SYNOPSIS
Karsh, riche homme d’affaires quinquagénaire à la tête d’une entreprise tech, a perdu sa femme. Incapable de faire son deuil, il tente de combler l’absence en inventant un dispositif révolutionnaire : un linceul connecté, sorte de cercueil high-tech, permettant aux vivants d’observer leurs défunts à distance — jusqu’à leur lente décomposition.

Mais une nuit, la tombe de sa femme est vandalisée. Bouleversé, Karsh se lance alors dans une quête obsessionnelle pour retrouver le ou les responsables.

NOTRE CRITIQUE
1h58 de retenue, de contrôle… et de lutte acharnée contre le sommeil. Les Linceuls, c’est un peu cette coquille vide dans laquelle on pourrait presque s’allonger pour faire la meilleure sieste de sa vie.
On a même fini par se demander si ce n’était pas plus efficace que de l’ASMR. Et pourtant, derrière ce projet, il y a David Cronenberg, un cinéaste passionné, visiblement personnellement investi, puisque le film résonne avec sa propre histoire : la perte de sa femme. Mais comment réussir à perdre ses spectateurs quand le sujet, lui, est si intime ? Le récit se veut énigmatique, mais s’enferme dans un bavardage constant. Il donne la sensation de faire du surplace, d’effleurer le thème du deuil sans jamais l’embrasser pleinement. Un film sur la mort… qui manque cruellement de vie. Alors on s’accroche, on essaie de décrypter une narration que l’on croit complexe, mais qui, séquence après séquence, semble se déliter sous nos yeux. David Cronenberg déroule ses propres schémas, sa vision du deuil, sans nous en livrer les clés. Pas de manuel, pas de règles : à nous de faire le tri dans ce langage codé. Très vite, on se sent un peu comme la linguiste Louise Banks dans Premier Contact, face aux mystérieux cercles d’encre des extraterrestres. Mais ici, pas de révélation lumineuse à l’horizon : juste la confusion. Et l’impression d’être perdus dans un récit qui tourne en rond.

Il ne serait pas exagéré de dire que les personnages – comme leurs interprètes – semblent aussi dépassés que les spectateurs. Ils avancent à tâtons, guidés par une ligne tracée par David Cronenberg, opaque, dense, faite de couches successives que l’on peine à décoder. Le problème, c’est que si l’on n’est pas déjà dans la tête du cinéaste — autrement dit, si l’on n’est pas « pro-Cronenberg » — on passe complètement à côté du cœur du projet : le deuil d’un artiste, rattrapé à la fois par la perte intime de sa compagne, mais aussi, peut-être, par le vieillissement de son propre cinéma. Le récit, bien que profondément intimiste, cherche à creuser l’acceptation de la perte. Mais entre trop-plein d’informations et manque d’ancrage émotionnel, on se perd. Est-ce l’excès ou le vide qui nous égare ? Impossible à dire — c’est peut-être ça, la véritable énigme du film. Ce qui est certain, c’est que la proposition est unique dans la filmographie du cinéaste. Incalquable, oui, mais aussi frustrante. Le film regorge de pistes laissées en suspens, comme une angoisse qui ne trouve jamais d’apaisement. Même les figures de doubles sont mal exploitées, et l’intrigue policière vient alourdir un ensemble déjà difficile à saisir. En articulant le deuil à l’intelligence artificielle, le réalisateur semble vouloir innover, mais finit par s’embrouiller lui-même. Résultat : un projet fourre-tout, profondément personnel, mais sans ligne claire, qui tourne en rond dans une boucle de quasi-rien.
Alors oui, à la fin, nous aussi, on prend un linceul… et on s’endort.
EN DEUX MOTS
Long-métrage qui se prétend fantastique, mais qui navigue autour du prétexte du deuil sans jamais vraiment traiter quoi que ce soit. On attend continuellement sans jamais rien obtenir… puis on s’endort et c’est ni Cassel ni Kruger qui sauve le projet.
1,5
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Il faut bien reconnaître qu’on a connu Cronenberg autrement plus passionnant.
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