pense forcément à Starship Troopers. Un film qui ne fait jamais de concessions et prend absolument tout à la dérision, portant son propos à fond et en faisant un véritable OVNI dans le cinéma, au sens propre comme figuré. Mickey 17 est sa version réimprimée bas de gamme.

© Mickey 17

Forcément, on est plus exigeant avec le papa de Memories of Murder et Parasite. C’est quelqu’un maintenant, il faut assumer son statut. Mais est-ce que Bong Joon-ho s’est Hollywoodisé ? Peut-être un peu oui. Difficile en tout cas d’échapper aux petites claques derrière la tête de la Warner, accompagnées de « simplifie ! », comme si tu n’étais qu’un ChatGPT du cinéma. Et ça se ressent pas mal dans Mickey 17. Une intrigue qui, malgré son relief politique intéressant, piétine et se perd dans une succession de parodies. À ce niveau, Mark Ruffalo est un véritable pantin désarticulé. Le contraste est presque insoutenable après The Apprentice. D’un côté, un film glaçant et ancré dans le réel, de l’autre, une caricature exagérée de Donald Trump digne d’un banal Late Night Show. Mickey 17 est finalement un compost cinématographique de Bong Joon-ho. Il y recycle ses thèmes fétiches, espérant en tirer quelque chose de fertile. Sauf que le compost n’a pas atteint sa maturité. Quelques bonnes idées sont pourtant effleurées, elles ont le mérite d’exister quelques minutes à l’écran. Comme ce sarcasme autour du « fertilitarisme », une petite pique directement adressée au nouveau propriétaire de X. Ou encore cette réflexion sur l’ »homme remplaçable », symbole aussi de la précarisation des emplois à l’ère où l’IA peut tout faire à notre place selon certains. Mais tout cela est aussi éphémère qu’un Mickey anesthésié par une piqûre dans les fesses. L’actrice Anamaria Vartolomei en est un autre exemple : introduite comme un personnage-clé, elle est ensuite effacée du montage –ne demandez pas pourquoi.

Plein de non-sens, de manque de cohérence qui fait de Mickey 17 un pétard mouillé indigne d’un cinéaste de ce calibre. Même visuellement, le film est le moins inspiré de Bong Joon-ho. Les décors sont tellement radins, on se demande s’ils n’ont pas doublé le cachet de Robert Pattinson sous prétexte qu’il joue deux personnages. Finalement, une énorme déception qui ne survit que par quelques fulgurances et un casting enthousiasmant sur le papier. Mais bon, passons à autre chose..

EN DEUX MOTS

Bong Joon-ho réimprime la satire impérialiste avec des défauts de fabrication et beaucoup de déjà-vu pour une critique à la fois actuelle et désuète… Avec sa direction artistique décevante et ses séquences humoristiques bridées pour de la satire, Mickey 17 est déjà la déception de l’année… et on est qu’en mars.

2,5

Note : 2.5 sur 5.


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(2 commentaires)

  1. « une version réimprimée bas de gamme » de Starship Troopers, je crois que tout est là en effet. On sent bien chez Bong des velléités d’être le Verhoeven/Neumeier des temps nouveaux mais il est tellement englué dans son projet, sans doute aux prises avec des studios qui ne lui ont pas facilité le travail. Je préfère reprendre un ticket sur le « Snowpiercer ».

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